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LEON MORINPRETRE - BOX OFFICE JEAN-PIERRE MELVILLE 1961
LEON MORIN PRETRE
22 SEPTEMBRE 1961
Réalisation
Jean-Pierre MELVILLE
Scénario
Jean-Pierre MELVILLE
Photographie
Henri DECAE
Musique
Martial SOLAL
Albert RAISNERProduction
Georges DE BEAUREGARD
Carlo PONTI
ROME PARIS FILMSDistribution
LUX
Tournage
01/61- 03/61
Durée
125 minutes
Léon MORIN
Jean-Paul BELMONDO
Barny
Emmanuelle RIVA
L'occupation (1940-44). Une ville de province. Une jeune femme, Barny, veuve de guerre, mère d'une fillette, coupée par les circonstances de son milieu familial habituel et livrée à une solitude néfaste pour son équilibre. Son époux était israélite. Elle-même a des sympathies pour le marxisme. Dans un moment d'énervement, il lui vient l'idée saugrenue d'entrer dans un confessionnal et de déclarer au confesseur qu'elle trouve la religion ridicule, voire perfide. L'abbé Léon Morin, plein d'esprit d'à propos, répond calmement à ses attaques, la confesse et l'absout. Puis il lui propose des livres qu'elle viendra chercher chez lui. Peu à peu, la conversion s'opère. Et, devenue apôtre comme tous les néophytes, elle fait connaître Léon Morin à quelques unes de ses compagnes de bureau. L'une tente de séduire l'abbé qui la rabroue sèchement. Cet incident éveille en Barny un sentiment complexe, à base de jalousie, d'amour peut-être. Et elle aussi essaie d'induire le prêtre en tentation. Echec total. Le prêtre absout la faute à laquelle Barny voulut entraîner l'homme. Entre temps, la libération est venue et Léon Morin est nommé curé d'une paroisse de campagne. Il quitte la ville et Barny rentre à Paris, portant au coeur une plaie qui ne se refermera jamais mais qui lui est un stimulant dans la poursuite douloureuse d'une vie meilleure.
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Si on s'arrache le jeune BELMONDO, celui-ci manque singulièrement de film référence depuis "A bout de souffle" et ce n'est pas "Moderato cantabile" qui prouve le contraire ni "une femme est une femme". Comme beaucoup d'autres cinéastes, Jean-Pierre MELVILLE désire absolument l'acteur pour interpréter le rôle de l'abbé Léon MORIN. Sa crainte est que l'acteur tombe dans un genre commercial où tant d'acteurs prometteurs se sont perdus, comme les mauvais polars de série B par exemple. Il harcèle le jeune acteur qu'il a repéré sur le tournage de "A bout de souffle" où il figurait en tant que Jean-Pierre MELVILLE. Finalement BELMONDO accepte. Le rôle est tiré d'un roman écrit par Béatrix BECK qui a obtenu le prix Goncourt en 1952. L'héroïne du livre se nomme Barny et la romancière consacrera pas moins de 4 livres à l'étude de son personnage. Barny c'est la sage, voire austère Emmanuelle RIVA bien connue depuis son rôle dans le célèbre "Hiroshima mon amour" d'Alain RESNAIS.
Si Jean-Pierre MELVILLE va adapter fidèlement le livre, c'est aussi une occasion de décrire la période de l'occupation en zone rurale, période largement traitée dans son œuvre.
Il utilise à bon escient le noir et blanc et la photographie d'Henri DECAE pour retranscrire cette triste période, austère et pauvre. Barny, veuve de guerre d'un mari juif, s'occupe de sa fille ne respire pas la joie de vivre. Foncièrement communiste dans l'âme, elle est employée à corriger des devoirs de français par correspondance dans un bureau où elle travaille avec de jeunes collègue. Pas vraiment belle, elle est jalouse de la secrétaire de Direction qui est un canon. En déficit de confiance en elle, elle possède une vie intérieure intense où ses réflexions se mêlent à une vision acerbe de son milieu, mais parfois emprunt de drôlerie. Par jeu, car elle est profondément athée, elle choisit une église pour se confesser et tombe sur un jeune Abbé Léon MORIN. Provocatrice, elle fustige l'église mais est surprise par la jeunesse de l'abbé, sa culture et son assurance. Il la remet à sa place doucement mais fermement. Elle en ressort troublée. Evidemment, elle va chercher à le revoir et l'on devine rapidement qu'elle est sous le charme du charismatique prêtre. Il faut dire que BELMONDO, magnifique, chaleureux, rassurant a tout pour faire tourner la tête aux femmes de la ville. Il le sait, mais ne peut, naturellement, céder à la tentation, s'il y en eu. Barny d'un naturel plutôt joyeux, devient taciturne. Non seulement elle doit subir la "concurrence" de Dieu mais aussi celle de ses collègues dont une n'hésite pas à s'assoir sur le bureau du prêtre, la jupe remontée en haut des genoux de manière provocante. Car il faut signaler qu'il manque d'hommes dans cette ville, guerre oblige. MELVILLE en profite, bien que ce ne soit pas le propos du film, de glisser des petites tranches de vie dans cette ville occupée par les Allemands qui font leur classe dans le champs d'à coté. Alors qu'elle élève seule sa fille, Barny doit aussi recueillir un allié qui doit se cacher dans la ville. Pendant ce temps Léon MORIN secoue ses paroissiens à l'aide de prêches très remontés. Il faut dire que le jeune prêtre tient plus du communiste qu'autre chose, il est bien loin de la France de Vichy car il cache même des juifs. Le film mélange avec bonheur cet amour platonique entre Morin et Barny, du moins ose-t-elle le penser. Les joutes orales entre les deux personnages sont légions, des échanges qui lient les deux aux moins sur le plan intellectuel. Hélas la fin de la guerre va les séparer définitivement. Les adieux sont sincères, mais hélas jusqu'au bout, Léon MORIN se révèlera sobre et inflexible sur la gestion de son émotion.
Jean-Pierre MELVILLE signe un film remarquable qui mélange les genres avec bonheur. Portrait de femme, description de l'occupation en milieu rural, histoire d'un amour impossible, c'est un des meilleurs MELVILLE, bien que le film soit souvent considéré comme relativement mineur dans la carrière du réalisateur. L'auteur pas encore emprunt de ses tics stylistiques, qui utilise au mieux un noir et blanc austère. Evidemment les acteurs sont le point fort du film. Emmanuelle RIVA, pas vraiment mise en valeur est rayonnante de "normalité", elle nous livre, vu de l'intérieur, tous les sentiments que Barny éprouve pour Léon MORIN, tout en retenue, tout en subtilité.
Jean-Paul BELMONDO prouve son incroyable talent en rendant Léon MORIN terriblement charismatique malgré son austérité. Une performance qui démontre tout le savoir acquis par l'acteur lors de son apprentissage au conservatoire.
Le film obtient le Grand prix de la ville de Venise en 1961. Bien accueilli par la critique reste à savoir comment le public va le recevoir. Le film se classe seulement 26ème la semaine de sa sortie à Paris avec 11 000 entrées dans 3 salles, le George V, le Plazza et l'Athénée, pas vraiment un grand circuit commercial. Sans doute porté par un bon bouche à oreille, le film se maintient les semaines suivantes et cumule ses entrées petit à petit. Mieux, le film fonctionne bien lors de son passage dans les quartiers où il fait 62 000 entrées et se classe en tête du Box Office. C'est donc le public des quartiers qui permet au film de passer finalement la barre des 300 000 entrées, soit plus de 30 fois ses entrées de la première semaine. Encore mieux, le film se classe 38ème de l'année au box office France, résultat remarquable pour un film aussi austère mais nul doute que c'est bien l'acetur qui a attiré les spectateurs dans les salles.
Emmanuelle Riva va poursuivre dans la veine des films d'auteur et va obtenir l'année suivante le prix d'interprétation au festival de Venise en 1962 pour "Thérèse Desqueyroux".
BELMONDO confort son statut d'acteur incontournable. Jean-Pierre MELVILLE ne désire pas se séparer de sa pépite, mais pourtant il va lui préparer un film de gangsters "Le doulos", alors qu'il était pourtant décidé à sortir le jeune acteur de ce genre. Comme quoi....
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 703 578
ENTREES FRANCE 1961
38
1 543 130
ENTREES PARIS
329 382
1ère semaine
26
11 150
3
2ème semaine
12 300
3ème semaine
10 820
Nombre de semaines Paris
Moyenne salles Paris 1ère sem
3 717
Cote du succès
* *
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Tags : MELVILLE BOX OFFICE, 1961, JEAN-PAUL BELMONDO, EMMANUELLE RIVA
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