SANS MOBILE APPARENT
15 SEPTEMBRE 1971
En trois jours, trois cadavres: celui d'un riche industriel, Monsieur Forest, celui d'un jeune playboy, Monsieur Buroyer et celui de l'astrologue, Kleinberg. L'arme du crime est un fusil à lunettes: c'est le seul élément positif que possède l'inspecteur Carrella. Il décide de fouiller la vie des trois victimes, car il existe, il en est sûr, un lien entre elles. Grâce à la belle-fille de Forest, Sandra, il entre en possession du carnet de rendez-vous de l'industriel, sur lequel figure une liste de noms féminins. Parmi eux, celui d'une de ses amies, Jocelyne Rocca. Carrella l'invite chez lui et apprend qu'elle a connu les trois victimes à l'université. Il pressent qu'elle sera la 4° victime; mais il est trop tard, elle est tuée, elle aussi, en sortant du domicile de l'inspecteur... Carrella se dirige maintenant vers l'université. Le professeur Palombo est justement en train de répéter une pièce "Juliette", dont le personnage principal est joué par Sandra Forest. Ceci intrigue Carrela qui la suit alors qu'elle quitte la répétition. Il la surprend quelques minutes plus tard en train de voler un document. Celui-ci permet à l'inspecteur de découvrir ce qui unissait les victimes et de protéger l'éventuelle "cinquième"... Reste à trouver le mobile du crime et à rattraper l'assassin...
Philippe LABRO est un touche à tout de talent. Ecrivain à succès, journaliste, Directeur de Chaîne de radio, réalisateur rien que ça. Il adore les USA où il a effectué ses études, il n y a donc rien d'étonnant qu'il réalise un polar français à "l'américaine". Pour ce faire il adapte un roman de Ed McBAIN un auteur de romans très coté. je me souviens d'ailleurs que durant des années ma mère achetait consciencieusement chaque nouveau livre de l'auteur dans la collection "Série noire". L'auteur a créé le personnage de l'Inspecteur CARRELLA qui sera présent à de nombreuses reprises dans ses polars. Philippe LABRO adapte donc le personnage à la sauce française sous les traits de Jean-Louis TRINTIGNANT. Dès le début du film, l'acteur montre un CARRELLA nerveux et très obsédé par son pistolet . Il s'entraîne souvent à le sortir et semble être un as de la gâchette. L'enquête est transposée en France à Nice. LABRO s'évertue à filmer la ville à la manière d'un Don SIEGEL ou d'un WILLIAM FRIEDKIN. A bien des égards le film rappelle "L'inspecteur Harry" avec Clint EASTWOOD qui se déroule à San-Francisco. La ville est filmée en altitude ou des toits. C'est une tentative de se démarquer des polars habituels à la française, en choisissant des angles de vue innovants et en apportant de la vivacité aux film. Le film débute par CARRELLA qui débarque à Nice avec son amie Jocelyne. Aussitôt il doit résoudre une série de trois meurtres à priori non reliés entre eux et surtout sans mobile apparent. LABRO ne montre pas le visage du tueur, seuls des plans montrent son fusil à lunette dont il se sert pour tuer ses victimes d'une manière assez stylisée. LABRO prend un malin plaisir contemplatif à montrer les victimes fauchées en plein vol lors d'un saut dans une piscine, ou d'une balle qui vient silencieusement trouer leur crâne (la balle dans le coeur est tout aussi efficace).
Pour mener son enquête CARRELLA est aidé par deux acolytes qui ont bien du mal à le supporter. Car TRINTIGNANT excelle dans la composition d'un flic assez étrange, bourré de tics (il se regarde les dents, se lave régulièrement les mains) et assez cassant. TRINTIGNANT ne s'économise pas. Le quatrième meurtre concerne son amie Jocelyne assassinée elle aussi en sortant de chez lui. CARRELLA aperçoit le reflet de la lunette du tueur. Il dégaine son arme et se met en positiond de tireur d'élite et tire. Puis il court vers la cachette du tueur en courant à perdre haleine, et l'acteur ne truque pas, il y va à fond. Il constate qu'il a blessé le tueur, car il reste du sang sur le sol. C'est vraiment un as de la précision. on notera en passant que sa chemise est impeccable lorsqu'il revient sur ses pas. Il ne transpire même pas !
C'est grâce à Dominique SANDA qu'il va comprendre le lien entre les protagonistes. Je laisse aux lecteurs la joie de le découvrir, car le lien n'est pas évident de prime abord. Evidemment CARRELLA saura jouer de son oeil de lynx pour éliminer le (ou la) coupable pour venger son amie.
Jean Louis TRINTIGNANT est impeccable et apporte une vraie dimension à la psychologie compliquée de son personnage. Pas vraiment sympa, mais séduisant, c'est un ton nouveau qui tranche avec le flic "à la française" des années 60.
Le casting est largement féminin. Carla GRAVINA joue l'amie de CARRELLA, l'occasion de la découvrir dans des tenues très 70's (bottes et minijupes au programme). Charmante comme toujours elle meurt assez rapidement et pourtant elle détient elle aussi un des maillons de l'intrigue.
Dominique SANDA a 22 ans est de plus en plus demandée par les réalisateurs. Un peu distante, évaporée et pourtant déjà particulière, elle est cependant utilisée pour sa jeune plastique qu'elle découvre dans une scène du film.
L'inévitable Stéphane AUDRAN nous propose une apparition tout en couleur, en vert pomme ! Elle n'hésite pas à montrer à CARRELLA un atout assez impressionnant, une sacrée belle paire de doudounes, bien mise en valeur. Un rôle court, mais important pour l'enquête.
Laura ANTONELLI est toujours aussi sublime dans un rôle fragile. Elle tourne beaucoup des deux cotés des Alpes et sera bientôt une vedette avec "Malicia". C'est un plaisir de la voir.
Du coté du casting masculin, c'est du solide dans la tradition du cinéma français des 70's. Il y a Jean-Pierre MARIELLE qui apporte sa masculinité et son charisme habituel. Son rôle est assez court et il n'apporte pas tout son bagage habituel, mais c'est toujours sympathique de le voir.
Paul CRAUCHET est un incontournable du cinéma français. Habitué de toutes les grosses productions, il est encore une fois impeccable.
Sacha DISTEL tient le rôle d'un présentateur de jeu cynique. Beau gosse du film, il est un maillon de l'intrigue. Sa performance est correcte, mais il ne percera pas au cinéma.
L'ensemble donne un très bon polar qui fleure bon les 70's. Philippe LABRO montre des compétences réelles et apporte un dynamisme qu'il aura un peu de mal à retrouver régulièrement avec ses autres films.
Le film peut compter sur une musique du grand Ennio MORRICONE qui est dans sa plus grande période. Le maestro enchaîne les musiques de qualité avec la régularité d'un métronome. Le petit thème sifflé reste bien dans toutes les mémoires.
Si le film marche très bien sur les écrans parisiens, sa carrière est honorable sur la France, 1.3 millions d'entrées ce n'est pas rien pour un polar. Il manque de peu la première place du box office hebdomadaire barré par "Jo" avec louis de Funès, puis par "soleil rouge".
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RANG |
NOMBRE |
SALLES |
ENTREES FRANCE |
|
1 290 572 |
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1ère semaine |
9 |
54 310 |
|
2ème semaine |
3 |
93 250 |
|
3ème semaine |
2 |
114 043 |
|
4ème semaine |
3 |
104 992 |
|
5ème semaine |
3 |
90 066 |
|
6ème semaine |
5 |
67 813 |
|
|
|
|
|
ENTREES PARIS |
|
326 411 |
|
ENTREES BANLIEUE |
|
134 912 |
|
TOTAL PARIS BANLIEUE |
|
461 323 |
|
1ère semaine |
4 |
35 049 |
4 |
2ème semaine |
3 |
44 348 |
7 |
3ème semaine |
4 |
34 333 |
8 |
4ème semaine |
4 |
32 435 |
14 |
5ème semaine |
6 |
26 594 |
6 |
Nombre de semaines Paris |
|
14 |
|
Moyenne salles Paris 1ère sem |
|
8 762 |
|
Box office annuel Espagne |
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528 080 |
|
Cote du succès |
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* * |
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