LA CUISINE AU BEURRE
18 DECEMBRE 1963
SYNOPSIS
Prisonnier de guerre Fernand Jouvin s'est évadé. Il a été recueilli par Gerda, une plantureuse autrichienne qui lui fait oublier qu'il était marié aux Martigues avec Christiane. Celle-ci, le croyant mort, a épousé son chef-cuisinier André, qui a transformé son petit restaurant en un somptueux établissement : "La Sole Normande". Tout laisse à croire qu'il en serait toujours ainsi : Gerda à travailler, Fernand à se reposer, si les Russes ne libéraient, dix ans plus tard, le mari de Gerda. Lorsque Fernand arrive aux Martigues, il comprend vite la situation dramatique dans laquelle il se trouve et un stupide accident de voiture fait éclater la vérité. Feignant une extrême faiblesse, Fernand explique qu'il a été prisonnier en Sibérie. Le cœur de Christiane fond et André décide de recueillir l'ex-mari de sa femme. Mais le retour de Fernand frappe le mariage d'André de nullité et Fernand ne veut pas entendre parler de divorce. André devient d'une jalousie féroce; de plus Fernand refuse de l'aider dans son travail. Les jours passent... les deux hommes se rapprochent et même s'entendent sur le dos de Christiane. Fernand fait partager à André sa passion pour les boules et la pêche... Un soir de bringue, André disparaît laissant une lettre d'adieu. Fernand, qui l'aime à sa manière, mais qui ne veut reprendre ni la vie avec sa femme, ni surtout son travail de cuisinier, le rattrape à la gare. Ce dernier ne veut rien entendre. Fernand lui avoue alors qu'il n'a jamais été prisonnier en Sibérie. André promet de garder le secret; il lui donne également de l'argent et la clé d'une petite maison qu'il possède en Normandie.
ANALYSE ET BOX OFFICE
Durant le tournage de "Un voyage à Biarritz", Gilles Grangier qui tourne avec Fernandel contacte Robert Dorfmann dans le but de réunir Fernandel et un autre acteur populaire comme Louis de Funès ou Bourvil pour un prochain film. Grangier a tourné avec tous ces acteurs et en réunir deux pour un même film ne lui poserait pas de problème. Fernandel est d'accord sur le principe de tourner avec Bourvil. C'est que Bourvil est un sacré catalyseur de succès lorsqu'il est associé à une autre vedette. N'a-t-il pas, en 1960, fait exploser les compteurs d'entrées de Jean Marais avec "Le bossu" et "Le Capitan" ?. Et puis cela fait quelques temps que Fernandel et Bourvil n'ont pas rencontré de succès conséquents, certes il y a eu un "Don Camillo Monseigneur" pour Fernandel, mais Bourvil éprouve plus de relatives difficultés avec les films de Alex Joffé par exemple. La réunion Fernandel / Bourvil pourrait faire des étincelles.
Le sujet du film est construit autour d'une idée simple: la rivalité entre le Sud de la France, représentée par Fernandel et la Normandie, donc le Nord, représentée par Bourvil. Cette rivalité se cristallise autour de la cuisine bien sûr, mais aussi autour de la même femme qui est mariée aux deux. Sur le papier de quoi faire une bonne comédie. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Difficile d'évaluer le scénario original mais celui-ci doit être fort médiocre pour que les deux acteurs quittent le plateaux. Grangier et son équipe devront réécrire des parties du (mince) scénario et surtout veiller à ce que les deux stars aient exactement le même temps de présence à l'écran. Cette mesure garantit une bonne ambiance sur le reste du tournage ce qui n'empêche pas que les deux acteurs se vouvoient en dehors de l'écran, Bourvil ayant un profond respect pour son ainé qui a été son modèle lorsqu'il a débuté dans le métier.
Le film ne contient pas de scènes mémorables et les éclats de rires sont rares. Il n'empêche que les deux acteurs déroulent avec talent ou plutôt grand professionnalisme. Chacun pourra penser qu'un acteur est meilleur que l'autre. Fernandel est plus truculent, mais c'est le scénario qui veut cela. Bourvil est plus réservé mais toujours avec ce don inné de faire briller son partenaire à l'écran. En fait le film propose plus des scènes de quiproquos, une ambiance sympathique, des situations drôles et se laisse regarder rien que pour profiter de l'unique présence des deux stars enfin réunies. Comme la réalisation de Grangier est toujours aussi peu inventive et inspirée on est loin du "Cave se rebiffe" où Grangier a bénéficié d'un scénario en béton armé et de dialogues mythiques. Ici, faute d'un scénario solide et de dialogues consistants tout le poids du film repose sur les talents d'improvisation des deux acteurs capables de rattraper à eux seuls les scripts les plus indigents, ce qui n'est pas loin d''être le cas. Ceci étant le film est conçu pour un public familial et les chères têtes blondes ne sont pas les dernières à être ciblées.
Prévu pour profiter des fêtes de fin d'année, le film sort à Paris dans trois salles : Le Marignan, Le Berlitz et le Pathé Wepler. Le film réunit 54 000 spectateurs en seulement deux semaines au Biarritz. Puis il sort en province en semaine 2 où il prend très logiquement la tête du box office hebdomadaire français bien aidé par une concurrence qu'on aura connu plus fameuse pour noël : "Bebert et l'omnibus" la réédition de "Pinocchio" des studios Disney et "La grande évasion" un peu en bout d'exploitation. Le film va quitter la première place du box office France hebdomadaire avec "La grande évasion" mais reprend la tête pour les vacances de février et bien sûr les vacances de printemps (les vacances de Pâques avions encore le droit de dire à l'époque). Il reste 21 semaines dans le top 10 hebdomadaire et le quitte après avoir engrangé 3.1 millions de spectateurs durant cette période. Il reprendre brièvement la tête du top hebdomadaire en septembre 1964 en 36ème semaine. Au total il se classe top 2 des films sortis en France en 1963 avec près 6.4 millions de spectateurs derrière "La grande évasion" (8.75 millions d'entrées) et près de 1 300 000 spectateurs à Paris et sa banlieue. Il s'agit du dernier triomphe de Fernandel qui ne pourra contenir la puissance colossale de Louis de Funès qui presse derrière. Mais il convient de souligner l'importance de Bourvil dans ce succès imposant, d'ailleurs Gérard Oury ne s'y trompera l'associant pour ses prochains films à...Louis de Funès.
Souhaitant certainement rééditer une association productive au box office Fernandel va se rapprocher de Jean Gabin pour créer ensemble une société de production qui produira des films avec les deux acteurs ensemble ou non. Premier projet commun "L'âge ingrat" qui sera mis en scène par Gilles Grangier bien sûr.
CATEGORIE |
RANG |
NOMBRE |
SALLES |
ENTREES FRANCE |
2 |
6 393 439 |
|
1ère semaine |
1 |
521 410 |
56 |
2ème semaine |
1 |
370 312 |
50 |
3ème semaine |
1 |
203 045 |
45 |
4ème semaine |
1 |
149 700 |
40 |
5ème semaine |
2 |
141 024 |
42 |
6ème semaine |
2 |
107 927 |
40 |
7ème semaine |
3 |
118 477 |
40 |
8ème semaine |
1 |
173 778 |
49 |
9ème semaine |
1 |
143 558 |
43 |
10ème semaine |
1 |
121 480 |
41 |
11ème semaine |
3 |
98 095 |
41 |
17ème semaine |
2 |
155 109 |
48 |
18ème semaine |
1 |
141 109 |
51 |
ENTREES PARIS BANLIEUE |
|
1 271 155 |
|
1ère semaine |
1 |
62 992 |
3 |
2ème semaine |
1 |
73 905 |
3 |
3ème semaine |
4 |
36 128 |
3 |
4ème semaine |
3 |
35 748 |
3 |
5ème semaine |
4 |
33 075 |
3 |
6ème semaine |
4 |
26 413 |
3 |
BANDE ANNONCE
*