L'HERITIER
15 MARS 1973
Au sortir du tournage de "La scoumoune" BELMONDO prend quelques vacances puis est sollicité par Philippe LABRO pour un projet ambitieux : "L'héritier". De prime abord, l'acteur est réticent. Le réalisateur / journaliste n'a réalisé que deux films, dont " Sans mobile apparent" un polar sympathique. LABRO connait bien BELMONDO depuis des années et a même réalisé une longue interview de l'acteur peu de temps avant. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il se prend pour une sorte d'Orson WELLES français, le rôle de Bart CORDELL étant inspiré de John KENNEDY, El Cordobes, Dassault, JJSS, rien que cela. Il associe Clark GABLE ou Steve Mc QUEEN à BELMONDO et s'inspire lui même de Jean Pierre MELVILLE. Bigre, nous avons affaire au nouveau Kubrick !
BELMONDO ne se sent pas très à l'aise dans la perspective de jouer un chevalier de l'Industrie, il a constaté également que les derniers films qui ont cassé la baraque aux box office sont des films d'action ("Borsalino", "Le casse") et il se souvient des inquiétudes liées à la sortie de "Docteur Popaul".
LABRO insiste et lui livre un script très précis coécrit avec Jacques LANZMANN. Toujours crispé l'acteur accepte cependant conforté par la présence de grands acteurs à ses cotés dont Charles DENNER qu'il retrouvera peu après dans "Peur sur la ville", Jean ROCHEFORT incontournable, ils ont tourné ensemble "Les tribulations d'un Chinois en Chine" en 1965 et même François CHAUMETTE dans le rôle de la crapule de service, comme d'habitude.
LABRO ne connait pas la demi mesure et impose son rythme à l'américaine quitte à rendre son intrigue et la description de son héros comme caricaturales. Il tente de rendre son montage spectaculaire et propose une photographie propre et nette.
Le film s'ouvre sur la scène du crash de l'avion de Cordell Sr. Au milieu des décombres, Cordell Jr trouve une bague familiale et la conserve. Le fils prodigue est de retour. L'histoire est conté par le rédacteur en chef d'un journal qui a pignon sur rue et joué par Jean DESAILLY. Sensé être le portrait type de chef de l'information selon les souvenirs de LABRO, celui-ci explique à ses collaborateurs que le père et le fils CORDELL se sont brouillés lorsque Bart s'est marié avec la fille d'un magnat italien qui représente une branche de l'extrême droite italienne. Bigre. Envoyé aux USA pour superviser les branches du groupe, Bart deviendra un des hommes les plus riches du monde. Il revient en France en winner avec son fidèle ami David. En France au sein du siège, l'inquiétude est de rigueur en particulier pour André Berthier le bras droit de Cordell Sr joué impeccablement par un Jean ROCHEFORT altier et digne. Liza, la rédactrice en chef du groupe est moins inquiète car elle sait que Bart aime les femmes.
Bart est smart et athlétique. Vif, il dort peu et aime consommer rapidement ses conquêtes. Il est pressé, compétent, entêté. D'ailleurs dans l'avion qui le mène à Paris il cède aux avances d'une belle femme, Lauren. Celle-ci, fourbe, lui glisse une étiquette de bagage dans la poche. Dès son arrivé, Bart est pris à parti par la police qui trouve à la douane de la drogue dans ses bagages. Bart est tombé dans le piège. Mais Berthier qui a des connections avec l'Elysée le sort des griffes de la police.
Bart remet tout le conseil d'administration au pas. Les vieilles badernes vont devoir changer leurs vieilles habitudes. Les journaux du groupe devront désormais dénoncer les scandales français, et pire que tout, avoir un esprit disons..de gauche dans un pays naturellement de droite. Bart va séduire Liza. Berthier est perturbé, mais il est honnête et Bart le conserve à son poste. Mais Bart recherche les criminels qui ont tué son père car il ne croit pas à l'accident. Il retrouve Lauren qui tombe amoureuse de lui... Il remonte la piste et se trouve confronté à bien des dangers. David et Berthier sont victimes d'un accident de voiture après l'enterrement de Cordell Sr, et Bart est victime d'un spectaculaire attentat. Sous un feu nourri de balles lors d'une scène spectaculaire, il s'en sort en lançant une grenade qui se trouvait sur une table basse contre ses assaillants. Il comprend le but de son père: dénoncer le beau père de Bart qui cache un terrible secret. Ah et bien c'est vraiment une coïncidence, celle là! Alors qu'il couche avec ses deux maîtresses, Bart congédie Lauren qui fulmine...
Bart veut préserver sa femme et son fils et leur demande de se rendre à un hôtel en Italie. Mais par une formidable astuce, Bart demande aux renseignements d'où venait l'appel de sa femme. Il découvre que l'appel ne venait pas de l'hôtel. Quel finaud ce Bart ! Il comprend que sa femme l'a trahi.
Il récupère son fils et s'apprête à dénoncer le dossier contre son beau-père. Hélas, il se fait assassiner à l'aéroport lâchement par un groupe d'hommes...et Lauren tapie dans l'ombre... Sans trop savoir pourquoi, LABRO filme la scène sous trois angles différents d'une manière complaisante... Le super héros est mort, tel un Kennedy !
On ne peut pas dire que LABRO y va avec le dos de la cuillère dans son portrait du chevalier blanc made in USA.... Mais chose assez formidable, on y croit grâce à la belle performance de BELMONDO en pleine forme. Charismatique en diable il nous fait croire à l'existence d'un tel personnage, riche, iconoclaste, charmant...une sorte de cowboy dans un magasin de porcelaines.
LABRO affuble à Bart quelques tics de personnalité ce qui était déjà le cas de Capella le flic joué par Jean-Louis TRINTIGNANT dans "Sans mobile apparent". Bart s'endors à volonté en se passant la main devant ses yeux. Il possède, ainsi que David, une pierre maya encombrante et bien mystérieuse, mais qui possède la qualité de faire trouver le sommeil rapidement à celui qui la glisse sous son oreiller.
LABRO a donc réalisé un film qui correspond à son rêve de proposer un film avec un aventurier franco-américain mêlé à une intrigue totalement improbable. L'occasion également de traiter de la presse et des médias qui sont des sujets qui sont familiers à l'auteur.
D'après Jean ROCHEFORT le film était fort ennuyeux à tourner et les acteurs trouvaient le scénario ridicule, mais grâce à BELMONDO les périodes hors tournage étaient l'occasion de faire la fête et de concocter des blagues énormes. François CHAUMETTE vieux copain de BELMONDO du temps des débuts s'est aussi bien amusé. D'ailleurs une scène montre la bonne ambiance entre BELMONDO et DENNER quand les deux s'amusent comme des fous dans leur baignoire...
BELMONDO sauve donc la baraque et le film prend un bon départ en occupant la première place du box office parisien. Fait rare il perd peu d'entrées en deuxième semaine signe d'un bon bouche à oreille et parvient à se maintenir dans le top 10 durant deux mois. Le film passe les deux millions de spectateurs en France ce qui est très satisfaisant car ce n'est pas un film d'action. Il marche d'ailleurs bien en Europe. A Paris le film est un des succès de l'année. Le pari est réussi pour LABRO. Il aura moins de difficulté à convaincre l'acteur de tourner avec lui "L'alpagueur" en 1976.
CATEGORIE |
RANG |
NOMBRE |
SALLES |
ENTREES FRANCE |
|
2 030 500 |
|
1ère semaine |
4 |
108 367 |
|
2ème semaine |
2 |
155 769 |
|
3ème semaine |
2 |
149 405 |
|
4ème semaine |
2 |
188 353 |
|
5ème semaine |
1 |
243 299 |
|
6ème semaine |
2 |
225 635 |
|
7ème semaine |
2 |
120 110 |
|
ENTREES PARIS BANLIEUES |
|
682 085 |
|
1ère semaine |
1 |
104 082 |
17 |
2ème semaine |
1 |
102 223 |
|
3ème semaine |
3 |
68 717 |
|
4ème semaine |
4 |
66 598 |
|
5ème semaine |
3 |
59 466 |
|
6ème semaine |
4 |
57 023 |
|
7ème semaine |
7 |
27 807 |
|
8ème semaine |
12 |
18 845 |
|
Nombre de semaines Paris |
|
20 |
|
Moyenne salles Paris 1ère sem |
|
6 122 |
|
Cote du succès |
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* * * |
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