LE RETOUR DE DON CAMILLO
5 JUIN 1953
C'est encore une période bénie pour Fernandel. Sorti en 1952 "Le petit Monde de Don Camillo" a été le plus grand triomphe du cinéma français et Italien des deux cotés des Alpes. Comme il le dit lui même : J'étais connu, je suis devenu célèbre avec Don Camillo. Une suite est naturellement mise en route dès les premiers résultats du film. Fernandel commencera le tournage le 1er décembre 1952 à la suite de celui du "Boulanger de Valorgue". Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud et c'est pratiquement la même équipe qui travaille sur le scénario du film toujours inspiré des nouvelles de Giovanni Guareschi qui poursuit la publication de nouvelles histoires a raison d'un épisode par semaine. Julien Duvivier est toujours a la caméra et Barjavel au scénario. Le tournage a lieu en Italie a Brescello et le réalisateur va profiter de la crue annuelle du Pô pour servir son histoire. Souvent les pieds dans l'eau Fernandel va souffrir de ce climat humide et froid qui vont lui provoquer des courbatures et rhumatismes durant plusieurs mois. Ceci étant cela n'affecte pas l'humeur de Fernandel qui n'a jamais paru aussi à l'aide dans la maîtrise de son personnage, suivi en cela par Gino Cervi toujours excellent. Le duo fonctionne à merveille et on devine que les deux acteurs s'estiment mutuellement. Le film est la suite directe du premier, l'action débute là où elle s'est terminée dans le précédent. Nous suivons donc les difficultés de Don Camillo dans ses nouvelles fonctions au sein du fin fond de la montagne italienne. De son coté Peppone se surprend à regretter le départ de son adversaire, qui est en fait, le spectateur le constate rapidement, un ami. Seule la pudeur explique que ces deux protagonistes ne s'avouent vraiment jamais leur amitié voire le respect qui existe entre eux. Une fois le retour de Don camillo acté parmi ses ouailles le clou du film est l'inondation du village par la crue du fleuve et le sauvetage de Don Camillo par Peppone d'une mort certaine ce qui donne lieu à un dialogue savoureux entre les deux. Toujours aussi inspiré Julien Duvivier rend une copie pratiquement aussi bonne que l'épisode précédent, le tout subimé par une photographie qui rend hommage au néo réalisme italien. Il reste donc un film d'une grande qualité qui réunit le meilleur des deux plus grands pays européen en matière cinématographique. Les épisodes suivants seront relativement moins bons et c'est pour moi la fin de la très grande période de Fernandel d'après guerre qui se situe entre Topaze en 1951 et ce second Don Camillo. Dès la fin du tournage du film, Fernandel se rend sur celui de "Carnaval" un mauvais film de Marcel Pagnol où il se brouillera à vie avec ce dernier.
Le film sort à Paris en juin 1953, une période un peu inhabituelle pour un blockbuster de l'époque mais le film va profiter des vacances scolaires alors que le premier Don Camillo triomphe toujours en régions . Il occupe 3 grandes salles parisiennes : Le Colisée, le Berlitz et l'imposant Gaumont palace. Pas moins de 116 000 parisiens se ruent dans ces trois salles dont 33 000 au Berlitz et 66 000 au Gaumont Palace. Le triomphe se poursuit avec plus de 96 000 entrées en seconde semaine. L'exclusivité parisienne attire pas moins de 548 000 spectateurs. Au total se seront 2.1 millions de spectateurs qui se rendront dans les salles de Paris et de sa banlieue. Bien qu'exploité dans d'autres villes de France il faudra attendre le mois d'octobre pour voir le film carburer sur les écrans français soit 363 000 entrées sur 43 salles pour la semaine du 19 octobre 1953 et 263 000 spectateurs la semaine suivante sur 40 salles. A la fin de l'année 1953 le film aura attiré plus de 3 millions de spectateurs dans les salles françaises. Au terme de son exploitation il attire plus de 7 millions de spectateurs, un résultat certes sensiblement inférieur au premier épisode mais demeure le top 2 du box office des films sortis en France en 1953 derrière "Sous le plus grand chapiteau du Monde".
En Italie le film triomphe également avec une recette de 912 504 350 lires au 30 juin 1965 soit environ 7 500 000 entrées. Il totalise 7 900 000 entrées ce qui le place en seconde position du box office italien de 1953 derrière "Pain, amour et fantaisie".
Le film marche également en Russie et en Allemagne.