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Par Renaud SOYER le 14 Septembre 2014 à 15:18
UN JUSTICER DANS LA VILLE
(DEATH WISH )
24 JUILLET 1974 (USA)
30 OCTOBRE 1974
(interdit aux moins de 18 ans)
Réalisation
Michael WINNER
Scénario
Wendell MAYES
Directeur de la photographie
Arthur J ORNITZ
Musique
Herbie HANCOCK
Production
Hal LANDERS
Bobby ROBERTS
Michael WINNER
Dino DE LAURENTIISDistribution
Warner-Columbia
Durée
94 minutes
Tournage
Paul Kersey
Charles BRONSON
L'inspecteur Frank Ochoa
Vincent GARDENIA
Joanna Kersey
Hope LANGE
Joanna Kersey et sa fille Carol sont agressées et violées chez elles par trois voyous. Prévenu par son gendre Jack Toby, Paul Kersey apprend en arrivant à l'hôpital que son épouse vient de succomber. Carol, elle, traumatisée, sombre dans une prostration nécessitant son internement Travaillant pour une entreprise de construction de résidences, Kersey est envoyé à Tucson pour élaborer un projet avec Aimes Jainchill. Celui-ci le prend en amitié et grand amateur d'armes à feu, lui en offre une lorsqu'il rentre à New York Dès lors, l'ancien objecteur de conscience, affecté dans une unité médicale lors de la guerre de Corée, ne connaît plus que l'usage de la violence pour répondre à la violence. Marchant seul dans un parc la nuit, il tue un toxicomane en manque qui en voulait à son argent. Puis une bande de voyous dans une rue sombre, puis deux agresseurs dans le métro, puis deux autres encore. Bientôt celui que la presse qualifie de "justicier de New York" fait des émules. Les "braves gens", galvanisés, apprennent à se défendre. Kersey est identifié par le perspicace policier Frank Ochoa, mais l'annonce de son arrestation ne manquerait pas de redoubler le taux de criminalité qui grâce à lui avait fortement baissé. On ne peut pas non plus le laisser continuer. Décision est donc prise, en haut lieu, de lui accorder l'impunité à condition qu'il quitte la ville. Après s'être remis des blessures infligées par d'autres voyous, il se fait effectivement muter à l'agence de Chicago de sa société. Mais là aussi la délinquance sévit.
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Depuis le succès massif de "Cosa Nostra" en 1972 la carrière de Charles BRONSON ronronne tranquillement. Ses films fonctionnent bien en Europe, c’est une des stars les plus rémunérées. Mais cela fait quelques films qu’ un BRONSON n’est plus un évènement surtout aux USA. D’ailleurs Dino DE LAURENTIIS producteur quelque peu mégalo (son nom est aussi grand que l’écran lors du générique) songe à ne pas renouveler le contrat qui les lie depuis quelques films. Alors qu’il se repose comme tous les mois de décembre chez lui en 1972, Michael WINNER son ami réalisateur lui parle d’un roman de Brian GARFIELD qui relate l’histoire d’un petit comptable New-Yorkais dont la famille a été massacrée par une bande de « muggers » et qui se venge en exterminant un à un les auteurs du massacre. L’agent de BRONSON lui déconseille vivement de faire le film, mais Michael WINNER est très convaincant. Le réalisateur et Charles BRONSON se connaissent bien et leur association a donné naissance à deux magnifiques perles : "Les collines de la terreur" et "Le flingueur". BRONSON se laisse convaincre.
Les deux hommes décident de donner une autre identité au « héros » : Paul KERSEY est un architecte aisé, distingué, qui travaille dans un cabinet qui a pignon sur rue. Ses collègues plaisantent avec lui au sujet de ses préférences politiques plutôt démocrates, de gauche quoi…ce qui rendra la transformation psychologique du personnage encore plus frappante.
L’association BRONSON / WINNER va fonctionner à merveille, avec certainement le meilleur film du duo. A l’image d’un Don SIEGEL, le réalisateur va privilégier le dépouillement, l’efficacité, certains plans d’agression dans ce décors urbain influenceront beaucoup de réalisateurs, dont Paul VERHOEVEN dont certains plans de « Robocop » (le sauvetage d’une jeune femme agressée)en sont directement issus. Alors que « l’inspecteur Harry » était un policier, Paul KERSEY est un homme comme tout le monde qui bascule dans la folie. Ce qui est à l’origine qu’un pompage d’un western classique donnera lieu à un nouveau genre : le film de « vigilante ».
Le film débute sur un paysage idyllique : le couple Paul et Joanna KERSEY se trouve sur une plage paradisiaque à Tahiti. Nul doute que les deux sont encore très unis et amoureux. Le couple est de retour à New York où ils habitent un bel appartement dans un quartier cependant peu luxueux de la ville. Paul retourne travailler à son cabinet tandis que sa femme et sa fille Carol vont faire des courses. Dans le magasin d’alimentation trois jeunes voyous (dont le jeune Jeff GOLDBLUM) qui sèment le désordre. Ils récupèrent l'adresse des deux femmes dans le carton de livraison à domicile et les suivent. Ce faisant passer pour le livreur ils s’introduisent dans l’appartement. Ne récoltant pas d’argent, ils tabassent Joanna et agressent sexuellement Carol, lui peignant les fesses à la peinture rouge avant de commencer à la violer. Prenant peur, ils s’enfuient non sans achever Joanna d’un terrible coup de pied à la tête.
En 10 minutes, tout est dit, dans une scène d’une âpre violence, sans concession. Tel le malheur qui frappe n’importe qui d’entre nous, sans avertir, en plein bonheur.
Après un tel début, le film ralentit. Il faut du temps à Paul de se remettre, de comprendre ce qu’il s’est passé. Sa vie a basculée d’un coup, mais le résultat n’est pas encore visible en surface. Celui-ci doit s’occuper de sa fille, détruite mentalement avec l’aide de son gendre. En citoyen honnête et respectueux, il se rend à la police, mais celle-ci lui fait comprendre que faute de temps, d’effectif, il va être dur de retrouver les agresseurs, et puis la criminalité augmente tellement à New York. Paul est ébranlé, non seulement son bonheur est détruit, ce qu’il trouve injuste, mais les coupables ne seront pas retrouvés, alors qu’il avait confiance dans les institutions. Insidieusement le mal, tel un cancer, commence à faire son œuvre et son comportement se modifie. Il se constitue une arme primitive avec un bas contenant des rouleaux de pièces de monnaie. Le déclencheur de la réaction en chaîne est un SDF qui l’agresse une nuit, Paul le frappe avec son arme improvisée et l’agresseur s’enfuit. Il rentre chez lui en tremblant, mais troublé. Pour son travail il se rend à Tucson. Là le spectacle d’une attraction poursuit l’entreprise de germination du mal. Une reconstitution d’une bagarre entre cow boys qui se termine à coup de feu lui fait prendre conscience du futur rôle qu’il désire endosser. Parallèlement à son activité, il apprend à se servir, plutôt bien, d’un calibre 32, pistolet efficace, mais discret. Il rentre à New York transformé de l’intérieur. Docteur Jekyll le jour, Mister Hyde la nuit. Car il les cherche les embrouilles, il commence à traîner la nuit, et bien sûr les trouve en pagaille. Le premier agresseur le menace pour le voler, mais ne le touche pas. Paul dissimule son arme. Un gros plan sur le visage de BRONSON montre le tourment intérieur qu’il vit, et en une fraction de seconde, passe à l’acte et franchit une ligne et ne pourra plus revenir en arrière. Il tire une balle dans le ventre de l’agresseur qui mourra peu après. Il rentre chez lui, vomit.
Et pourtant il poursuit son œuvre. La seconde fois, il rencontre trois afro américains et dès lors qu’il est certain qu’ils vont l’agresser, il les abat sans sommation et tire même dans le dos d’un des trois qui s’enfuit. Evidemment la police par l’intermédiaire de Franck OCHOA prend l’affaire en main.
Le troisième meurtre est un des clous du film : c’est une scène sans paroles où seuls les yeux des acteurs transposent leurs pensées, leurs sentiments qui se déroule dans le métro. Seul le bruit du métro ponctue la scène. Deux loubards inquiètent les passagers dont Paul fait partie bien sûr. Les passagers sortent à la station suivante sauf Paul bien sûr qui joue son rôle d’appât. Cette fois-ci c’est un homme sûr de lui qui abat froidement les deux loubards sans aucune pitié. Il s’enfuit et manque de se faire prendre par la police. Les médias s’emparent du phénomène « vigilante » et l’inspecteur commence à cerner le profil de celui-ci, ce qui ne semble pas inquiéter celui-ci qui se sent d’humeur de plus en plus badine depuis que son coté sombre l’envahit. Il repeint son appartement de couleurs vives, et reçoit son gendre la hi-fi à fond, celui constate les changements de Paul. Tel un homme sous l’emprise de la drogue, Paul poursuit sa quête en prenant de plus en plus de risques et fatalement se fait blesser lors de l’exécution de deux voyous dans une station désaffectée. Ochoa comprend que le « vigilante » est du pain béni pour les politiques de la ville, la criminalité baisse, les voyous ont peur…le vigilante devient populaire. Il a cependant deviné son identité et n’a aucune peine à le confondre à l’hôpital où l’a conduit sa blessure, non sans que celui-ci n’ai accompli encore une ultime exécution. Pour ne pas risquer un mouvement de la population, Paul est contraint de déménager de façon permanente à Chicago. Il semble guéri, mais dans l’aéroport des loubards mettent le désordre et le nargue. Très souriant, celui-ci mime le geste de les tuer avec un révolver ….
En à peine 90 minutes, Michael WINNER offre un film fort, abrupt, sans concessions. Il utilise à merveille le décors urbain de cette ville fascinante, ses immeubles glauques, son métro dangereux, désert. Le montage est parfait, rapide, sans fioritures.
Charles BRONSON campe un Paul KERSEY tour à tour honnête, fragile, brisé, vengeur et quelque fois un peu déséquilibré. Une preuve que Charles est un grand acteur. Sa présence extraordinaire à l'écran, sa science de l'utilisation de l'espace sont exemplaires.
Au USA, le film sort dans la continuité de "Mister Majestyk" qui est un succès modeste. Il intègre rapidement le top 10 avant de monter en puissance. Le film atteint même la première place du box office, une première depuis "Cosa Nostra" et se place même devant "Tremblement de terre". Il sera délogé de la première place par le "Parrain 2". Ce succès éclatant va permettre à BRONSON de pouvoir financer ses prochains films tranquillement.
En Europe le succès est important et triomphe en Allemagne. Malgré une interdiction aux mineurs le film se classe dans tous les top 20. En France, sans retrouver les scores du « passager de la pluie » le film dépasse les 1.5 millions d’entrées malgré son interdiction aux mineurs. A Paris malgré une vive concurrence ("Robin des bois", "La moutarde me monte au nez" "la gifle" et une réputation de film fascisant, le film fait montre d’une belle résistance et finit proche des 500 000 entrées.
Michael WINNER a démontré avec ce film une extraordinaire efficacité car il présente à la fois une histoire ponctuelle et une grande réflexion sur l'auto défense aux USA, un sujet encore d'actualité aujourd'hui dans le pays où être armé est tout simplement un droit.
L'association WINNER / BRONSON est interrompue durant de nombreuses années qui verront la côte des deux décliner aux USA. Pour des raisons financière le duo va donner une inévitable suite au film en 1982 sous l'égide des producteurs GOLAN / GLOBUS.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 561 266
ENTREES PARIS BANLIEUE
460 000
1ère semaine
6
78 821
20
2ème semaine
4
69 751
3ème semaine
4
51 103
4ème semaine
6
35 544
5ème semaine
8
35 738
6ème semaine
8
24 901
Nombre de semaines Paris
9
Moyenne salles Paris 1ère sem
3 941
1er jour Paris
Budget
3M$
Rentals US 1974
9 M$
Nombre de semaines top 10 US
12
Meilleur classement top 10 US
1
2 sem
Recettes Mondiales
Box office annuel USA
13
20 M$
Box office annuel Allemagne
7
3 600 000
Box office annuel Espagne
843 943
Box office annuel Italie
23
Box office annuel Hongrie
650 605
Box office annuel UK
15
Cote du succès
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UN JUSTICIER DANS LA VILLE TRAILER EN VO
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