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    A DOUBLE TOUR

     

    4 DECEMBRE 1959

     

     

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    Réalisation

    Claude CHABROL

    Assistant

    Philippe DE BROCA

    Scénario

    Claude CHABROL
    Paul GEGAUFF

    Photographie

    Henri DECAE

    Musique

    Paul MISRAKI

    Production

    Raymond HAKIM
    Robert HAKIM

    Distribution

    C.C.F.C

    Tournage

    21/05/59 - 10/07/59

    Durée

    100 minutes

    Lazlo KOVACS

    Jean-Paul BELMONDO

    Julie

    Bernadette LAFONT

    Leda

    Antonella LUALDI

    Thérèse MARCOUX

    Madeleine ROBINSON

    Henri MARCOUX

    Jacques DACQMINE

    Richard André JOCELYN
    Roger Mario DAVID

     

     

     

     

     

     

    Thérèse Marcoux a épousé Henri voici une vingtaine d'années et elle s'aperçoit que celui-ci lui est infidèle. Elle continuerait à fermer les yeux si sa fille Elisabeth ne s'éprenait pas d'un mauvais sujet, Laszlo Kovacs, instable et apatride, qu'Henri a accepté dans leur propriété provençale et si Laszlo ne poussait pas ce denier dans les bras d'une jeune et jolie voisine, Léda, en vantant sans arrêt l'affranchissement de toutes les conventions. Les Marcoux, outre Elisabeth, ont un fils, Richard, un inverti, passionnément attaché à sa mère et qui se croit artiste et musicien. Un dimanche matin, demandant à son mari d'intervenir dans la liaison de sa fille avec Lazslo, Thérèse provoque une scène effroyable au cours de laquelle Henri lui déclare qu'il en a assez d'elle, vieillie et enlaidie, et qu'il va vivre avec Léda. Il part en effet, s'affiche avec sa maîtresse à la sortie de la grand-messe à Aix, mais rentre déjeuner chez lui. Au début du repas, Julie, la petite bonne, arrive affolée en criant que Léda a été assassinée. Tous se perdent en conjectures et on va laisser accuser le fiancé de Julie, ce qui d'ailleurs serait commode pour les Marcoux. Mais Laszlo, qui a des soupçons et un commencement de preuve, force Richard à avouer qu'il a étranglé Léda par déséquilibre mental, autant pour venger sa mère que pour supprimer la beauté et le charme qu'il n'osait posséder.

     

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    A l'époque, obtenir un rôle nécessitait d'avoir de solides relations surtout lorsqu' on est  un jeune acteur. Toujours fourré à droite et à gauche, Jean-Paul BELMONDO n'est pas le plus assidu des courtisans. Ainsi, par hasard, il rencontre dans la rue  Jean-Luc GODARD qui est toujours à la recherche d'un financement pour son premier film. Ce dernier l'informe que Claude CHABROL le cherche pour lui proposer un bon rôle dans son prochain film. En effet, Jean-Claude BRIALY son acteur fétiche est souffrant et l réalisateur ne parvient pas à joindre BELMONDO qui est un des espoirs du cinéma français. BELMONDO se rend dans les bureaux des frères HAKIM qui produisent le film. Très malins, ceux-ci informent l'acteur que CHABROL a d'autres acteurs en vue, mais qu'il peuvent interférer en sa faveur. Evidemment, le cachet sera assez faible, mais bon... En échange BELMONDO doit rejoindre le tournage dès le lundi suivant.

    A son arrivée, BELMONDO discute avec CHABROL et celui-ci lui révèle qu'il était bien l'acteur en tête de liste. BELMONDO s'est fait un peu pigeonner par les frères HAKIM et les deux en rigolent bien. Les deux frères rigoleront moins quand ils devront se payer BELMONDO pour "Week end à Zuydcoote" alors qu'il est devenu une star du cinéma....

    Avec CHABROL l'ambiance est idyllique et BELMONDO se sent comme chez lui. Il va découvrir ses compagnons de tournage, c'est une belle équipe. Il y a bien sûr la sculpturale Bernadette LAFONT qui ne cache pas grand chose de son anatomie dans la scène d'ouverture. Espiègle, gouailleuse, elle possède un corps à faire damner un sacristain. c'est un plaisir de découvrir son talent si particulier qui tranche avec les jeunes actrices de l'époque.

    C'est aussi un plaisir de redécouvrir Madeleine ROBINSON dans un rôle atypique. Femme à la beauté classique mais réelle, elle est totalement martyrisée par son mari volage. Elle alterne les moments de haine et de peine avec une rare qualité. 

    Il y a bien sûr la star du film, l'italienne Antonella LUALDI qui joue la voisine fatale et l'expérimenté Jacques DACQMINE qui tiennent l'affiche de ce film. Le casting est donc un mélange d'acteurs de qualités à la forte expérience mais aussi de "jeunes pousses" dont le musculeux Mario DAVID figure populaire depuis le succès du triporteur et aussi André JOCELYN qui campe un personnage plutôt dérangé.

    Jean-Paul BELMONDO truffe le tournage de ses bonnes blagues de potache. La plus fameuse est de faire croire au mari jaloux de l'actrice Antonella LUALDI que sa femme va tourner une scène torride avec Jacques DACQMINE qui est amoureux d'elle. Evidemment le mari va s'incruster durant le tournage de la scène devant un BELMONDO hilare qui fait les 400 coups avec son pote Mario DAVID.

    Claude CHABROL est estampillé "nouvelle vague" depuis ses deux premiers films, mais il s'en moque totalement. D'ailleurs " A double tour" est un polar où le réalisateur expérimente des effets cinématographiques. Sans doute très influencé par le cinéma américain ou par Hitchcock, dont le générique bariolé et animé semble être un hommage direct au réalisateur anglais. il s'offre des plans très recherchés pour créer des effets visuels spectaculaires. Bernadette LAFONT est observée en train de s'effeuiller à travers le trou d'une serrure, la stupéfaction ou la peur des personnages est soulignée par un éclairage vert ou blanc, selon. Autre hommage au cinéma américain, CHABROL va tisser sa toile autour de deux flashes- back. Le réalisateur se fait plaisir, expérimente et bien sûr fait la part belle aux acteurs qui évoluent autour d'une intrigue convenue. CHABROL observe cette famille bourgeoise bien perturbée par l' étrange arrivée de Laszlo Kovacs incarné par un Jean-Paul BELMONDO qui trouve enfin un beau rôle, son premier. Il joue un trouble fête malotru, qui se tient mal, mange salement en public et est assez insolent. BELMONDO impose sa célèbre décontraction et un ton nouveau dans le cinéma de l'époque, de plus c'est une présence physique et charismatique indéniable.

    Les personnages de la famille ne sont pas très reluisants, voire pour certains carrément antipathiques. Jacques DACQMINE martyrise cette pauvre Madeleine ROBINSON en la traitant de femme vieille et laide. Elle même est également prête à tout pour protéger son fils, un dingo pervers à tendances homosexuelles. Les enfants de la famille se coulent dans leur bourgeoisie et la jeune fille n'a pas une personnalité des plus intéressantes.

    Claude Chabrol réalise un film très réussi formellement sur tous les plans, que ce soit le travail sur les décors, les couleurs, la bande son ou la musique. Sa direction d'acteur est également très réussie et les acteurs sont vraiment tous au niveau, en particulier Madeleine ROBINSON, une très grande actrice un peu oubliée aujourd'hui. La jeune génération s'en sort avec les honneurs, en particulier Bernadette LAFONT et Jean-Paul BELMONDO bien sûr, dont le jeu va séduire de nombreux réalisateurs.

    Le film fait une courte carrière en exclusivité parisienne, où il se classe en 3ème position à sa sortie mais dans deux salles seulement. Alors qu'il est présenté comme un modeste succès, il correspond cependant à un score largement dans la moyenne d'un CHABROL avec 1.4 millions de spectateurs et près de 400 000 spectateurs à Paris. Un résultat fort honorable.

    Si le film n' a pas reçu le même accueil que les deux premiers CHABROL, il n'en reste pas moins un film très réussi formellement ce qui compense une intrigue policière des plus convenues. Bien sûr il reste fidèle à son habitude de décrire la bourgeoisie de province qui est prête à tout accepter du moment que les convenances et la réputation de la famille n'en souffrent pas.

    Jean-Paul BELMONDO est relancé par Jean-Luc GODARD qui va enfin pouvoir mettre en scène son film "A bout de souffle".

     

     

    AUTOUR DU FILM :

     

     

    « J’ai lu le scénario. Le personnage, c’était moi. Ca se sent sur le papier. J’avais connu des tas de gars dans ce à Saint-Germain-des-Prés ; des types qui traînent, qui vivent chez les gens, se disent artistes, partent sur la Côte en été, empruntent de temps en temps 10 000 francs, disparaissent, reviennent, roulent dans des bagnoles invraisemblables. Je me rappelais des manières de manger, de parler. A chacun, je prenais quelque chose.

    Je n’ai jamais aimé jouer les personnages antipathiques et celui de ‘’A double tour’’, inquiétant et cynique, l’était particulièrement. Pour mon premier rôle important au cinéma, j’étais plutôt mauvais !

    Claude Chabrol vous laisse toute votre liberté. Il part du principe que s’il vous a choisi, c’est que vous êtes le personnage. Grande latitude aussi pour les dialogues. On répète très peu, on fait sauter au montage, on coupe. Pour ‘’A double tour’’, on nous a donné un canevas. Il n’y avait pas plus de cinq pages écrites ».  (Jean-Paul Belmondo)

     

     

     

    CRITIQUES DU FILM A SA SORTIE :

     

     

     

    « … Presque à chaque plan, la caméra mord sur le réel comme l’acide sur le cuivre. Par un prodigieux effort d’objectivité visuelle, le metteur en scène refuse presque constamment les pièges du réalisme classique, pique ses détails à la manière de Stroheim. Il ne nous mène nulle part, et après ? Chabrol n’a ni bonne ni mauvaise conscience, il ne croit pas à la condamnation de ceci ou de cela ; d’abord, il regarde vivre, ensuite, il nous invite a reconnaître la beauté. Y a-t-il dessein plus noble ? ».  (Louis Marcorelles, ‘’Cahiers du cinéma, n°103’’, janvier 60)

     

    « ‘’A double tour’’ n’est pas le plus mauvais film que nous ayons vu : il n’aura même pas cet honneur. Effectivement, nous aurons vu des myriades de films français de qualité comme celui-là, de cette qualité française qui eut un temps la faveur des festivals, avec ressorts psychologiques, couleurs léchées, dialogues percutants. Tomber de Delannoy en Chabrol, de Jeanson en Gegauff, voilà qui ne nous paraît guère excitant. Un anarchisme de salon, racheté par l’injonction finale « A la police tout de suite », évoque mille réminiscences prises dans ce cinéma que vitupère Chabrol et ses amis. Nous oublierons bien vite ce film, ainsi que les précédents films de Chabrol… ».  (Paul-Louis Thirard, ‘’Positif, n°33’’, avril 1960)

     

    « Pour ‘’A double tour’’, Chabrol s’est souvenu qu’il est l’auteur d’une des meilleures études sur Hitchcock dont l’influence est ici manifeste. A travers ce film policier, bien mené et dont l’esthétisme un peu voyant mérite de retenir l’attention, on sera sensible aux différents thèmes que même Chabrol : dissolution d’une famille de bourgeoisie provinciale, adultère, crime d’un psychopathe… ».  (‘’La revue du cinéma, Image et son’’, 1960)

     

    « Sujet banal pour une histoire mi-policière, mi-psychologique. Pour avoir voulu jouer sur les deux tableaux, Chabrol n’a réussi qu’un pamphlet sans âme, psychologiquement inexistant, sur la bourgeoisie hypocrite, veule et névrosée. Madeleine Robinson est remarquable ».  (‘’Télé 7 jours’’)

     

     « ‘’A double tour’’ fut décevant pour tout le monde. L’équipe habituelle, renforcée par Jacques Saulnier et Bernard Evein pour les décors, avait une fois de plus secondé le réalisateur qui s’était peut-être trompé en choisissant un roman de Stanley Ellin, adapté et dialogué par Paul Gegauff. Cette critique acerbe d’une grande famille bourgeoise aux multiples drames secrets manquait d’intérêt et la réalisation comportait des effets gratuits, telle cette interminable vue aérienne de la randonnée d’une voiture. On s’attendait à une conclusion dramatique mais la course finissait en queue de poisson. Madeleine Robinson faisait une création déchirante de femme humiliée et Jean-Paul Belmondo, dans un personnage de jeune apatride, esquissait sa nonchalante image de marque ». (Charles Ford, ‘’Histoire du cinéma français contemporain’’, (éditions France-Empire, 1977)

     

    « Première attaque de Chabrol contre une bourgeoisie qui cache sa dissolution sous un masque de respectabilité. Mise en scène classique, brillante avec une excellente utilisation des couleurs. Coupe Volpi pour Madeleine Robinson à la biennale de Venise 1959 ».  (Claude Boouniq-Mercier)

     

     

    Merci à Dider NOISY pour son aide apporté à l'élaboration de la fiche en particulier pour ses éléments autour du film.

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    1 446 479

     

    ENTREES PARIS

     

    376 031

     

     

     

     

     

    EXCLUSIVITES

     

     

     

    1ère semaine

    3

    31 134

    2

    2ème semaine

    4

    25 536

     

    3ème semaine

    14

    15 100

     

    Nombre de semaines Paris

     

    6

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    15 567

     

    Cote du succès

     

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    BERNADETTE LAFONT - A DOUBLE TOUR

     

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    JEAN PAUL BELMONDO - A MON TOUR

     

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    A DOUBLE TOUR AFFICHE ESPAGNOLE

     

     

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