LA BANDE A PAPA
27 AVRIL 1956
Au Crédit Populaire, les collègues de Fernand Jérôme le charrient : il vient de se faire tailler un costume pour plaire à sa belle, et tous de répéter : « Y’a comme un défaut ! ». La belle, Renée, est fleuriste et Fernand lui conte… fleurette. « Vous êtes sûrement un brave garçon, une bonne pâte », répond Renée, qui avoue préférer les chanteurs de charme. Le père de Renée, l’inspecteur Merlerin, est depuis quatre ans sur la piste d’un gangster surnommé « le Grand J » ; à l’aide d’un pendule, il vient de le localiser à Niort. Au même moment, à… Paris, le Grand J prépare le hold-up du P.M.U. avec sa bande : « le Professeur », « la Postiche », « la Volaille », Marcel et Jo. Le matin du casse, Fernand, qui habite en face du P.M.U., met le gang en déroute sans même s’en rendre compte. La presse salue son exploit et Renée, qui l’appelle désormais « mon héros », veut le présenter à ses parents. Le Grand J, curieux d’affronter cet inconnu qui lui a damé le pion, se rend à son domicile en se faisant passer pour journaliste. Gertrude, la grand-mère de Fernand, le reconnaît : c’est Joseph Jérôme, l’ex-mari de sa fille et, donc, le père de Fernand, disparu depuis la naissance de celui-ci. Fernand n’est pas là : il est tombé dans un traquenard monté par « le Professeur » et la bande, qui agissent maintenant pour leur compte depuis que le Grand J leur a annoncé sa retraite. Saoulé par les malfrats, Fernand leur livre les plans d’accès au Crédit Populaire.
Puis il apprend par Gertrude le retour de son père, qui vient le voir à la banque. « Je vais me marier », annonce le fiston à son papa. « Son père est inspecteur de police », précise-t-il. Lorsque « le Professeur » et sa bande attaquent le Crédit Populaire, Fernand, sans le vouloir, alerte la police.
Bien sûr, Merlerin arrive trop tard, mais le hold-up a encore échoué. Joseph s’est démasqué : « Je suis le Grand J » a-t-il avoué à Fernand, pas peu fier mais inquiet à l’idée de l’inévitable rencontre de son père avec Merlerin. En attendant, il aide Joseph à échapper à son futur beau-père que « le Professeur », ulcéré d’avoir été giflé devant la bande par le Grand J, inonde de lettres anonymes dénonçant les caches successives de son rival. Enfin, c’est le jour des fiançailles de Renée et de Fernand. Le policier et le gangster – débarrassé du « Professeur » par Jo qui l’a tué – trinquent. Le téléphone sonne. « Le Grand J est à Vesoul ! » jubile Merlerin, qui court faire triompher la justice…
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Dans les années 50, il était difficile de faire sa place au soleil lorsqu’on était chansonnier. Seuls les cabarets permettaient de se faire connaître. Et puis la télévision arrive et elle envahit, petit à petit, car cela coûtait un œil, les salons des appartements. Ce nouveau vecteur permet au jeune Fernand REYNAUD de se faire connaître du public grâce à « 36 chandelles » et des sketches où il brocarde gentiment le Français moyen et compose une galerie de personnages franchouillards pittoresques. Sa grande force est d’employer des expressions qui deviendront très populaires, comme « c’est étudié pour » ou « bourreaux d’enfants » encore usités aujourd’hui. A cette époque, le cinéma Français n’est pas très exigeant en matière de qualité d’acteurs, seul compte la popularité de celui-ci. C’est donc tout naturellement que Fernand REYNAUD tourne son premier film dont il est la vedette. Sur un scénario formidable de Roger PIERRE grand scénariste devant l’éternel, Frédéric DARD l’auteur de San-Antonio et Michel AUDIARD tentent de sauver les meubles. Cela fait partie de leurs boulots alimentaires et Frédéric DARD donne un semblant d’intérêt à l’intrigue policière et Michel AUDIARD parvient à soupoudrer le film de quelques dialogues pas bien méchants, mais qui permettent de meubler la scène d’exposition de la maquette qui figure la planque policière menée par Noël ROQUEVERT en bonne forme accompagné de Paul CRAUCHET et de Marcel BOZZUFFI tous jeunes. Alors oui, le film est très anecdotique et permet à Fernand REYNAUD de transposer son personnage de scène sur le grand écran. Comme dans beaucoup de ses films son personnage s’appelle Fernand et il utilise des expressions de ses sketches. Pas grand-chose à dire sur son jeu d’acteur, assez limité.
Louis DE FUNES a le second rôle, fait assez rare dans les années 50. Etant donné le temps d’exposition assez important dont il bénéficie il peut donner libre cours à son talent et délivre une prestation plus que correcte de l’inspecteur Victor MERLERIN qui est un inspecteur très sûr de lui, qui n‘hésite pas à brocarder ses équipes et utilise un pendule pour résoudre ses enquêtes. Bien sûr il est veule, et l’acteur joue de mimiques pour marmonner dans sa barbe lorsqu’il se fait houspiller par la hiérarchie. Très au point, il sauve ce petit film réalisé on ne plus platement par un Guy LEFRANC qui se contente de planter sa caméra au milieu de la pièce. On croit rêver quand on songe que c’était Claude SAUTET qui est l’assistant réalisateur.
Sans aucun problème le film s’empare de la première place des exclusivités Parisiennes en réalisant un des meilleurs scores de l’année avec près de 100 000 entrées en six salles. Le film termine sa carrière avec un magnifique 3 millions d’entrées en France. C’est un très gros succès populaire qui lance la carrière de Fernand REYNAUD pour plus d’une dizaine de longs métrages. Pour Louis DE FUNES chevelu, la vie des seconds rôles continue, il n’a pas de problèmes pour trouver des petits rôles, mais nul doute que dans ce rôle nous trouvons la trame de celui de l’inspecteur JUVE de « Fantômas ».
ENTREES France |
2 913 156
|
ENTREES Paris
|
529 447
|
ENTREES Paris 1ère exclusivité |
148 049 |
ENTREES Paris exclusivité
1ère semaine n°1 2ème semaine n°1
|
98 388 49 701
|
NOMBRE DE SEMAINES PARIS |
2 |
NOMBRE DE SALLES Paris semaine de sortie |
6 |
Moyenne entrées par salles 1ère semaine |
16 398 |
COTE DU SUCCES |
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