• GARDE A VUE - LINO VENTURA BOX OFFICE 1981

     

    GARDE A VUE


    23 SEPEMBRE 1981

     

     

    GARDE A VUE - BOX OFFICE LINO VENTURA 1981

     

     

     

    • Réalisation : Claude Miller
    • Scénario : Claude Miller et Jean Herman
    • Dialogues : Michel Audiard
    • Production : Alexandre Mnouchkine et Georges Dancigers
    • Distribution : AMLF
    • Tournage : 27 janvier au 13 mars 1981
    • Photographie : Bruno Nuytten
    • Musique : Georges Delerue
    • Sociétés de production : Les Films Ariane et TF1 Productions
    • Durée : 84 min (1h24)
    • Lino Ventura : inspecteur Antoine Gallien
    • Michel Serrault : Jérôme Martinaud
    • Romy Schneider : Chantal Martinaud
    • Guy Marchand : inspecteur Marcel Belmont
    • Jean-Claude Penchenat : commissaire divisionnaire
    • Pierre Maguelon : inspecteur Adami

     

    Geneviève et Pauline, âgées de 8 ans, ont été violées et assassinées à une semaine d'intervalle. En cette nuit de la Saint-Sylvestre, l'inspecteur Antoine Gallien et son adjoint, Marcel Belmont, ont convoqué au commissariat un notable de la ville, le notaire Jérôme Martinaud, pour lui faire préciser, une nouvelle fois, dans quelles conditions il a trouvé le corps de Pauline qu'il connaissait. Ironique et méprisant, Martinaud perd bientôt de sa superbe quand Gallien, s'appuyant sur son absence d'alibis, lui démontre qu'il peut être l'auteur des deux crimes. Martinaud s'embrouille alors dans ses explications et se lance ensuite dans une longue narration de sa désastreuse vie sentimentale et conjugale. Suspect et non plus témoin, Gallien décide de le placer en garde à vue. Brutalisé sans succès par Belmont, mais confondu par le témoignage de sa femme, Chantal, Martinaud finit par avouer. Or la découverte d'un cadavre dans le coffre d'une voiture et les aveux de son propriétaire le disculpent. Au petit matin, sortant libre du commissariat, Martinaud retrouve sa femme inerte au volant de leur voiture. Chantal s'est, en effet, suicidée après sa déclaration mensongère...

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    Cela fait maintenant 5 ans que Lino VENTURA n'a pas connu de succès, depuis "Adieu Poulet", et ce n'est pas sa prestation dans le  film à sketches "Les séducteurs" qui va rassurer ses admirateurs. Certes, l'intention de Lino VENTURA de porter des projets difficiles est fort louable, mais en terme de box office cela peut être risqué. Durant ce temps les DELON et BELMONDO se sont reconstruit un parcours commercial sans faille autour de leur nom. Son retour au premier plan s'effectuera peut être dans ce "Garde à vue" signé Claude MILLER. Le réalisateur est très en vue après les succès de "La meilleure façon de marcher " et de "Dites lui que je l'aime" mais est plutôt enclin à tourner avec la jeune génération de l'époque dans des films anticonformistes. Mais "Garde à vue" est un polar "à l'ancienne" et le réalisateur va se baser sur un projet de Michel AUDIARD qui tient absolument à adapter un roman dont il a acheté les droits. Ce dernier va impliquer le réalisateur pour apporter un soin particulier au scénario. Jean VAUTRIN (sous le pseudo Jean HERMAN) un spécialiste du polar apporte son aide précieuse et l'équipe va livrer un beau script où AUDIARD écrit les dialogues.

    Du coté de acteurs la production n'hésite pas à embaucher du beau linge. En dehors de Lino VENTURA qui va retrouver un rôle de flic, Michel SERRAULT va devoir prouver au public que le César qu'il a obtenu pour "La cage aux folles" ne représente qu'une facette de son grand talent. Cerise sur la gâteau, Romy SCHNEIDER participe au film. Un rôle court, mais difficile, pour un personnage primordial de l'intrigue. Au niveau des seconds rôles, Guy MARCHAND va tenter de se faire une petite place face à cette réunion de cadors.

    Claude MILLER va devoir se dépêtrer d'un sacré challenge. L'intrigue se déroule en effet durant le réveillon de la Saint Sylvestre et se situe dans l'enceinte d'un bureau de la Police Judicaire. C'est un huis clos et il convient d'éviter l'effet de la pièce de théâtre filmée, c'est pourquoi les dialogues d'AUDIARD sont très important. Ils rythment le film et doivent intéresser le spectateur. De plus MILLER décide que le film sera court, à peine plus de 80 minutes au compteur, c'est une bonne décision pour la clarté du film.

    L'inspecteur Gallien est joué par Lino VENTURA qu'on retrouve dans un rôle de flic, rassurant pour le spectateur qui se retrouve en terrain connu. C'est plutôt un bon flic, qui possède de l'expérience, et qui sait faire preuve de patience, d'humanité et de patience, bref le flic qu'on aimerait toujours avoir devant soi. Pour les besoins d'une enquête très sensible, il décide de passer à la vitesse supérieure et de mettre la pression sur le principal témoin de l'affaire: maître Martinaud. Celui ci possède la particularité d'avoir découvert le corps d'une fillette et doit donner des détails complémentaires pour l'enquête. C'est Michel SERRAULT qui interprète cet avocat qui fait partie du Gotha parisien. Assez antipathique d'un premier abord, il doit faire face à une situation embarrassante alors qu'il est attendu à sa soirée de la Saint Sylvestre. Il participe d'ailleurs à l'interrogatoire en smoking. La grande question est de savoir s'il est coupable ou non. Bien sûr le doute va s'insinuer dans la tête du spectateur grâce à un Michel SERRAULT magistral. Cassant, énervé, agressif, celui-ci commence à se contredire dans son témoignage, à s'agacer, surtout que l'adjoint de Gallien est particulièrement agaçant, un rôle de composition pour Guy MARCHAND, belle tête à claque qui débite des blagues de mauvais goût. La première partie du film s'achève sur un Martinaud en mauvaise posture et qui s'est enfoncé dans un témoignage flou. Il est mis en garde à vue par GALLIEN dont le sens du détail a tôt fait de mettre à mal le témoignage de l'avocat.

    Gallien va devoir s'absenter pour tenir informé sa hiérarchie de la garde à vue de Martinaud. Durant ce temps l'inspecteur Belmont agacé par les piques de Martinaud va le travailler au corps selon les vieilles méthodes policières. Apeuré, Martinaud tente de s'échapper, mais Gallien revient et apaise les esprits.

    La seconde partie décrit un tête à tête entre Martinaud et Gallien. Le portrait psychologique de l'avocat se met à jour. C'est un homme seul, malheureux qui ne partage plus le lit de sa femme. Le couple ne se parle plus et n'a pas d'enfants. SERRAULT est toujours remarquable dans le portrait de ce bourgeois qu'un Claude CHABROL n'aurait pas renié. Gallien décide d'interroger à titre privé la femme de Martinaud. Romy SCHNEIDER apparait sobre, austère. Elle révèle vite l'origine des chambres à part dans le couple Martinaud. Selon elle, elle aurait surpris un soir  de noël son mari avec sa petite nièce en conversation intime. On ne saura jamais ce qu'il lui a dit, peut être rien du tout, mais dans son esprit il est coupable de quelque chose, car la petite l'a regardée en souriant. Peut être s'est-il confié à la petite sur ses problèmes conjugaux, ou peut être apprécie-t-il seulement la présence d'une enfant lui qui n'en a pas, on ne saura jamais, mais Chantal est désormais une femme blessée et soupçonneuse. En fait, elle déteste son mari et sous entend qu'il pourrait être pédophile. Elle va donner la preuve nécessaire à Gallien pour inculper son mari. 

    Celui-ci accuse le coup. Tout semble l'accabler. Il avoue. Pour Gallien, l'enquête est terminée et dans ce petit matin du nouvel an, il est félicité par la hiérarchie. Mais un coup de théâtre un peu tiré par les cheveux, va totalement innocenter Martinaud. Dépité, hébété, Gallien ne comprends pas, ou croit comprendre. Détruit moralement, Martinaud a préféré finir en prison plutôt que de continuer de vivre sa vie personnelle. Narquois, il se moque de Gallien qui accuse le coup. Martinaud rejoint sa femme dans sa voiture, mais celle-ci a choisi de ne pas affronter sa terrible faute. Affolé Martinaud  appelle Martinaud qui constate les dégâts. En cette salle nuit, trois destins ont basculé.  

     

    Claude MILLER est parvenu à composer un film à l'américaine, bien construit et efficace, malgré quelques facilités scénaristiques. Ce n'est pas seulement un policier, mais aussi une description de la bourgeoisie et le portrait d'un homme seul. Bien sûr, Michel SERRAULT éclabousse le film de son talent et est très largement au dessus du lot. Lino VENTURA se "contente" de lui renvoyer la balle efficacement. Alors qu'il doit constater le talent de son partenaire, il ne tente jamais de tirer la couverture à lui et se révèle un très bon partenaire, comme au théâtre. Une composition sobre, efficace et rassurante. Une nouvelle fois, Romy SCHNEIDER compose un personnage trouble, négatif, voire morbide. Une réussite, mais parfois on souhaiterait que l'actrice se sorte de ces rôles négatifs.

     

    La critique souligne la qualité du film qui sort dans une période de forte concurrence. "Les aventuriers de l'Arche perdue" caracole en tête du box office et les films français de qualité sont légions en cette période. Le film décroche la seconde place du Box office hebdomadaire parisien et surtout va la conserver les deux semaines suivantes en perdant peu d'entrées, signe d'un fameux bouche à oreille. Le film passe les deux millions de spectateurs en France ce qui permet à Lino VENTURA de prouver qu'il est toujours capable de réunir un large public. Il va d'ailleurs poursuivre sur sa lancée de films "commerciaux". On se doute qu'après 5 ans de disette, le succès du film a du le rassurer.

    Le film va obtenir plusieurs récompenses au Césars: Michel SERRAULT obtient logiquement une deuxième statuette hautement méritée. Guy MARCHAND obtient celui du  meilleur second rôle à la surprise générale. cette récompense va lui permettre d'obtenir des rôles plus importants. Michel AUDIARD et ses acolytes obtiennent celui du meilleur scénario. Une juste récompense pour AUDIARD qui a retrouvé temporairement toutes ses facultés de dialoguiste hors paire.    

     

    Le film demeure aujourd'hui un classique des années 80 et reste régulièrement diffusé à la télévision.

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    2 098 038

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE
    source "le Film FRANCAIS"

     

    726 359

     

    1ère semaine

    2

    165 240

    29

    2ème semaine

    2

    122 276

    30

    3ème semaine

    2

    101 276

    32

    4ème semaine

    4

    79 146

    32

    5ème semaine

    4

    61 262

    35

    6ème semaine

    8

    44 712

    24

    Nombre de semaines Paris

     

    32

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    5 698

     

    1er jour Paris

     

    18 909

     

    Cote du succès

     

    * * *

     

     

     

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    LINO VENTURA - GARDE A VUE

     

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    MICHEL SERRAULT - GARDE A VUE

     

    LINO VENTURA - GARDE A VUE

     

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    GUY MARCHAND - GARDE A VUE

     

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    ROMY SCHNEIDER - GARDE A VUE

     

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    LINO VENTURA ET MICHEL SERRAULT - GARDE A VUE

     

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  • Commentaires

    1
    gamorrean
    Mardi 8 Mars 2016 à 20:53

    merci pour ta fiche très sympa à lire, juste un détail : Martinot est notaire et non avocat.

    Je n'avais jamais vu le film et l'ai découvert hier, enchanté! heureusement je n'en avais pas lu de résumé, et jusqu'au dernier quart d'heure j'étais dans le doute si Martinot est coupable ou non... et la composition de Serrault (et tu as raison de parler des dialogues où chaque mot compte, l'ironie de Martinot liée à sa détresse et finalement son humanité sont très bien rendus) rend le personnage (pourtant possiblement coupable d'une horreur) humain malgré son mépris; et son intelligence et sa façon de se cacher derrière son mépris le rendent suspect, d'autant plus quand il commence à s'embrouiller et qu'on découvre ses mensonges. Bref, pas juste un numéro d'acteur mais en plus un film psychologique fin dans un écrin de mystère policier (une sorte de suspens intellectuel où l'on cherche comme l'inspecteur la vérité derrière le spectacle qu'offre Martinot). Si le retournement pour toi est tiré par les cheveux, personnellement je n'ai pas trouvé, et les parenthèses aérées en cours du film ne font pas une seconde imaginer ce retournement; et en plus d'apporter la touche dramatique finale au personnage de Martinot, cela apporte une réflexion sur nos jugements à priori, car pendant tout le film je m'étais identifié aux inspecteurs en train de préjuger Martinot, et quand l'inspecteur dit à Martinot que "ce n'est pas un jeu", mais pourtant effectivement on est en train de jouer au chat et à la souris, avec Martinot dans le rôle de la souris qui doit être croquée à la fin, innocente ou pas. Lors du récit de sa femme, les scènes avec l'enfant sont très belles, mais dans le contexte on peut effectivement y caser de la pédophilie, alors que dans une autre histoire cette même scène (filmée à l'identique) on y aurait vu de l'amour... cela m'a rappelé le film sur l'affaire d'Outreau qui dans un style très différent parle aussi de nos pré-jugements basés sur nos à priori.

    Un  film vraiment réussi, pour son côté psychologique (la description d'un couple destructeur) et pour son côté policier (est-il coupable), deux versants très opposés mais qui pour une fois s'enrichissent l'un l'autre.

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