LA GRANDE VADROUILLE
8 DÉCEMBRE 1966
Trois aviateurs anglais dont l'appareil a été touché par la D.C.A. sautent en parachute sur Paris occupé par les Allemands. L'un atterrit sur la Komandantur et se voit hébergé par un peintre en bâtiment, Augustin (Bourvil) ; l'autre tombe sur le toit de l'Opéra : il est sauvé par le chef d'orchestre, patriote fougueux, Stanislas (de Funes) ; le troisième fait un plongeon dans le bassin des phoques du zoo de Vincennes, et reste en vie grâce au gardien. Le point de ralliement des trois aviateurs est les bains turcs où les conduisent, chacun de leur côté, Augustin et Stanislas qui s'y rencontrent pour la première fois. Compromis par la présence des aviateurs, Augustin et Stanislas doivent se sauver avec eux en zone libre, grâce à la complicité de la gracieuse Ginette, marionnettiste du Guignol des Champs-Elysées. Après de multiples aventures, ils se retrouvent en Bourgogne ; Augustin et Stanislas à Meursault, dans un hôtel occupé. par les Allemands, et les Britanniques à l'Hospice de Beaune. Une charmante religieuse (Andréa Parisy) tente de leur faire passer la ligne dans des tonneaux qui sont livrés par erreur à la Konunandantur de Meursault, où viennent d'être emprisonnés Augustin et Stanislas. Les aviateurs mettent le feu à des fûts d'alcool et s'échappent avec les deux compères. Poursuivis par des autos blindées allemandes, ils sautent sur le chariot de la religieuse qui les emmène, au grand galop de son attelage, vers un aéro-club désaffecté. Ils prennent place dans deux vieux planeurs et décollent de justesse au nez de leurs poursuivants.
"Le Corniaud" sorti en mars 1965 a rencontré un énorme succès et devient le deuxième film français de l'histoire en terme d'entrées derrière "Le petit monde de Don Camillo". L'excellente comédie de Gérard Oury (et son meilleur film selon moi) a bénéficié de la présence de deux des plus grands acteurs français de comédie: Louis de Funes et André Bourvil. Nous avons vu dans la fiche consacrée au "Corniaud" que si Bourvil était depuis de longues années une star du cinéma français, Louis de Funes explose en septembre 1964 avec "Le gendarme de Saint Tropez" alors que "Le corniaud" est en plein tournage. Cette starification récente profite totalement au film. Après la sortie du "Corniaud" Louis de Funes confirme son statut et continue d'aligner les énormes succès comme des perles, Bourvil se cherchant dans des rôles plus dramatiques. Dès la fin du tournage du "Corniaud", Gérard Oury se remet à l'écriture d'un nouveau film qui doit de nouveau réunir le duo d'acteurs. En compagnie de Marcel Jullian et de sa fille Danièle Thompson il écrit du "sur mesure" pour les deux acteurs et étant donné que "Le Corniaud" explose le box office, il va obtenir le plus gros budget de l'histoire du cinéma français avec un milliard et demi d'anciens francs. Cette somme équivaut a 15 millions de francs de l'époque, et Oury n'en est pas peu fier. Avec un tel budget le réalisateur ne se refuse rien et la production va pouvoir se déplacer dans plusieurs régions françaises et même tourner dans les plus beaux quartiers de Paris, dont l'Opéra. Etant donné que Gérard Oury ambitionne de rencontrer un succès international le casting sera étoffé avec l'apport d'acteurs étrangers dont le formidable Terry-Thomas. La très jolie marie Dubois sera la touche féminine de l'histoire. Le scénario est peaufiné à l'extrême et très largement préparé à l'aide de story-boards.
Bourvil et De Funes retrouvent donc l'époque de l'occupation après "La traversée de Paris". Mais ici la situation est dédramatisée. Les deux héros se retrouvent bien malgré eux dans l'obligation de traverser la France occupée accompagné de quelques compagnons bien encombrant dans l'objectif de rejoindre la France libre. Bien sûr ce ne sera pas une chose facile surtout qu'ils se retrouvent parfois même au sein même de la Werhmacht et dorment involontairement dans le même lit que les officiers qui les pourchassent. Loin d'être réaliste la description de l'occupation est relativement bon enfant. Les officiers sont débonnaires, voire paillards et bons vivants comme en témoignent les joyeux après repas. Ce voyage assez inoffensif est évidemment du au fait que le film est une comédie bon enfant et que depuis la fin du conflit en 1945, les relations entre la France et l'Allemagne se sont très largement améliorées. Le film possède même une patine assez impersonnelle sans doute destinée à donner un ton de film "anglo-saxon" certainement dans l'optique de diffuser le film à l'international. Le film est moins drôle que "Le Corniaud" car c'est aussi plus un film d'aventure qu'une franche comédie. Heureusement dès que De Funès et Bourvil se retrouvent ensemble, le duo du "Corniaud" se reforme et provoque le rire des spectateurs. Le duo active sa mécanique infernale et De Funès retrouve son personnage d'odieux bourgeois qui abuse de la gentillesse de Bourvil. Bien sûr le film se termine dans le rire. Au final Gérard Oury livre son film le plus aboutit et le plus "internationa"l. Le film demeure sans aucun doute la comédie la plus célèbre de France, et les multiples diffusions à la télévision ont prouvé l'engouement du public.
La presse de l'époque a totalement préparé le terrain au film. Après une belle campagne d'affichage le film sortira pour les fêtes de fin d'année, tout d'abord sur Paris puis rapidement en province sur un nombre conséquent de 95 copies. A Paris le film sort le 8 décembre 1966 après le succès de "Paris brûle-t-il" encore un film sur l'occupation. Il occupe 6 salles de cinéma en exclusivité dont "Le Berlitz" et "L'Ambassade". Le succès est immédiat avec 102 869 entrées pour sa première semaine dont 32 400 spectateurs au Berlitz et 21 200 à l'Ambassade. Dès la seconde semaine 34 salles diffusent le film avec plus de 10 000 entrées de moyenne par salles. Pour noël et le jour de l'an le film réunit le score étourdissant de près de deux millions de spectateurs en seulement 95 salles ! Un succès colossal et fulgurant car le film réunit 3 millions de spectateurs en 5 semaines. L'exploitation française se poursuit à un train d'enfer avec 9 millions d'entrées uniquement pour l'année 1967.
"La grande Vadrouille" est donc de très loin le plus grand succès de l'année 1967. Cette année là est donc la plus grande année de Louis de Funes qu va écraser la concurrence car l'acteur peut compter également sur les succès de "Les grandes vacances", "Fantômas contre Scotland Yard" et "Oscar" soit environ au vu de leurs dates de sortie au moins 15 millions de spectateurs. Du jamais vu depuis Fernandel. Alors que De Funès poursuit son implacable et totale domination sur le box office français, Bourvil ne surfera pas sur la vague en ne sortant qu'un seul film en 1967 avec "Les Arnaud" au succès modéré. "La grande vadrouille" reste bien sûr leur plus grand succès en terme d'entrées.
Le film ne se contente pas d'exploser le box office français mais un grand succès en Europe et dans d'autres pays du Monde.
Le film passe la barre des 17 millions de spectateurs en septembre 1975 et obtient le titre du film ayant fait le plus d'entrées de l'histoire. Ce record a paru totalement inaccessible durant près de 30 ans alors que l'exploitation annuelle était en baissé régulière. Mais en 1998 le film "Titanic" parviendra à le détrôner à la surprise générale. Le film conservera son statut du plus grand succès all-time pour un film français avant de se faire dépasser par "Bienvenue chez les ch'tis". Le film reste aujourd'hui à la 5ème place de tous les temps en terme d'entrées en France.
"La grande vadrouille" reste un mythe du cinéma et du box office français. Bien sûr Gérard Oury a déjà prévu de réunir les deux stars pour un nouveau film, mais le destin en décidera autrement.
CATEGORIE | RANG | NOMBRE | SALLES |
ENTREES FRANCE | 17 273 937 |
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1ère semaine FRANCE |
102 869 |
6 | |
2ème semaine | 335 692 |
34 | |
3ème semaine | 962 748 | 95 | |
4ème semaine | 1 009 597 | 95 | |
5ème semaine | 643 207 | 99 | |
6ème semaine | 537 328 | 102 | |
7ème semaine | 491 374 | 108 | |
8ème semaine | 439 010 | 110 | |
9ème semaine | 478 839 | 118 | |
10ème semaine | 503 882 | 123 | |
11ème semaine | 450 721 | 130 | |
12ème semaine | 383 310 | 123 | |
13ème semaine | 332 108 | 129 | |
Date passage 3 millions France | janvier 1967 |
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Date passage 5 millions France | février 1967 |
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Date passage 8 millions France | avril 1967 | ||
Date passage 10 millions France | juillet 1967 | ||
Date passage 11 millions France | septembre 1967 | ||
Date passage 12 millions France | mars 1968 | ||
Date passage 15 millions France | mai 1972 | ||
Date passage 17 millions France | octobre 1975 | ||
ENTREES PARIS BANLIEUE | 3 500 000 |
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1ère semaine | 1 | 102 869 |
6 |
2ème semaine | 1 | 104 564 |
6 |
3ème semaine | 1 | 133 602 |
6 |
4ème semaine | 1 | 139 825 |
6 |
5ème semaine | 1 | 85 480 | 6 |
6ème semaine | 1 | 79 690 | 6 |
7ème semaine | 1 | 73 273 | 6 |
8ème semaine | 1 | 63 420 | 6 |
9ème semaine | 1 | 69 250 | 6 |
10ème semaine | 1 | 78 940 | 7 |
25ème semaine | 192 887 | 47 | |
26ème semaine | 105 372 | 40 | |
27ème semaine | 121 814 | 35 | |
Budget | 15 Millions francs |
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Cote du succès | * * * * * * * |
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