FANTOMAS
4 NOVEMBRE 1964
SYNOPSIS
Le commissaire Juve s'efforce de rassurer la population inquiète d'une série de crimes et vols audacieux en annonçant l'arrestation imminente de celui qui signe ses forfaits Fantomas. Au Journal « Le Point du Jour », on fait des gorges chaudes de cette affaire et le journaliste Fandor prétend même que ce Fantomas n'existe que dans l'imagination de l'incapable commissaire. Sa fiancée, Hélène, lui propose alors d'inventer ce personnage et de faire paraître une retentissante interview de lui avec photos truquées à l'appui. Et le lendemain paraît un sensationnel article qui fait monter le tirage du journal, mais Fandor se retrouve, la nuit suivante, dans une fantastique et somptueuse demeure où les pans de murs glissent silencieusement pour laisser passage à l'énigmatique bandit au masque vert qui donne libre cours à sa fureur et annonce au malheureux journaliste, qui croit rêver, qu'il va le garder prisonnier tandis qu'il accomplira d'autres forfaits sous un masque reproduisant exactement ses traits. Il réussit un audacieux cambriolage au cours d'une présentation de bijoux et le commissaire Juve, qui se lance à sa poursuite, est stupéfait de reconnaître Fandor au moment où, après une poursuite vertigineuse sur les toits, il lui échappe, enlevé par un hélicoptère. Mais Fantomas, au cours de cette expédition, a sans peine réussi à enlever Hélène, tout heureuse d'avoir retrouvé son fiancé. Le pauvre Fandor est fou de rage en apprenant cette imposture et, avec beaucoup de sang-froid, combine une évasion. Cependant Fantomas revêtant cette fois-ci un masque qui le rend exactement semblable au commissaire Juve, réussit un fabuleux hold-up. Des témoins l'ont vu et le portrait qu'ils en font amène l'arrestation par ses propres hommes. de Juve lui-même, écumant de rage bien entendu. Fandor, qui s'est évadé avec Hélène, arrêté pour les mêmes raisons, le rejoint bientôt en prison et peut tout à loisir lui révéler les étonnantes transformations de Fantomas. Justement, un étrange et silencieux gardien vient les chercher tous les deux pour les emmener au Palais de Justice mais, vous l'avez deviné, c'est Fantomas. Alors, une poursuite échevelée s'engage car la police est alertée. L'athlétique Fandor réussit a prendre la situation en main et c'est lui maintenant qui donne la chasse à Fantomas, suivi de Juve toujours trépidant. Indescriptible randonnée qui amène bientôt le trio sur la Côte où Fantomas saute dans un criscraft et va être arrêté par Juve, descendu en hélicoptère, lorsqu'il rejoint un sous-marin qui laisse le commissaire barbotant dans la mer.
ANALYSE ET BOX OFFICE
André Hunebelle et Jean MARAIS on déjà connu de grands succès en commun dont « Le Bossu » et « le Capitan » qui ont fait les beaux jours des cinémas les semaines de fêtes. Mais le temps des films de cape et d’épée est passé et les goûts du public évoluent, et puis l'acteur ne rajeunit pas. Les films d’espionnage deviennent un genre populaire. L'acteur conseille d'adapter les romans à succès "OSS 117" et il compte bien obtenir le rôle titre. Hunebelle prend le conseil en considération et adapte les romans, mais confie le rôle titre à Kevin Matthews puis à Frédéric Stafford dont Mylène Demongeot qui a tourné avec lui, prête peu de talent. Jean Marais est très déçu par la volonté du cinéaste de céder au "jeunisme" et se console en tournant "Stanislas agent secret" qui obtient un succès modéré. Mais le réalisateur lui réserve une bonne surprise car il compte bien tourner sa version de "Fantomas". Ce terrible personnage n'en est pas à sa première version cinématographique. Feuilleton crée en 1910 par Marcel Allain et Pierre Souvestre il a été rapidement adapté au cinéma par Louis Feuillade dès 1913 pour la Gaumont. Jusqu'en 1949 les adaptations se succèdent et décrivent des personnages proches des livres. André Hunebelle décide de moderniser le personnage qui sera un génie du crime qui utilise les dernières technologies pour dominer le monde. Fantomas à le visage dissimulé sous un impressionnant masque bleu caoutchouteux des plus impressionnant grâce à l' intensité du regard de Jean Marais. L’acteur fétiche du réalisateur incarnera également le sémillant journaliste Fandor, nettement plus athlétique que dans la version papier. Pour couronner le tout on dotera Fantomas de l’incroyable voix de Raymond Pellegrin, pour en faire une sorte de Dark Vador national (ce qui ne ne plaît pas à l'acteur vedette qui pense pourtant avoir la voix adéquate- décidément Hunebelle lui en veut !). Hélène la jolie fiancée de Fandor est incarnée par Mylène Demongeot dont la beauté et la fière poitrine ne sont plus à présenter. L'actrice reprochera d'avoir un rôle de potiche, mais jouer avec de tels acteurs a été un plaisir pour elle, surtout avec "Fufu". Le trait de génie de Hunebelle est d'avoir proposé le rôle de l'inspecteur Juve à Louis De Funès. Pourtant dans la littérature le personnage de l'inspecteur est des plus sérieux. Hunebelle a déjà employé des ressorts comiques dans "Le bossu" et "Le Capitan" avec Bourvil mais le sujet s'y prêtait. Louis De Funès qui sort de bons succès en 1963 avec « carambolages » et « faites sauter la banque » et bien sûr "Pouic Pouic" c'est désormais un acteur reconnu pour son talent comique avec son personnage râleur et nerveux désormais bien au point. Il vient de tourner "Le gendarme de Saint-Tropez" qui n'est pas encore sur les écrans au moment du tournage de "Fantomas". De toutes façons il est clair que "Fantomas" est un film dont Jean Marais est la vedette et De Funès son faire valoir tout comme Bourvil dans "Le bossu". Le tournage se déroule dans la bonne ambiance. André Hunebelle sait faire fructifier le budget qui lui est alloué. Très efficace avec son équipe technique habituelle il crée un environnement futuriste pour son Fantomas. Son repaire secret évoque le "Nautilus" du Capitaine Nemo. Une musique d'orgue souligne son arrivée à un Fandor qui est son prisonnier. Impressionnant sous son masque bleu, il semble doté d'une force herculéenne et est insensible à la douleur. Maître du crime et du déguisement (le seul respect à l'œuvre originale) il usurpe l'identité de la victime de son choix de manière parfaite. C'est le criminel ultime. Jean Marais s'amuse dans ce double rôle et démontre ses qualités athlétiques habituelles. Des scènes spectaculaires émaillent le film, comme le vol des bijoux sur les toits de Paris, et la longue poursuite finale en moto, en train, en canot à moteur, en hélicoptère. Du pain béni pour les cascadeurs qui s'en donnent à cœur joie sur un film trépidant. Pour Jean Marais tournage se déroule dans de bonnes conditions sauf qu'il n'a pas prévu la tournure que va prendre le personnage de l'inspecteur Juve interprété joué par Louis De Funès. Si Fantomas est le génie du mal, De Funès est le génie du comique et la machine s'emballe. En pleine forme, l’acteur délivre une performance de très haute volée qui éclipse rapidement le pourtant solide Jean Marais. Quelques scènes sont mémorables : l’interrogatoire de Fandor mené par Juve où De Funès au comble de l’excitation lance son célèbre « je t’interdis de me vouvoyer ! » et « cet homme est manifestement épuisé… ». Une autre scène hilarante où Juve découvre que le portrait robot de Fantomas lui ressemble comme deux gouttes d'eau en « live » est extraordinaire. Nerveux, éructant, transpirant, il vampirise le film et petit à petit on ne voit que lui. Il profite également de la présence de l'épatant Jacques Dynam pour camper un duo de policiers qui vaut le déplacement. Jean Marais est un peu agacé de la prestation de son collègue car il a besoin de plusieurs prises pour être au point, alors que De Funes est efficace dès la première prise. A contrario la lenteur de Marais exaspère tout autant De Funès qui est de plus très proche de Mylène Demongeot. Le film se clôture sur le célèbre « Je t’aurai, Fantomas, je t’aurai ! ». Un peu malmené par la critique le film est un exemple d'efficacité à la Hunebelle qui réalise ses films uniquement pour les spectateurs. Un très grand classique du film d'aventure français des années 60.
Le film va bénéficier d'un évènement imprévu. Peu avant la sortie du film, Louis De Funès triomphe à la surprise générale avec son « gendarme de Saint-Tropez », qui devient le succès de la rentrée. C'’est donc tout bonus pour "Fantomas" qui s’empare sans coup férir de la première place du Box Office parisien avec 65 000 entrées en 3 salles (25 800 entrées au "Richelieu", 21 350 entrées au Montrouge Aubert et 18 580 à l'Ambassade). Sur la France le film s'impose également avec 164 000 entrées sur 16 salles. Il progresse avec 351 000 entrées sur 38 salles la semaine suivante. Il va perdre sa première place au profit du "Gendarme de Saint-Tropez". Louis de Funès occupe donc les deux premières places du box office français ! Le film reste 16 semaines dans le top 10 hebdomadaire français et reprendre même la première place pour les vacances scolaires de février 1965. Au total le film triomphe avec près de 4.5 millions de spectateurs et occupe le top 5 des films sortis en France en 1964.
A Bruxelles, le film sort le 10 décembre 1964 dans 4 salles d'exclusivité ( Le Marivaux, Le Capitole, le Colisée B, l'Empire) et prend très largement la tête du box office avec 1 428 000 francs de recettes soit environ 58 500 entrées. Il conserve la tête du box office Bruxellois la semaine suivante avec environ 43 000 entrées avant de perdre sa première place la semaine suivante au profit de "Merlin l'enchanteur" et de "Angélique marquise des Anges". Au total le film rapporte 5 831 000 francs pour son exclusivité Bruxelloise soit environ 240 000 spectateurs, un très beau résultat qui le place dans le top 5 de la saison.
Coproduction franco-italienne le film marche très bien avec environ 2 600 000 entrées en Italie. Si Jean Marais est un habitué des succès en Italie, c'est la première fois que Louis De Funès rencontre le succès de ce coté des Alpes et c'est le début d'une bonne série de succès pour lui.
En Espagne, le film réalise au moins 1 800 000 entrées car le compteur d'entrées Espagnol débute début 1965.
En Russie le film est un triomphe avec 45.5 millions de spectateurs.
Louis De Funès connaît donc un deuxième succès de suite et engrange pas moins de 10 millions d'entrées en deux films. Il n y a plus de doute possible le public plébiscite désormais Louis de Funès. C'en est fini des seconds rôles. Alors que Le" corniaud" n'est pas encore sorti sur les écrans, le tournage de la suite de "Fantomas" est prévu pour l'été 1965, ce dernier fera suite à celui de la suite du second "gendarme". Et dire que "Le corniaud" n'est pas encore sorti alors que la présence de Bourvil à ses cotés est déjà un gage de succès car Bourvil cartonne TOUJOURS en duo. Le film est devenu un champion des diffusions à la télévision et en vidéo. Hunebelle a signé un succès intemporel d'une efficacité exemplaire grâce à son équipe. Signalons une formidable bande son jazzy de Michel Magne indissociable du film. Bref, "Fantomas" est un classique qui a éclipsé la version papier du héros. D'ailleurs au début de son film, Hunebelle tourne une scène qui voit Fandor costumé en "Fantomas" version 1913, en collants et en cagoule noirs. Une habile transition entre le Fantomas du passé et le Fantomas "moderne". Cette version est si ancrée dans l'inconscient collectif que les volontés de tourner des remakes du film (Un remake de "Fantomas" revient de temps en temps à la surface) se heurtent à l'écueil de savoir comment passer après De Funès ?
Le succès est également un bon bol d'air frais pour jean Marais qui retrouve des hauteurs qu'il a connu quelques années auparavant. Il a cependant bien grincé des dents lorsqu'il a compris que la côte de popularité de De Funès allait rapidement éclipser la sienne. ce qui ne l'empêche pas de participer au tournage du second épisode dont l'ambiance s'annonce quelque peu plus tendue entre les deux acteurs.
AUTRES CHIFFRES
- Jean Marais à perçu un cachet de 300 000 francs pour 48 jours de tournage
- Louis de Funès a reçu un cachet de 145 000 francs + un pourcentage de 4.75% sur un éventuel bénéfice du film pour un maximum de 47 000 francs
- Mylène Demongeot a touché un cachet de 30 000 francs.
CATEGORIE | RANG | ENTRÉES | SALLES |
ENTRÉES FRANCE | 5 | 4 493 172 |
|
1ère semaine FRANCE | 2 | 164 446 |
16 |
2ème semaine FRANCE | 1 | 351 446 |
38 |
3ème semaine FRANCE | 1 | 221 987 | 44 |
4ème semaine FRANCE | 1 | 161 849 |
36 |
5ème semaine FRANCE | 1 | 132 514 |
36 |
6ème semaine FRANCE | 1 | 92 752 |
37 |
7ème semaine FRANCE | 6 | 68 728 |
24 |
8ème semaine FRANCE | 6 | 187 334 |
41 |
ENTRÉES PARIS BANLIEUE | 1 100 000 |
||
1ère semaine | 1 | 65 722 |
3 |
2ème semaine | 1 | 63 822 |
3 |
3ème semaine | 2 | 41 090 |
3 |
4ème semaine | 3 | 34 743 | 3 |
5ème semaine | 4 | 29 046 | 3 |
BOX OFFICE ITALIE |
2 600 000 |
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BOX OFFICE ESPAGNE | 1 812 000 | ||
BOX OFFICE RUSSIE | 45 500 000 |
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Cote du succès | * * * * * * |
LA SCENE DU PORTRAIT ROBOT
L' INTERROGATOIRE
AFFICHE UK
AFFICHE ITALIE
AFFICHE ESPAGNE