QUE LA FÊTE COMMENCE
26 MARS 1975
SYNOPSIS
En 1719, une révolte éclate en Bretagne contre la pression du pouvoir et la famine qui sévit. Elle est dirigée par le marquis de Pontcallec, petit noble sans le sou, sorte d'aventurier aux idées et aux rêves grands comme le coeur. Il décide, avec ses pairs, d'aller essayer de parlementer avec le Régent avant de passer à l'action armée. En effet, depuis la mort de Louis XIV, la France est gouvernée par Philippe d'Orléans, le Régent, qui a fort à faire pour lutter contre la crise économique dont les effets se font sentir à travers tout le royaume. Homme de plaisirs, libertin, célèbre pour les fêtes galantes qui se donnent très souvent chez lui, le Régent est aussi un chef d'état libéral qui tente d'apporter plus de justice dans la conduite des affaires publiques. Présentement, il est en proie à une grande douleur car il vient de perdre sa fille, la duchesse de Berry. L'abbé Dubois, ministre et conseiller du Régent, ecclésiastique douteux et dévoré d'ambition, essaie vainement d'amener Philippe à sévir contre la rébellion bretonne. Il est, d'autre part, l'artisan d'une alliance anglaise contre les Espagnols, car il espère obtenir du roi d'Angleterre à la fois de l'argent pour les caisses royales et une recommandation pour devenir archevêque. A peine arrivé à Paris, Pontcallec est capturé et déporté avec d'autres malheureux vers la Louisiane. Il s'échappe et, de retour en Bretagne, s'apprête à déclarer la guerre au Régent avec des renforts espagnols. Excellent prétexte que saisit Dubois pour satisfaire les Anglais qui demandent une répression sévère en Bretagne. Pontcallec est arrêté. A Paris, les nobles s'inquiètent du libéralisme du Régent, provoquent la banqueroute en ruinant le système de Law ; ils échangent leur papier monnaie contre des stocks d'or. Profitant de cette situation troublée, Dubois arrache au Régent la condamnation de Pontcallec qui est exécuté. Mais, dès lors, le Régent ne cache plus son mépris à Dubois. Leur belle complicité a pris fin ; il est clair qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France.
ANALYSE ET BOX OFFICE
Cette chronique historique oppose, au XVIIIe siècle, le siècle des lumières, trois types d'hommes : un réformateur, un politique et un idéaliste.
Le premier film de Bertrand Tavernier qui a pu se monter grâce à la présence de Philippe Noiret a été un succès d'estime remarqué. Les critiques ont été excellentes et le réalisateur est donc capable de trouver le financement de son second film "Que la fête commence" qui a le mérite d'être d'un ton tout à fait différend de son film précédent. Une nouvelle fois il peut compter sur la présence de Philippe Noiret au fait de son talent et de sa popularité. Cependant par rapport à son premier film, Bertrand Tavernier se permet sur la présence de deux grandes figures du cinéma français :Jean Rochefort qu'on ne présente plus et Jean-Pierre Marielle, bien que la présence de ce dernier sur le film se borne à quelques minutes et qu'il n y a pas de scènes où on retrouve nos trois acteurs ensemble. Du coté des actrices du beau monde avec la jeune Christine Pascal, Nicole Garcia qui va nouer une longue relation avec jean Rochefort et la délicieuse Marina Vlady au summum de sa beauté et au décolleté affolant. Bref, la crème du cinéma français de l'époque.
Le film est centré sur le duo Noiret / Rochefort dont la belle amitié s'étiolera au fil des évènements et se terminera par des dialogues entre les deux d'une rare violence. Durant tout ce cheminement Tavernier propose un film politique certes, mais aussi une volonté d'être le plus authentique possible. Tous les décors sont réels et la photographie propose bon nombre de paysages sombres sans fioritures. Si le personnage de Noiret est truculent, celui de Rochefort n'est pas mal non plus. Les scènes de débauche et d'orgies sont plus suggérées qu'autre chose. Bien sûr les dialogues sont fort savoureux et permettent à Noiret et à Rochefort d'exprimer tout leur talent. Si Noiret interprète son personnage avec son ton et sa nonchalance habituelle, Jean Rochefort fait preuve d'une rare subtilité dans son phrasé et dans son interprétation, presque toute en retenue. La qualité de son interprétation lui procurera une belle récompense avec le César du meilleur acteur pour un second rôle.
C'est ce qu'on appelle un classique des années 70, la décennie du cinéma français qui profite d'acteurs d'une rare qualité et qui voit certains réalisateurs tenter de sortir des sentiers battus. "Que la fête commence" demeure un beau film historique et rigoureusement filmé mais qui laisse la part belle à ses interprètes.
Auréolé de bonnes critique le film sort à Paris le 26 mars 1975 alors que "La Tour infernale" est le grand succès du moment. Il prend la seconde place alors que "La tour infernale" est toujours en tête en 4ème semaine. mais le film parvient à rompre l'hégémonie du film catastrophe américain lors de sa seconde semaine d'exploitation et prend la première place du box office hebdomadaire. Cependant il devra laisser son trône a "Peur sur la ville" qui écrase le box office la semaine suivante. "Que la fête commence" va demeurer 7 semaines dans le top 10 parisien et signer un excellent score de 534 000 spectateurs sur Paris et sa périphérie. Néanmoins ce beau succès ne sera pas véritablement confirmé sur l'ensemble du territoire puisqu"au final le film dépasse à peine les 1.1 millions de spectateurs et figure à une honorable 37ème place au top annuel 1975 . C'est ce qu'on appelle péjorativement un "succès parisien".
C'est une très belle année qui débute pour Philippe Noiret qui a tourné depuis lors "Le vieux fusil" sans se douter de l'impact de celui-ci à la rentrée 1975. Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle continuent de tourner à un bon rythme très demandés par les réalisateurs.
CATEGORIE | RANG | ENTREES | SALLES |
ENTREES FRANCE | 37 | 1 124 845 |
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ENTREES PARIS BANLIEUE | 534 538 |
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1ère semaine | 2 | 88 747 | 19 |
2ème semaine | 1 | 91 488 | |
3ème semaine | 2 | 69 054 | |
4ème semaine | 4 | 46 679 | |
5ème semaine | 5 | 32 415 | |
Cote du succès | * * * |
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