• CLASSE TOUS RISQUES - BOX OFFICE JOSE GIOVANNI 1959

    CLASSE TOUS RISQUES


    23 MARS 1960

       

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    Réalisation

    Claude SAUTET

    Scénario

    José GIOVANNI

    Claude SAUTET

    Pascal JARDIN

    Photographie

    Ghislain CLOQUET

    Musique

    Georges DELARUE

    Production

    Jean DARVEY

    FILMSONOR

    Distribution

    CINEDIS

    Durée

    104 minutes

    Tournage

    07/10/59- 06/12/59

    Abel DAVOS

    Lino VENTURA

    Eric STARK

    Jean-Paul BELMONDO

    Liliane

    Sandra MILO

    Arthur GIBELIN

    Marcel DALIO

    Commissaire BLOT

    Jacques DACQMINE

     
     

    Abel Davos, avant de partir pour la France avec sa femme et ses deux enfants, tente en Italie, en compagnie de son ami Raymond, un dernier hold-up. Le coup réussit. Le petit groupe, après quelques péripéties, gagne la France par mer, clandestinement. Mais ils sont surpris par des douaniers. Abel réussit à s enfuir aves ses deux fils. Sa femme et Raymond sont tués. Signalés, traqués, Abel et les deux garçons se terrent dans un hôtel de Nice. Il fait alors appel à ses amis de Paris. Il n'a, jadis, rendu que des services et il est en droit, aujourd'hui, d'attendre leur reconnaissance. Ce sera cependant un inconnu, Eric Stark, qui viendra le chercher au volant d'une ambulance car ses anciens amis n'ont pas voulu courir de risques. Une solide amitié lie bientôt Abel et Eric. A Paris, Abel se détourne de la pègre. Eric le cache dans une chambre de bonne. Ayant placé ses enfants chez un vieil ami de son père qui veillera à leur éducation, il vit avec le souvenir de sa femme morte. Il se sent de « trop », refuse de reprendre un genre de vie qui ne lui a apporté que remords et conseille à Eric de vivre honnêtement. Mais la pègre, autour de lui, veille. Ses anciens amis échafaudent une machination pour se débarrasser de lui par crainte qu'il se venge de ne pas l'avoir aidé. Abel supprime deux traîtres. Un peu plus tard, Eric est blessé et arrêté en lui évitant d'être surpris par la police. Au fond d'une cachette sordide, Abel, écrasé de dégoût fait le bilan de sa vie. Il renonce une dernière fois à la violence et, peu après, se laissera arrêter et sera condamné à mort.

     **********************

    "Classe tous risques" c'est tout d'abord un livre d'un des plus grands représentants du polar à la française, José GIOVANNI. Sorti de prison en 1956 après 10 ans d'incarcération, il écrit d'un trait quatre romans en un an dont "Le trou", "le deuxième souffle", "l'excommunié" adapté au cinéma sous le titre "Un nommé La Rocca" puis son remake sorti en 1972 sous le titre "La scoumoune" et ce fameux "Classe tous risques". Cette frénésie d'écrire ainsi que la qualité de ces romans, fleurons du genre, seront bien sûr repérés par l'industrie cinématographique. "Le trou" et "Classes tous risques" seront rapidement adaptés au cinéma, l'auteur adaptant ces propres œuvres. Il entre ainsi dans le milieu du cinéma de plein pied.

    Claude SAUTET qui a étudié à l"IDHEC cherche le sujet qui le fera reconnaître au cinéma. En effet ce n'est pas avec  l'affligeant "Bonjour sourire" avec Louis de FUNES et Henri SALVADOR en 1956 qu'il s'est fait remarquer. Bon technicien et possédant des talents d'écriture, il participe au film "Le fauve est lâché" avec..Lino VENTURA et  "Les yeux sans visage" en 1959. Adapter et réaliser "Classe tous risques" avec un acteur connu comme Lino VENTURA dans un genre qui a les faveurs du public semble être enfin la porte vers la route du succès.

    Lino VENTURA espère quitter le monde des séries B une fois pour toutes. Certes, c'est un comédien connu et régulièrement demandé dans des seconds rôles de gangsters, de brutes, voire de policier dans le meilleur des cas. Ses films avec Jean GABIN ont bien fonctionnés, "Le gorille vous salue bien" a été un bon succès et en 1959 il a participé a de beaux succès du cinéma comme "Le chemin des écoliers" ou "Marie-Octobre" mais il tenait un second, voire troisième rôle. Le sujet du film en or, semble être le bon tremplin pour obtenir le succès sur son nom. Il ne peut compter indéfiniment sur Jean GABIN (qui l'a relancé à plusieurs reprises) ou sur les films de gangsters.

    Jean-Paul BELMONDO est toujours un inconnu du grand public. S'il a retrouvé goût au cinéma grâce au tournage chaleureux de "A double tour", il se consacre au tournage d' "A bout de souffle" de Godard dont il ne comprend pas grand chose au film d'ailleurs. Il est approché par Claude SAUTET qui se souvient de lui, car ils se sont rencontrées par hasard quelques temps auparavant. Mais la production ne veut pas entendre parler de lui. Un acteur de la mouvance "nouvelle vague" serait le bienvenu comme Laurent TERZIEFF ou Gérard BLAIN par exemple. SAUTET insiste et présente BELMONDO a Lino VENTURA. Le courant passe instantanément et Lino va mettre tout son poids afin que la production cède. A l'instar d'un Jean Gabin qui a pris Lino sous son aile, ce dernier rend la pareille à BELMONDO. Sur le tournage, le patron c'est Lino et BELMONDO est l'apprenti.

    Le montage d"A bout de souffle" est si long que BELMONDO a le temps de tourner " Classe tous risques". Hasard du calendrier, les deux films sortiront à une semaine d'intervalle à Paris.

    Production franco-italienne oblige, Le reste du casting intègre la jeune Sandra MILO déjà vue dans "La jument verte" et "Le chemin des écoliers" en 1959. Des acteurs très confirmés comme Marcel DALIO ou Jacques DACQMINE intègrent le film.

    Le film suit très fidèlement la trame du livre de GIOVANI lequel s'est inspiré d'un tueur à gages bien connu dans le milieu pour son personnage principal.

    Claude SAUTET va soigner sa copie. Le film est tourné en décors réels en Italie et dans le Sud de la France. La caméra est souvent situe au cœur de l'action, dans la voiture même des acteurs, ce qui renforce le coté réaliste du film. On est loin des transparences grossières utilisées par les productions d'Hollywood. Cette manière de tourner sert le propos du film. Lino VENTURA joue Abel DAVOS un gangster en cavale en Italie. Fait très inhabituel celui-ci entraîne avec lui femme et enfants en bas âge. Bon père de famille en apparence, il cherche à regagner la France, mais manque d'argent. Il dévalise un encaisseur en pleine rue avec son meilleur ami Raymond. Ce sont deux inséparables amis "trompe la mort" qui sont cul et chemise. Pris en chasse par la police ils échappent de peu à la capture, voire pire. Ils en rient, c'est presqu'un jeu, le risque les rapproche... Mais un jour ou l'autre la chance tourne. Le groupe au complet tente de rallier les côtes françaises en bateau. Ils balancent le propriétaire du bateau à la mer, et accostent. Pendant qu'Abel s'éloigne, les douaniers surprennent Raymond et la famille d'Abel, une fusillade éclate, les douaniers meurent, mais Raymond également ainsi que la fidèle femme d'Abel. Désemparé Lino ne sait que faire, et voyage en car avec ses deux enfants. Lino montre un homme inquiet, désabusé. Tout le coté humain de l'acteur sert le personnage.

    Il appelle ses amis parisiens pour le remonter vers Paris. Riton, Raoul...ce sont ses potes des grands coups, des copains "comme ça". Mais la fraternité proverbiale des mauvais garçon a du plomb dans l'aile. Rangés des voitures, bourgeois, ils sont en fait  bien embêtés par cet ami bien gênant. qui est recherché  Du coup, ils vont embaucher quelqu'un pour remonter Abel. Ils achètent une ambulance d'occasion qui pourra cacher les enfants et où Abel pourra se cacher bardé de pansements. 

    Eric STARK, joué par BELMONDO, est un jeune homme discret et efficace. Il n'a pas froid au yeux et va s'acquitter de sa tâche sans encombre. Il respecte Abel qui est une figure et comprend que celui-ci soit très déçu de constater le manque de courage de ses anciens complices. Il admire cette figure du grand banditisme, une légende dans le milieu et le respecte. Il s'occupe même de ses enfants durant la remontée vers Paris. Les deux sympathisent.

    Sur la route, Eric surprend une dispute entre un homme et une femme sortis de leur voiture. L'homme moleste la jeune femme. Eric l'étend aussitôt pour le compte et ramène la jeune femme, jouée par Sandra MILO à Paris. Liliane, une jeune actrice, a quitté son impresario trop pressant. Le coup de foudre entre Liliane et son chevalier servant semble immédiat. Bien qu'elle ressent que l'histoire d'Eric et d'Abel est "bizarre" elle va bien les aider à passer les barrages aux portes de Paris.

    Abel est très déçu par l'attitude de ses anciens amis. Mous du genou, peureux, il comprend très bien que ceux-ci ne l'aideront pas beaucoup. Il est traité comme un pauvre va-nu-pieds. Il n'aura pas grand chose d'eux et préfère partir, l'amitié brisé. Eric l'héberge avec plaisir. Abel place ses enfants en lieu sûr mais souffre de cette séparation. Abel loge dans une chambre de bonne prêtée par Eric, dans le même immeuble. Il est tombé bien bas, mais il peut compter sur l'amitié d'Eric.  Il lui reste des diamants d'un casse ancien. Il tente de les refourguer à Arthur, mais celui-ci tente de le pigeonner. Fou de rage Abel le menace et lui prend 5 millions. Un moindre mal au vu de ce qu'il a rapporté durant toutes ces années. Abel est écœuré. Le vol de cet argent, une partie du trésor de guerre de ses ex-amis va lui attirer ses ennuis.

    Pendant ce temps Eric et Liliane ont noué une romance. 

    Eric surprend un privé qui rôde autour de lui. Il le moleste et celui-ci lui livre le pot au roses. Abel se rend chez le patron de l'agence de détective et attire le commanditaire dans un piège; il s'agissait d'Arthur. Abel comprend que ses amis voulaient le donner à la police. Il tue Arthur, puis au rencontre Raoul et l'élimine également. Reste Riton qui le donne à la police. Alors que la police fait irruption dans l'immeuble Eric se sacrifie et retarde la police. Abel s'échappe par les toits.

    On lui donne l'adresse de la cachette de Riton. Fatigué, déçu, Abel jette l'éponge, il en a assez de tuer. Trop de morts. Il s'en va conscient qu'il n'a pas d'avenir et donne de l'argent pour Eric afin qu'il se paye un bon avocat...Il se fera arrêter et exécuter.

    Claude SAUTET livre un polar crépusculaire d'une grande force. Réaliste, tourné en décors naturels, il décrit un homme désabusé, dépassé, qui fait partie d'un passé glorieux qui n'a plus sa place. Le film oscille entre trahison et histoire d'amitié comme d'habitude chez GIOVANI.

    Un film qui vaut largement "Touchez pas au grisbi" ou "razzia sur la chnouf". Il influencera également beaucoup Jean-Pierre MELVILLE qui empruntera au film plusieurs thèmes.

    Les acteurs sont excellents, Lino VENTURA trouve enfin un rôle à sa mesure. Il décrit un homme dur qui passe par une large palette de sentiments. Un dur, blessé dans son être et qui a perdu une partie des siens, et surtout, ses illusions. BELMONDO éclate dans le film. Il joue le rôle d'un jeune dur courageux, franc, et fidèle en amitié. Un rôle dopé par le physique et l'abattage de BELMONDO.  Avec SAUTET, le polar prend un autre ton et est joué autrement, moins folklorique que les films des années 50.

    Dans l'attente de la sortie des deux films, Jean-Paul BELMONDO apparait à la télévision dans "Les 3 mousquetaires" pour les fêtes de fin d'année 1959. Une prestation qui impressionne les téléspectateurs et qui le rend populaire. Il tourne "Moderato cantabile" quand sortent les deux films. Alors qu'" A bout de souffle" rencontre un succès paris parisien d'importance, "Classe tout risque" se classe premier des exclusivités parisiennes mais sera assez rapidement retiré de ce circuit. Dans les quartiers le film ne marche pas outre mesure. En France le film passe difficilement le million d'entrées et ne figure pas dans le top 50 de l'année (source CNC). C'est une relative déception pour Claude SAUTET qui va prendre une pause avant sur film suivant en 1965 avec... Lino VENTURA, entretemps il redevient scénariste et assistant réalisateur. Lino VENTURA est déçu par l'accueil du film. Ce n'est pas encore cette fois là qu'il obtiendra  LE grand succès. Et pourtant celui-ci est très proche...

    Jean-Paul BELMONDO grâce à "A bout de souffle" est devenu la coqueluche des réalisateurs. Même si "Classe tous risques" ne cartonne pas, sa prestation a été très remarquée également. Pour lui, c'est la fin des vaches maigres, s'il sait saisir les occasions qui vont se présenter à lui. Une étoile est née.

    José GIOVANNI va devenir un des scénaristes les plus prisés.

    Avec le temps le film a acquis un statut de film culte, et, au gré des rééditions a augmenté son cumul d'entrées aujourd'hui proche des 1.8  millions d'entrées. Œuvre majeure du polar français, le film a été très apprécié des cinéphiles de tous pays, surtout des américains qui considèrent le film comme étant un classique du cinéma. 

     

    CRITIQUES DU FILM A SA SORTIE ( merci à Didier NOISY ) 

     

     

    « Le magnifique talent de Lino Ventura s’affirme ici avec éclat. Ce film lui doit beaucoup. il incarne le rôle du gangster descendu aux enfers avec une sorte de tendresse humaine que l’ont n’est pas habitué à rencontrer dans une œuvre de ce genre ».  (Marcel Huret, ‘’Radio-cinéma’’).

     

    « Avec son premier film, on découvre en Claude Sautet un goût prononcé pour la violence et l’efficacité de la ‘’série noire’’ américaine, mais surtout de solides qualités professionnelles ».  (‘’Télé 7 jours’’).

     

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    1 726 839

     

    ENTREES PARIS

     

    502 775

     

    ENTREES BANLIEUE

     

     

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

     

     

    1ère semaine

    1

    56 729

    3

    2ème semaine

    2

    43 653

     

    3ème semaine

    3

    32 320

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

     

     

    Cote du succès

     

    * *

     

     

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