LES GRANDES MANOEUVRES
26 OCTOBRE 1955
- Réalisation : René Clair
- Scénario : René Clair Inspiré du mythe de Don Juan.
- Adaptation et Dialogue : René Clair, Jérôme Geronimi, Jean Marsan
- Adjoint à la réalisation : Michel Boisrond - *Assistant : Serge Vallin
- Images : Robert Le Febvre, Robert Juillard, Daniel Diot
- Musique et direction musicale: Georges Van Parys
- Chanson : On dit toujours, on dit jamais
- Production : André Daven, Georges Lourau
- Sociétés de production : pour Cinétel, Filmsonor, SECA (Paris) et Rizzoli Film (Rome)
- Tournage dans les studios de Boulogne-Billancourt du 28 avril au 8 juillet 1955
- Distribution : Cinédis
- Pellicule 35 mm, couleur
- Enregistrement Western Electric
- Laboratoire Franay L.T.C St-Cloud
- Pays d'origine : France/Italie
- Date de sortie : 26/10/1955
- Gérard Philipe : le lieutenant Armand de la Verne
- Michèle Morgan : Marie-Louise Rivière, la modiste
- Jean Desailly : Victor Duverger, le prétendant jaloux
- Pierre Dux : le colonel Olivier du 33e Dragon
- Jacques Fabbri : l'ordonnance d'Armand
- Jacques François : Rodolphe Chartier, un civil
- Yves Robert : Félix Leroy, un lieutenant des Dragons
- Brigitte Bardot : Lucie, la fille du photographe
- Lise Delamare : Juliette Duverger
- Jacqueline Maillan : Jeanne Duverger, une sœur de Victor
- Magali Noël : Thérèse, la chanteuse
- Simone Valère : Gisèle Monnet
- Catherine Anouilh : Alice Gervais
- Madeleine Barbulée : la dame au chapeau jaune
- Dany Carrel : Rose-Mousse
- Judith Magre : Ciboulette
- Arlette Thomas : Amélie
- Gabrielle Fontan : Mélanie, la servante des "Duverger"
- Viviane Gosset : la femme du colonel
- Hélène Duc : la préfète
- Claude Rich : Claude, le fiancé d'Alice
- Jacques Morel : M. Monnet, le mari de Gisèle
- Michel Piccoli : un officier
- Daniel Ceccaldi : un officier
, Jacques FRANCOIS
Dans une petite ville de garnison peu avant la guerre de 1914. Le séduisant lieutenant de dragon Armand de la Verne, célèbre pour ses bonnes fortunes, parie avec des civils, jaloux de ses succès, qu'il deviendra avant le départ en grandes manoeuvres l'amant d'une femme que le hasard choisira. Le sort désigne Marie-Louise Rivière, Parisienne, divorcée, elle vient d'ouvrir une boutique de modiste et cherche à se faire épouser par Victor Duverger, l'un des hommes les plus en vue de la bonne société. À la cour empressée que lui fait Armand, Marie-Louise répond par l'ironie... Il n'en faut pas plus pour qu'il s'en éprenne sincèrement. Au cours d'un bal il se rend compte que l'indifférence de Marie-Louise est feinte. Armand se querelle avec Duverger. Tandis que son colonel l'envoie en mission, Marie-Louise se ressaisit et va même consentir à épouser Duverger. Lorsqu'elle apprend qu'Armand aurait été blessé en duel, elle oublie résolutions et prudence pour le rejoindre. Mais la veille du départ en grandes manoeuvres, une lettre anonyme lui révèle le pari dont elle était l'enjeu... Le lendemain sa fenêtre restera close lorsque le régiment déferlera dans les rues.
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René CLAIR a connu deux beaux succès d'affilée avec Gérard PHILIPE ("La beauté du DIable" et "Les belles de nuit" ) ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Pour son ambitieux nouveau film "Les grandes manoeuvres" c'est tout naturellement qu'il fait de nouveau appel à son acteur fétiche alors au faite de sa gloire. Au collège, ma professeur de français de 5ème aimait nous rappeler combien Gérard PHILIPE était une superstar à l'époque et que toutes les jeunes filles avaient le béguin pour lui. Il est bon de le rappeler, c'était une vraie star et sans doute l'acteur le plus doué de sa génération. A cette occasion l'acteur va retrouver un rôle qui a toujours trouvé les faveurs du public, un rôle romantique où il joue un séducteur invétéré. Cet infatigable dragueur est un Lieutenant de Dragon (militaires se déplaçant à cheval) qui doit tenir un pari stupide : conquérir le coeur d'une femme choisie au hasard pour montrer à ses amis qu'il est irrésistible. Alors le sort va-t-il lui désigner un infâme laideron, une "granny" qui a dépassé l'âge de consommation ? Que nenni ! Le destin lui donne Michèle Morgan à séduire. Avouez qu'il y a pire, Michèle MORGAN étant une des femmes les plus belles et des plus altières montrées à l'écran. Mais elle n'est pas que cela. Au début des années 50 elle est tout simplement l'actrice la plus renommée et la plus rentable de France. René Clair a donc réunit tout simplement le couple le plus "bankable" des années 50. Bien sûr les deux acteurs s'étaient déjà rencontrées dans "Les orgueilleux" où le spectateur pouvait admirer Michèle MORGAN en soutien gorge, chose très rare chez l'actrice. Le film avait bien fonctionné au box office, mais c'était un film dramatique et dans la cas présent , "Les grandes manoeuvres est une comédie" genre qui potentiellement se révèle bien plus porteur.
Reste donc à ajouter quelques bons seconds rôles autour des deux stars. Yves ROBERT joue l'ami et confident de Gérard PHILIPE et prouve par son jeu sans grande subtilité qu'il a bien fait de se tourner vers la réalisation. Jean DESAILLY est le "concurrent" de Gérard PHILIPE pour prendre le coeur de Michèle MORGAN. Encore une fois c'est encore un rôle pas très glorieux pour l'acteur qui ne possède pas le charme de sa vedette. D'autres acteurs habitués des seconds voire troisièmes rôles sont présents comme Pierre DUX ou Jacques FRANCOIS. Au rayon des jeunes pousses nous noterons le petit rôle de Claude RICH, l'espiègle Danny CARREL, un sacré joli brin de femme, mais surtout la jeune Brigitte BARDOT dans un rôle où elle apparait à l'écran dix bonnes minutes.
Le ton du film est clairement une comédie, éventuellement peut on déceler une petite satire de cette ville de l'Est de la France composée d'immeubles bourgeois et dont la population bien comme il faut est enjouée non sans être actrice d'un certain "qu'en dira-t-on". Le temps est clément, les couleurs sont chatoyantes. Aucune allusion non plus envers la première guerre mondiale qui guette, le film se situant vers 1913. Un académisme de bon aloi dans ce qui caractérise le cinéma de ce début des années 50. René Clair dispose d'un budget certain c'est évident.
Le film est essentiellement concentré sur ses deux vedettes. Gérard PHILIPE fidèle en lui même se régale de ce personnage séducteur, à la limite de cet art, misogyne, égoïste, cabotin. Dans son élément l'acteur s'en donne à coeur joie et excelle en alternant les sentiments d'autant qu'il est très agacé de la résistance de Marie Louise . C'est d'une grande facilité pour lui étant donné que le film a été écrit autour de lui.
Michèle MORGAN est idéale pour le rôle de Marie- Louise. Sa beauté glacé, sa classe innée, son port de tête magique, sa réserve, sa timidité alliée à l'incarnation de la féminité en font le pendant parfait pour Gérard PHILIP. Les deux acteurs composent donc deux personnages bien différents, contraires. Et c'est bien connu les contraires s'attirent mutuellement.
Autour de ses deux grands acteurs du cinéma français, les seconds rôles apportent leur pierre à l'édifice. Si Yves ROBERT n'est pas un grand acteur, Jean DESAILLY lui est évidemment d'un autre niveau. Il n'a pas le beau rôle c'est le moins qu'on puisse dire comme d'habitude, c'est évidemment un homme dont Marie Louise ne peut tomber amoureuse, il est physiquement incapable de rivaliser avec PHILIPE. Mais il assume bien son rôle.
Bien sûr, impossible de passer a coté de Brigitte BARDOT. C'est encore la période où elle joue les jeunes filles à papa ou a maman. Espiègle, mutine elle est la jeune fille courtisée par Yves ROBERT. Une idylle classique mais joyeuse et sincère qui est bien sûr un contraste à celle tourmentée et dont l'issue est vouée à l'échec du couple principal. Un rôle assez court mais qui laisse éclater la jeunesse de ses 20 ans.
Le film est assez joyeux dans le fond malgré la conclusion du film. Curieusement le film possède deux fins. Une est plutôt sur un échec de la relation sans conséquence. Nous restons dans l'expectative tout en se doutant que la relation ne reprendra jamais. L'autre très négative voit Marie-Louise qui s'est suicidée dans son lit. Pour être franc cette fin aurait conduit le film vers une note un peu trop négative, le bon choix a été fait. Nous ne saurons jamais si Armand était sincère dans son amour pour Marie Louise, pour ma part je pense qu'il ne l'a jamais vraiment aimée.
Le filma donc été réalisé dans l'optique de triompher au box office. reste à voir comment le public va réagir. Le film sort à Paris sur deux belles salles: "le Colisée" et le "Marivaux". La première semaine, le film attire 43 328 entrées sur ces deux seules salles. La concurrence est rude en octobre, en pleine saison avec des films comme "Chiens perdus sans collier" avec GABIN ou "4 jours à Paris" avec Luis MARIANO, "Vacances à Venise" de David LEAN avec Katharine HEPBURN, "L'homme qui n'a pas d'étoile" avec Kirk DOUGLAS. Et pourtant avec ces deux salles remplies le film parvient à intégrer le top 3 la seconde semaine. Ces deux salles vont garder l'exclusivité du film jusqu'aux fêtes de fin d'année 1955. Au total en 12 semaines d'exclusivité les deux salles vont attirer 350 000 spectateurs un score admirable qui permet de très belles recettes. Le film part dans le circuit des salles de continuation avant de triompher avec 200 000 entrées la semaine du passage dans les salles de quartier.
Le film est donc un triomphe populaire et va être exploité durant plusieurs années et va attirer au total plus de 5 millions de spectateurs. Si Gérard PHILIPE au fait de sa gloire et Michèle MORGAN vont connaitre d'autres succès, René CLAIR va souffrir de l'absence de sa star pour son film suivant "Porte des Lilas" et ne tournera plus qu'un film dans les années 60. "Les grandes manoeuvres" représente donc son glorieux chant du Cygne.
Nul ne le sait, mais c'est le dernier petit rôle pour Brigitte BARDOT. "La lumière d'en face" sort 4 mois après ce film et "Une Parisienne" sort 4 mois après et va faire exploser l'actrice.
CATEGORIE
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RANG
|
NOMBRE
|
SALLES
|
ENTREES FRANCE
|
4
|
5 302 963
|
|
ENTREES PARIS
|
|
1 167 954
|
|
ENTREES PARIS / BANLIEUE
|
|
1 500 000 +
|
|
1ère semaine
|
7 |
43 328 |
2 |
2ème semaine
|
3 |
41 129 |
2 |
3ème semaine
|
7 |
40 336 |
2 |
Cote du succès
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LES GRANDES MANOEUVRES BANDE ANNONCE
LA FIN ALTERNATIVE DES "GRANDES MANOEUVRES"
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