L'AVARE
5 MARS 1980
SYNOPSIS
Valère aime Elise et, pour être plus près d'elle, il s'est fait engager comme intendant par son père, Harpagon. Cléante, le fils de ce dernier, est amoureux de Marianne, une jeune fille du voisinage. Mais les amours des enfants sont contrariés par le père: d'abord parce qu'il ne vit que pour son argent, soupçonnant perpétuellement de vol tout son entourage, dont La Flèche, le valet de son fils, et ensuite parce que, veuf, il a décidé d'épouser Marianne, sans connaître le penchant de son fils pour elle. C'est Frosine qui sert d'entremetteuse et la signature du contrat est prévue pour le soir même. C'est pourquoi il convoque tous ses gens pour organiser les festivités avec le maximum de parcimonie, ce qui provoque une algarade entre Valère et Maître Jacques, qui est à la fois cocher et cuisinier. Pendant ce temps, La Flèche a réussi à dérober une cassette à Harpagon. Maître Jacques en profite pour se venger de Valère en le désignant comme coupable. Survient alors Anselme, un riche voisin, et on s'aperçoit que, d'une part, Valère et Marianne, sont frère et soeur, et que, d'autre part, leur père, qu'ils croyaient mort, n'est autre que cet Anselme. Le mariage d'Elise et de Valère est sur le point de se faire lorsque paraît Cléante qui promet de retrouver la cassette si son père lui laisse Marianne. Harpagon consent à tout du moment qu'il a son argent et qu'Anselme paie les noces.
ANALYSE ET BOX OFFICE
En 1978 "Molière" biopic français d'Ariane Mnouchkine obtient un délire critique. Toutes les revues s'extasient devant le pavé cinématographique exploité en deux époques dans les salles françaises. Le film n'obtient pourtant qu'un succès mitigé avec 1.55 millions d'entrées et deux césars techniques. Il n'empêche que le cinéaste Roger Coggio s'engage dans la réalisation de deux films tirés des pièces de théâtre de l'auteur. Louis De Funes toujours sous contrat avec Christian Fechner désire adapter "L'avare" au cinéma. le producteur alloue donc un budget très confortable de 17 millions de francs pour adapter la pièce au cinéma. 13 semaines de tournage et six décors luxueux seront nécessaires afin de mettre en boite l'adaptation. Très stressé par ce challenge, Louis De Funès contrôle tout et désire réaliser lui même le film. Il embauche pourtant Jean Girault qui s'occupera juste de la technique. Les deux sont donc crédités comme réalisateurs, mais De Funès est bien le metteur en scène du film. L'acteur désire prouver qu'il est capable de signer un film respectable et est attentif à tous les détails surtout au niveau des dialogues et du respect du déroulement chronologique de la pièce de théâtre. Au niveau du casting toute sa "famille" l'accompagne: Michel Galabru bien sûr mais aussi la fidèle Claude Gensac. L'acteur est très appliqué et fait preuve d'une énergie presque totalement retrouvée.
Adapter une pièce de théâtre au cinéma est un art très difficile et les pièges nombreux. Malheureusement "L'avare" tombe dedans à deux pieds joints. Le film est semblable à une pièce filmée du vendredi soir à la télévision. Mais avec 17 millions de budget. Le film est d'une rare platitude et assurément ennuyeux ( sans doute parce que Molière m'a toujours superbement ennuyé) et Jean Girault est tout à fait un "plot" à la caméra. Les acteurs sont bons, Louis De Funès en tête bien sûr irréprochable bien que tellement écrasé par la pression. Michel Galabru est parfait et totalement naturel tout comme Claude Gensac mais eux sont encore des acteurs réguliers du théâtre. Il y a aussi une scène curieuse où des chevaux dessinés remplacent de vrais chevaux. Cela peut surprendre. De fait la critique n'épargnera pas le film le qualifiant de mauvais et pénible tout en préservant Louis de Funès qui paradoxalement est peu drôle dans le film. Le film sortira sur les écrans quelques semaines après "Les fourberies de Scapin" de Roger Coggio qui se crashe dans les salles parisiennes ( 164 000 entrées en 20 semaines ) mais qui se rattrapera sur la durée dans les salles françaises ( 2 096 000 millions d'entrées). Ce n'est pas très engageant pour "L'Avare" qui bénéficie d'une grand promotion : passage chez Drucker l'après-midi et grande campagne d'affichage. N'oublions pas que "Le gendarme et les extra-terrestres" a été le film de l'année au box office France et Allemagne de 1979.
Sorti dans une combinaison généreuse de 42 salles pour Paris / Périphérie le film déçoit les professionnels alors que nous sommes dans une périodes de vacances scolaires. Malgré une seconde semaine où le film ne perd que 12% de ses entrées parisiennes la presse souligne bien précisément et avec insistance que le film déçoit au box office. Il est vrai que le film chute rapidement et termine avec un honorable score de 450 000 entrées à Paris / Périphérie. En France le film prend la tête du box office hebdomadaire durant 3 semaines avec un score correct pour les deux premières semaines avant de décélérer rapidement. Avec 2.4 millions au total le film se classe 14ème de l'année ce qui peut paraitre pour une déception car 1980 est une très bonne année pour les comédies françaises comme "La boum", "Les sous-doués", "L'inspecteur La Bavure" ou "Le Guignolo". Mais à bien regarder c'est plutôt une bonne réussite d'avoir attiré tant de monde pour un film aussi plat et pas tellement plus mauvais que les autres comédies de l'année. D'ailleurs Roger Coggio n'attirera que 1 million de spectateurs pour l'adaptation du "Bourgeois gentilhomme" en 1982. Ce sera le glas me semble-t-il des adaptations des pièces de Molière au cinéma. Franchement De Funès n'aura pas démérité avec "L'Avare", le film est cependant réalisé bien trop platement et son budget est hors de prix pour un tel résultat à l'écran. Il reste aussi un relatif succès, mais loin d'être l'échec au box office français. En Allemagne le film parvient a récolter 880 000 spectateurs, mais le public allemand attendait sans doute autre chose et l'état de grâce de l'acteur au box office outre-Rhin semble terminé.
Louis De Funès doit encore un dernier film a Christian Fechner. Ce sera "La soupe aux choux".
RANG | ENTRÉES | SALLES | |
ENTRÉES FRANCE | 14 | 2 433 452 | |
1ère semaine | 1 | 579 721 | |
2ème semaine | 1 | 532 446 | |
3ème semaine | 1 | 355 637 | |
4ème semaine | 4 | 197 664 | |
5ème semaine | 3 | 185 513 | |
6ème semaine | 5 | 105 059 | |
ENTRÉES PARIS | 454 394 | ||
1ère semaine | 1 | 137 813 | 42 |
2ème semaine | 1 | 120 218 | 41 |
3ème semaine | 3 | 76 001 | 41 |
4ème semaine | 6 | 42 697 | 33 |
5ème semaine | 6 | 30 285 | 22 |
6ème semaine | 14 | 17 497 | |
Cote du succès | * * * |
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