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Par Renaud SOYER le 13 Juillet 2014 à 14:00
CHATEAU EN SUEDE
20 NOVEMBRE 1963
Réalisation
Roger VADIM
Scénario
Roger VADIM
Claude CHOUBLIER
Photographie
Armand THIRARD
Musique
Maurice LE SENECHAL
Production
Robert DORFMANN
Distribution
VALORIA FILMS
Durée
100 minutes
Eric
Jean-Louis TRINTIGNANT
Eléonore
Monica VITTI
Sébastien
Jean-Claude BRIALY
Hugo
Curd JURGENS
Ophélie
Françoise HARDY
Agathe
Suzanne FLON
La grand-mère
SYLVIE
Gosta
Michel LE ROYER
Un château dans une île de Suède. Une curieuse famille : Hugo, un hobereau autocrate ; Eléonore, sa femme ; Agathe, sa soeur, vieille fille attachée aux traditions ; Sébastien, frère d'Eléonore, à qui le lie une affection trouble ; une grand-mère tombée en enfance. Tout ce monde costumé comme au XIXe siècle. Voilà ce que trouve en arrivant le jeune Eric, cousin de Hugo, qui vient profiter de l'hospitalité bien connue de la famille. Très vite, Eléonore lui laisse entendre que ses faveurs s'accordent volontiers. Puis Eric découvre que la première femme de Hugo, Ophélie, devenue folle, vit en recluse dans le château. Eléonore n'est donc pas la femme légitime de Hugo et Eric lui propose de fuir avec lui. Mais de cela, pas question : Eléonore n'a aucune envie de fuir. Hugo, qui a découvert (ou provoqué) la liaison, veut tuer Eric. Agathe et Sébastien partagent son point de vue. Finalement, Eric s'enfuit sur le lac à moitié gelé et tombe d'épuisement aux pieds d'un paysan. Quelque temps plus tard, un nouveau jeune homme, qui se dit journaliste, se présente au château. Lui aussi remarque Eléonore.
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Pour beaucoup, VADIM rime avec BARDOT. Il faut dire que tous les films du duo ont été des succès jusqu'en 1963. Le petit dernier, "Le repos du guerrier" a d'ailleurs été un des gros succès de l'année. Mais, on peut se demander que "vaut" Roger VADIM sans BARDOT au box office. Certes, "Les liaisons dangereuses" a prouvé qu'il était possible de rencontrer le succès massif sans elle, mais "Le vice et la vertu" est un demi succès, et peut être que VADIM a poussé le bouchon un peu loin dans la provocation. Il tourne à bon rythme, et va tenter de changer de registre en adaptant une pièce à succès de la jeune Françoise SAGAN, romancière fort appréciée de la jeunesse. Sans être sulfureux, ni sexy, le film possède un potentiel pour être un film branché de ceux qu'il faut aller voir.
Pourtant VADIM choisit une actrice peu connue du public français comme tête d'affiche. Monica VITTI est une icône en Italie où elle tourne régulièrement avec ANTONIONI. On a pu la voir dans "L'Eclipse" avec Alain DELON, mais le grand public ne s'est pas précipité dans les salles pour le voir. Sans doute VADIM vise-t-il le public italien avec ce choix. Comme star internationale, le réalisateur confie le rôle du patriarche à Curd JURGENS bien connu du public et qui a déjà une belle carrière derrière lui. Il a cependant un rôle court, qui ne justifie pas vraiment qu'il soit en tête d'affiche. Rappelons nous que l'acteur a figuré dans le légendaire "Et Dieu...créa la femme" du même VADIM.
Est-ce pour compenser le relatif faible potentiel commercial représenté par Monica VITTI que Roger VADIM choisit de confier un rôle à une idole des jeunes ? En effet, la jeune chanteuse Françoise HARDY fait partie de la distribution. Aujourd'hui encore, si le film évoque quelques souvenirs, c'est bien grâce à la rare présence de la chanteuse dans le film.
Les deux vedettes du film qui se partagent l'écran sont bien nos deux jeunes premiers maintenant acteurs confirmés: Jean-Louis TRINTIGNANT et Jean-Claude BRIALY. Le premier retrouve VADIM pour la troisième fois après "Et Dieu...créa la femme" et "Les liaisons dangereuses".
Ce casting de qualité est complété par une excellente Suzanne FLON qui joue la sœur du patriarche et SYLVIE qui compose, a 80 ans, une grand mère gâteuse qui rigole fort de temps à autres, selon la situation...
Jean-Louis TRINTIGNANT compose une nouvelle fois un rôle de jeune romantique. Nous le découvrons, en Suède, en train de s'enfuir après s'être battu en duel, à l'ancienne. Il décide de se rendre visite à sa famille, qui habite dans un château. Les membres vivent en vase clôt et possèdent la curieuse habitude de vivre et de s'habiller selon les coutumes du 19ème siècle pour des raisons de qualité de vie et pour se vêtir de beaux vêtements. D'ailleurs Hugo, le patriarche, se fait sermonner par sa sœur quand il rentre de ses travaux d'entretien du château, en jeans et en vieux pull! Eric doit donc se plier aux us et coutumes de cette curieuse famille. Il est fort bien accueilli par l'extravagant Sébastien joué par le charmant et iconoclaste Jean-Claude BRIALY. Force est de constater que l'acteur apporte du rythme au film et est bien sûr le comploteur du groupe. Eric apprend également l'histoire de la famille. Le film se teinte de mystère lorsque la nuit, dans les couloirs, Eric aperçoit le fantôme d'Ophélie, première femme d'Hugo... C'est Françoise HARDY qui joue cette jeune femme et doit mimer la folie légère. Car, Ophélie est bien vivante et vit recluse dans le château et entretien une liaison avec Sébastien. Tout ceci n'est pas très clair. Les choses se compliquent lorsque Eric, qui tombe sous le charme de la sulfureuse mais calculatrice Eléonore, trouve un squelette dans la propriété lors d'une partie de chasse ce qui n'émeut pas vraiment la famille. Eric ne le sait pas, mais il est en fait enfermé chez une sorte de "Famille Adams" qui ne compte pas le laisser repartir. Sébastien est en colère, car sa sœur (avec qui il a eu des relations incestueuses) n'est pas capable de retenir Eric dans le château. La neige tombe, le temps devient trop dangereux pour partir. Hugo pense qu'Eric entretien une liaison avec sa femme et le clan décide de tuer Eric, ce qui rate bien sûr. L'excellente Suzanne FLON projette d'endormir Eric avec des chocolats "empoisonnés" mais elle se mélange les pinceaux et ne sait plus qui a mangé quel chocolat. Elle s'évanouit. Le film finalement vire de plus en plus à la comédie. Ophélie est enceinte de Sébastien, et celui-ci pense que Eric devrait en être officiellement le père pour s'éviter quelques problèmes avec Hugo. Au lieu de tuer Eric, il faut le retenir à tout prix. Mais celui-ci veut absolument s'enfuir de cette maison de dingo et parvient à s'échapper. Hélas, il mourra de froid. Dans le château, la vie a repris son cours. Mais un nouvel arrivant risque bien de relancer la machine infernale.
Au final, Roger VADIM propose une comédie, ce qui est un peu inattendu chez lui. Malgré l'implication des acteurs, il n'évite pas l'écueil de la pièce filmée, et le rythme du film s'en ressent et on s'ennuie un peu vers la fin du film. Les situations s'enchaînent et le film contient de très nombreux dialogues. C'est malgré tout un film agréable sans véritable enjeux. Alors que BRIALY est très en verve et apporte un peu de rythme au film, Jean-Louis TRINTIGNANT cabotine un peu. Comme il l'avoue dans diverses interviews, il ne donnait que le strict minimum quand le film ne l'intéressait guère. Il prend la pose de jeune romantique lorsqu'il a la belle Monica VITTI dans ses bras, mais se révèle assez mauvais dans les scènes de franche comédie. L'actrice elle se révèle assez drôle en plus d'être belle, mais ne comptez pas sur une quelconque scène sulfureuse, c'est un VADIM très chaste. L'actrice SYLVIE se révèle très drôle et aura un beau succès d'estime deux ans plus tard avec "La vieille dame indigne". Quand à Françoise HARDY sa prestation n'est pas déshonorante.
On pourra reprocher au film un coté surfait, bourgeois, un exercice de style comme d'habitude chez le réalisateur. C'est cependant une rareté à redécouvrir d'autant plus qu'il est difficilement trouvable en vidéo.
Malgré le casting, le nom du réalisateur et la renommée de Françoise SAGAN le film est une nouvelle déception pour Roger VADIM au box office. Péniblement le film passe le million de spectateurs, un résultat bien en deçà des attentes. Le film n'est pas dans le top 50 annuel 1963. Pourtant Roger VADIM est en train de réaliser son nouveau film "La ronde" qui sera ambitieux et qui devrait le relancer.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 047 586
ENTREES PARIS
226 192
ENTREES BANLIEUE
36 958
ENTREES PARIS BANLIEUE
263 150
1ère semaine
6
20 980
2
2ème semaine
9
18 616
3ème semaine
9
13 068
4ème semaine
12
10 397
5ème semaine
17
8 894
6ème semaine
16
15 743
7ème semaine
17
12 540
Nombre de semaines Paris
9
Moyenne salles Paris 1ère sem
10 490
Cote du succès
* *
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