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Par Renaud SOYER le 14 Septembre 2014 à 15:28
COSA NOSTRA
(THE VALACHI PAPERS)
3 NOVEMBRE 1972 (USA)
2 DECEMBRE 1972
- Titre : Cosa Nostra
- Réalisateur : Terence Young
- Scénario : Stephen Geller d'après le roman de Peter Maas
- Dialogues : Massimo De Rita, Arduino Maiuri
- Musique : Riz Ortolani, Armando Trovajoli
- Images : Aldo Tonti
- Producteur : Dino De Laurentiis
- Durée : 125 minutes
- Genre : Film de gangsters
- Pays : Italie; France
- Langues : anglais, italien
- Interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles en France
- Charles Bronson (VF : Edmond Bernard) : Joe Valachi
- Lino Ventura (VF : Lui-même) : Vito Genovese
- Jill Ireland (VF : Béatrice Delfe) : Maria Reina Valachi
- Walter Chiari (VF : Jacques Richard) : Gap
- Joseph Wiseman : Salvatore Maranzano
- Gerald S. O'Loughlin (VF : Albert Augier) : Ryan
Le sexagénaire Joe Valachi est incarcéré en 1962 après s’être fait piéger par un agent du FBI, Ryan. Celui-ci le convainc qu’il n’a guère d’autre choix que de faire tomber le «capo» Vito Genovese, qui a mis sa tête à prix. Joe Valachi raconte ce que fut sa vie de gangster…Emprisonné en 1929 à Sing Sing, Valachi y rencontre Tony Bender qui, à leur sortie, l’introduit auprès de Salvatore Maranzano. Engagé comme chauffeur, il participe à la guerre entre les clans Masseria et Maranzano. Après l’assassinat de Reina, lieutenant de ce dernier, Genovese et Lucky Luciano veulent arrêter ce conflit, mauvais pour les «affaires». Masseria puis Maranzano sont supprimés. Genovese prend Valachi sous sa protection et l’aide à convaincre la veuve Reina d’accepter Joe comme gendre. Le mariage avec Maria Reina a lieu en septembre 1932. Après l’arrestation de Luciano en 1936, Genovese part séjourner en Italie. Il y restera, en fait, jusqu’en 1946. Avant son retour, il ordonne à Albert Anastasia de faire surveiller sa maîtresse Donna Petrilla, aux mœurs dissolues. C’est Gap Petrilli qui est désigné comme garde du corps et qui a le tort d’outrepasser cette fonction. Car une fois revenu, Genovese le fait émasculer, et c’est Valachi qui doit l’achever. Contrairement à Luciano, qui n’avait jamais voulu toucher à la drogue, Genovese voit là un marché florissant à exploiter très vite. Ainsi va-t-il provoquer sa propre perte. Au début des années soixante, le FBI, faisant pression sur Valachi, saisit pour 500000 dollars de drogue chez Genovese qui, condamné, offre une forte somme pour la mort de Valachi. Celui-ci est arrêté à son tour. Le 9 septembre 1963, il témoigne devant une commission sénatoriale. Pure mascarade politicienne. Après avoir voulu attenter à ses jours, Valachi mourra en prison sept ans plus tard, Genovese l’ayant précédé six mois auparavant.
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Dino DE LAURENTIS a toujours été opportuniste. Il sait s'inspirer des succès et mettre en chantier des films qui surfent sur ces courants, quel que soit le genre. Or, en producteur avisé il se doutait que le tournage du "Parrain" produit par la Paramount et tiré d'un roman de Mario PUZO pouvait être un succès au Box Office d'autant plus que la Paramount en attendait énormément. En fait le "Parrain" fit bien plus que cela en explosant littéralement le box office américain à sa sortie en demeurant 26 semaines en tête du box office et laminant la concurrence. Le film obtient un succès massif dans tous les pays où il sort et devient un des plus grands succès de l'histoire.
L'objectif de DE LAURENTIS est de sortir le film juste après l'exploitation du "Parrain" et de profiter de l'engouement du public pour les films dit de "Maffia". Pour se faire il se base sur une histoire vraie, "The Valachi papers" et va reformer le duo Terence YOUNG (le réalisateur des meilleurs James BOND) et Charles BRONSON. Si leur dernier film "De la part des copains" n'a marché qu'en France, "Soleil rouge" a été un beau succès au box office en 1971. Charles BRONSON va raser sa moustache pour jouer un Italien (!) Joe VALACHI et le reste du casting sera complètement italien (mis à part Jill IRELAND). Afin de jouer un Parrain crédible, DE LAURENTIS embauche Lino VENTURA acteur italien. D'autre part, connaissant la popularité de BRONSON en France, le producteur se doute que la présence de Lino VENTURA au générique est un gage supplémentaire de large succès dans notre pays. Le "Parrain" décrit la vie d'une riche famille centrée autour du père, un des plus grands parrains des Etats-Unis, "Cosa Nostra" décrit la vie d'un homme qui va gravir les échelons de la mafia et qui va observer cette organisation de l'intérieur. Nous avons donc une vision intérieure, d'une part, et de l'autre, une vision extérieure, et c'est toute la différence.
Charles BRONSON selon les souvenirs de sa femme, Jill IRELAND, s'était fortement impliqué dans le rôle de Joe Valachi. L'acteur ne sortait pas du rôle lorsqu'il était chez lui. Cela se ressent à l'écran où BRONSON va démontrer plusieurs facettes de son talent. Nous le découvrons dans un pénitencier où il sombre peu à peu dans la paranoïa, mais il faut dire qu'il y a de quoi, sa tête a été mise à prix par Vito Genovese lui même enfermé, mais très "luxueusement", dans l'enceinte même du pénitencier. Il doit se sauver la peau après une tentative de meurtre dans les douches de la prison et au comble de l'angoisse agresse et blesse gravement un détenu qui n'avait rien à voir avec le contrat mis sur sa tête. C'est ce que lui dit le F.B.I. Epuisé, Joe se souvient de toute son histoire. N'ayant pas grand chose dans la vie, il intègre la Maffia par la petite porte. D'abord comme chauffeur, il assiste à la guerre des clans souvent sanglante et meurtrière. C'est un gars discret et travailleur. Le genre qui ne pipe mot et qui inspire la confiance. Petit à petit un "crémage" naturel a lieu qui clarifie la redistribution des cartes. Vito Genovese est un de ceux qui vont profiter de cette ascension avec Lucky Luciano. Joe va devenir un des lieutenants de Genovese, Lucky Luciano étant beaucoup plus glacial avec lui. C'est Lino VENTURA qui joue Genovese, un rôle beaucoup moins sympathique qu'à son habitude. N'ayant pas vu la composition de Marlon BRANDO et pour cause, les comparaisons sont difficiles à établir, mais Lino effectue une composition différente de ces habitudes. Petits gestes, tête enfoncée dans son cou ce qui fait ressurgir un double menton, Lino tente de rendre crédible son rôle de Parrain. Il devient plus taciturne lorsqu'il joue le Parrain emprisonné, dans sa robe de chambre violette... Genovese arrange le mariage entre Valachi et la veuve Reina jouée par Jill IRELAND. Il parle pour lui à la mère de Maria pendant que Joe mange derrière une assiette de victuailles à grands bruits de mastication ce qui fait rire Reina. Le mariage a lieu en grandes pompes bien que le budget du film limite quelque peu le faste de la cérémonie si l'on compare encore le film avec le "Parrain". Reina et Joe forment un couple solide et amoureux contre toute attente. Pourtant dehors, la guerre fait encore rage entre les gangs surtout depuis que Genovese a investit dans le marché lucratif de la drogue. Les scènes de violence habituelles sont bien présentes dans le film. Règlements de compte dans des boutiques, corps criblés de balles, de quoi satisfaire le spectateur. Petit à petit Joe craque, sa belle assurance se fissure. Le doute s'installe en lui. Lors d'une scène spectaculaire, Gap, un ami de Joe est émasculé. Se vidant de son sang, il supplie Joe de l'achever. Celui-ci l'exécute en pleurant. Le FBI qui fait une forte pression sur lui, l'emprisonne lui et Genovese. Les deux se rencontrent en prison et Genovese tente de voir su Joe va craquer ou non. Dans sa cellule, Genovese sur sa télévision, découvre Joe en train de se coucher en pleine commission sénatoriale diffusée en direct. Cela ne l'empêche pas de finir son repas tranquillement et de mettre la tête de Joe mise à prix à 100 000 dollars. Joe tente de mettre fin à ses jours et se pend dans sa cellule au sortir de la commission, mais il est sauvé par un agent du FBI. Vieux, fatigué, il finira ses jours en prison et mourra de mort naturelle, tout comme Genovese. De retour en bonne forme, Terence YOUNG doit utiliser toutes ses ficelles pour livrer un film correct avec un budget limité. De fait, le film ressemble plus à un épisode amélioré des "Incorruptibles" ou au "Capone" de Roger Corman qu'à une superproduction hollywoodienne. C'est un épisode intéressant de la grande histoire de la Maffia dominé par la composition des acteurs. Les moments intimistes alternent avec les passages violents obligatoires dans ce type de productions. Si le film n'est pas vraiment comparable avec le "Parrain", en revanche il a été allègrement pompé par Martin SCORSESE dans son film "Les affranchis". Ce qui démontre tout son intérêt. Aux USA le film va bénéficier d'une campagne de promotion importante qui va jouer sur le coté réaliste du film tiré d'une histoire vraie contrairement au "Parrain". Les affiches montrent clairement le coté violent du film. Alors que les dernières productions avec Charles BRONSON n'ont pas rencontré de succès massif aux USA, "The Valachi papers" profite de l'effet de mode lié au "Parrain" et entre dans le top 10 US durant plusieurs semaines et va devenir un des rares numéro un du box office US pour Charles BRONSON, et à fortiori pour Lino VENTURA. Il devient un succès international et prend la tête du box office dans la majorité des marchés européens, y compris en Angleterre. En France, le film sort au mois de décembre afin de profiter des fêtes de fin d'année et prend facilement la tête du box office, ce qui n'est pas une surprise tant les deux acteurs ont la côte en France. Au final près de 2 millions de spectateurs ont été voir le film, ce qui en fait un très beau succès. Charles BRONSON est donc remis en selle au niveau international avec une des plus grosses recettes de sa carrière. Dino DE LAURENTIS va lui faire signer un contrat de plusieurs films pour des résultats plus ou moins mitigés.CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
17
1 912 774
ENTREES PARIS
372 942
ENTREES BANLIEUE
176 963
ENTREES PARIS BANLIEUE
549 905
1ère semaine
1
107 718
18
2ème semaine
4
61 697
3ème semaine
6
56 718
4ème semaine
7
58 557
5ème semaine
7
29 354
6ème semaine
11
20 517
7ème semaine
14
16 239
8ème semaine
15
13 837
Nombre de semaines Paris
11
Moyenne salles Paris 1ère sem
5 984
Rentals US 1972
5 M$
Nombre de semaines top 10 US
13
Meilleur classement top 10 US
1
2 sem n°1
Recettes Mondiales
Box office annuel USA
11
17,6 M$
Box office UK semaine sortie
1
2 sem n°1
Cote du succès
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