• LE TATOUE - BOX OFFICE DENYS DE LA PATELLIERE 1968

    LE TATOUE

     

    18 SEPTEMBRE 1968

     

     

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    Réalisation Denys De La PATELLIERE
    Scénario Pascal JARDIN
    Photographie Sacha VIERNY
    Musique Georges GAVARENTZ
    Production Maurice JACQUIN
    Robert DORFFMAN
    Films COPERNIC
    Distribution PRODIS
    Durée 90 minutes
    Tournage  
    LEGRAIN Jean GABIN
    Felicien MEZERAY Louis DE FUNES
    Madame MEZERAY Dominique DAVRAY

     

    Brocanteur enrichi dans le commerce des peintures naïves, Félicien Mezeray découvre un jour un authentique Modigliani tatoué sur le dos de Legrain, ancien légionnaire coléreux et misanthrope. Désormais Mezeray n'a plus qu'une idée, une obsession : acquérir le « tableau ». Déjà, il l'a vendu à des Américains qu'il a contraints auparavant à acheter plusieurs dizaines de tableaux invendables dont il voulait se débarrasser. La première visite des Américains et de Nézeray chez Legrain tourne mal. Celui-ci les chasse à coups de fusil. Mais Mezeray ne se tient pas pour battu. Il retourne dans le pavillon de banlieue du légionnaire et lui fait la proposition suivante : s'il accepte de lui donner le Modigliani, Mezeray remettra à neuf, à ses frais, sa bicoque de campagne. Le légionnaire, pour la première fois, dit oui. Dans une vieille voiture, il emmène l'homme d'affaires dans sa campagne. Le voyage est long, difficile. Les deux voyageurs passent une nuit sous la tente. Mézeray est furieux de la prolongation du voyage, et plus furieux encore de n'avoir pas de téléphone à sa disposition. Enfin on arrive au but : qu'elle n'est pas la surprise de Mézeray quand 11 découvre que la soi-disante bicoque est en fait un magnifique château du XIVe siècle qu'il faudra des millions pour restaurer ! La première nuit au château est troublée par des pillards. Un fusil à l'épaule, les deux compagnons partent en chasse, et les pillards finiront aux oubliettes où la police, ameutée par leurs cris, les retrouvera le lendemain. Mézeray a convoqué l'entrepreneur de maçonnerie du village. Les travaux ont commencé. Legrain, qui est en réalité un noble de haut lignage, est obligé de signer la cession du tableau. Il surprend une conversation secrète entre Mézeray et l'entrepreneur. Quand, plus tard, des pierres lui tombent presque sur la tête, ,Legrain est persuadé que Mézeray avait ordonné un accident criminel. Il le rattrape sur la route. L'homme d'affaires s'explique : il avait simplement recommandé au maçon de bâcler le travail. Impatients, les Américains, restés à Paris, envolent deux détectives au château. Ceux-ci, comme plus tard la délégation ministérielle venue féliciter Legrain et Mézeray des travaux en cours, finiront tous aux oubliettes. Quant au brocanteur, conquis par les beautés de la vie, campagnarde, surtout quand elle est agrémentée d'une petite chasse aux pillards de temps en temps, il a décidé de s'installer chez le châtelain. Les deux hommes sont en effet devenus les meilleurs amis du monde, et miracle ! ! Mézeray ne semble plus songer au tableau ni à ses bénéfices.

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    Après une escapade du coté de chez GAUMONT, Jean GABIN est de retour dans une production Maurice JACQUIN avec qui il est sous contrat. Leur précédente association a donné laissance à un très bon polar "Le soleil des voyous" et cette fois, le producteur va lui adjoindre un acolyte, et pas des moindres. En effet il est parvenu à convaincre Louis DE FUNES de tourner avec GABIN. Ce n'est bien sûr pas la première fois que les deux acteurs se rencontrent. En 1956 s'était pour le célébrissime "La traversée de Paris". A l'époque Jean GABIN était redevenu une superstar et DE FUNES n'avait que le petit rôle, fantastique certes, de Jambier l'épicier adepte du marché noir. En 1962, Jean GABIN est toujours une star et DE FUNES a le privilège de jouer avec lui le rôle d'un restaurateur auvergnat adepte des courses qui se fait pigeonner par "Le gentleman d'Epsom". L'acteur n'est encore qu'une vedette très demandée, un an avant sa réussite dans "Pouic Pouic".

    En 1968 les choses ont bien changé. Jean GABIN est toujours une star mais entretemps DE FUNES est devenu une Superstar. En 1967 ses trois films ont intégré le top 5 au box office  l'année, dont les deux premières places. "La grande vadrouille" sorti fin 1966 a fait la majorité de ses entrées en 1967. De FUNES c'est plus de 20 millions d'entrées en un an, et ça calme la concurrence, et surtout cette réussite inouïe, colossale, attire les jalousies.

    Alors évidemment, pour Jean GABIN, le changement de statut de DE FUNES ne peut être  qu'impressionnant, même si c'est la garantie pour lui d'un succès au box office. Mais c'est peut être là, que le bat blesse. Le cachet de GABIN est garanti par contrat, mais il est fixe. Louis DE FUNES, lui, est cher, mais est également intéressé aux bénéfices du film. De toutes façons, il gagnera sans doute plus que GABIN et cela doit agacer le vieux lion, qui pourtant lui aussi s'est mis à la production depuis " L'âge ingrat" en 1964.

    Pour rassurer GABIN, celui-ci retrouve Denys DE LA PATELLIERE qui l'avait dirigé, entre autres, dans "Du rififi à Paname". Le réalisateur a connu des résultats moins probants avec "Caroline Chérie" et "Le voyage du père". C'est l'occasion pour lui de retrouver une production ambitieuse.

    Pascal JARDIN est au scénario d'après Alphonse BOUDARD, mais pas mal de scènes seront plus ou moins improvisées selon l'inspiration de DE FUNES. 

    Le concept du film est sympathique en soi : DE FUNES qui se plie aux exigences d'un original pour lui prélever la peau de son dos sur lequel est tatoué un Modigliani. Mais hélas, la qualité du film va se dégrader au fur et à mesure des scènes. Le film est clairement divisé en deux parties distinctes. la première moitié du film est fort sympathique, la seconde, laborieuse, manque cruellement de souffle.

    Les témoins du tournage que ce soient André Brunelin où la fille de Jean GABIN attestent des grandes difficultés rencontrées sur le tournage, en particulier entre les deux acteurs. La production qui le redoutait à pourtant bien veillé que les deux stars bénéficient d'une caravane de taille égale et des mêmes avantages durant le tournage. Le temps de présence des deux acteurs à l'écran est également surveillé afin qu'il soit égal. Le problème vient de la façon de la manière de travailler de DE FUNES. Ce dernier n'hésite pas à interrompre une scène afin de proposer une idée ou faire une suggestion en plein tournage, ce qui irrite Jean GABIN. Ce dernier n'apprécie pas l'improvisation et aime tourner après une préparation dans un chemin balisé. Louis DE FUNES n'hésitait donc pas à interrompre régulièrement le tournage des scènes pour retravailler ses dialogues. GABIN allait donc se rassoir en maugréant: "Qu'on vienne me chercher quand il aura fini mis au point son numéro personnel". Evidemment au vu de son statut de numéro un, DE FUNES obtenait l'accord du réalisateur bien embêté. DE FUNES ne cherchait pourtant qu'à améliorer la qualité du scénario.

    Lorsque DE FUNES était prêt, GABIN se faisait un malin plaisir à invoquer que désormais il ne disposait plus de ses repères et interrompait le tournage en demandant que le scénariste réécrive ses répliques.

    De plus GABIN était agacé que le Directeur de la photographie Sacha VIERNY (qui a travaillé avec Alain RESNAIS) soit trop proche de DE FUNES qui était très préoccupé par la mise en valeur de ses yeux bleus dans les plans rapprochés. On le sait GABIN imposait ses Directeurs de la Photographie, tels Louis PAGE puis Walter WOTTITZ, mais pas pour le film.

    L'ambiance du film s'en ressentit, les deux acteurs mangent tables séparées entourés de leur équipe artistique qui médisent sur leur voisin. Les deux acteurs logent de plus dans des hôtels différents. 

    La fille de Jean GABIN, Florence MONCORGE, regrette de voir son père qui est trop gros, mal photographié et qui surjoue ses scènes pour tenter de "dépasser" DE FUNES. Une mauvaise prestation selon elle, une constatation semblable à celle d'André Brunelin.

    Et pourtant. En 1978 Louis DE FUNES sollicite Florence MONCORGE pour être scripte sur le tournage du "Gendarme et les extra-terrestres". Il lui confia qu'il avait été fort chagriné par la mésentente des deux durant le tournage du "Tatoué". Lui ne cherchait que la perfection du gag, et admirait profondément GABIN. C'est d'ailleurs lui qui fut à l'origine de la création du prix "Jean GABIN" en 1981. Il fait de nouveau appel à la jeune femme pour le tournage de "L'avare" et désire l'embaucher pour "La soupe aux choux", mais elle n'était pas disponible. Elle garde de DE FUNES le souvenir d'un homme délicieux, courtois et discret, et bien sûr très drôle. DE FUNES admirait  GABIN mais ce dernier se sentait sans doute "menacé" par l'immense popularité de DE FUNES.

    Pourtant à l'écran, il ne reste guère de traces de la mésentente entre les deux acteurs. Certes, GABIN en fait trop. il parle fort, éructe, contrairement à DE FUNES dont le numéro est parfaitement au point comme d'habitude. La première partie est assez savoureuse. Mezeray est prêt à aller au bout du monde pour obtenir la peau du dos de Legrain et ce dernier va prendre un malin plaisir à le balader à volonté et à imposer ses caprices. Dès l'arrivée au château, les deux acteurs vont devoir meubler les grands vides du scénario qu'on devine écrit sur deux pages. La scène des pillards de nuit est laborieuse. Les deux acteurs gesticulent, remplissent l'écran de leur présence tels deux Laurel et Hardy... Les deux personnages deviennent amis, se retrouvent autour d'une table, les deux acteurs dissimulent même difficilement quelques pouffements de rire. Bref, le film très laborieux n'est sauvé que par la présence des deux acteurs. Signalons la jolie prestation d'une actrice toujours excellente Dominique DAVRAY, drôle et foldingue à souhait.

    Evidemment lors de sa sortie parisienne le film prend facilement la tête des exclusivités parisiennes ce qui devient une banalité pour DE FUNES alors que "Le petit baigneur" continue de triompher en France. Le film reste en tête du box office parisien durant 4 semaines et est le succès de la rentrée. Le film dépasse les 3 millions de spectateurs en France et se place à la 5ème place de l'année 1968. C'est donc le grand retour de GABIN dans le top 5 annuel après une année 1966 difficile avec "Le jardinier d'Argenteuil" et la très honorable 15ème place annuelle  en 1967 avec "Le soleil des voyous". Mais c'est évidemment dû à la présence de DE FUNES. L'acteur qui doit sortir un nouveau "Gendarme" en novembre est en passe de rééditer son incroyable exploit de 1967: placer 3 films dans le top 5 annuel. C'est réellement l'empereur du box office à l'époque. Jean GABIN lui va tourner un nouveau film plus "classique" pour la Gaumont sous la caméra de Gilles GRANGIER "Sous le signe du taureau".

    "Le tatoué" reste aujourd'hui une comédie mineure au grand vide scénaristique. Il reste cependant le plaisir de retrouver les deux acteurs en action. Le film multi rediffusé à la télévision possède un petit coté "Madeleine de Proust" qui en fait un film très apprécié des amoureux de cette production cinématographique joyeuse et insouciante de cette fin des années 60.     


     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

      5

    3 206 000

     

    ENTREES PARIS

     

    532 712

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

    771 586

     

    1ère semaine

    1

    80 040

    5

    2ème semaine

    1

    59 430

     

    3ème semaine

    1

    47 462

     

    4ème semaine

    1

    48 300

     

    5ème semaine

    2

    33 510

     

    6ème semaine

    4

    30 490

     

    7ème semaine

    7

    33 824

     

    8ème semaine

    7

    33 824

     

    Nombre de semaines Paris

     

    13

     

    Box office annuel Espagne

     

    966 753

     

    Cote du succès

     

    * * * *

     

     

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