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LES CHOSES DE LA VIE - BOX OFFICE ROMY SCHNEIDER 1970
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LES CHOSES DE LA VIE
11 MARS 1970
Réalisation
Claude SAUTET
Scénario
Claude SAUTET
Jean-Loup DABADIE
Paul GUIMARD
Photographie
Jean BOFFETY
Musique
Philippe SARDE
Production
Raymond DANON
Ralph BAUM
LIRA FILMS
Distribution
CFDC
Durée
85 minutes
Tournage
06/1969-08/1969
Bernard BERARD
Michel PICCOLI
Hélène
Romy SCHNEIDER
Catherine BERARD
Léa MASSARI
Bertrand BERARD
Gérard LARTIGAU
François
Jean BOUISE
Le bétailleur
Bobby LAPOINTE
Pierre est un homme de quarante ans, architecte assez coté, un bourgeois qui semble avoir tout pour être heureux et qui pourtant a de nombreux problèmes. Du point de vue sentimental, sa situation comporte un certain déséquilibre : il vit séparé de sa femme qui, avec son grand fils, tente de s'accommoder de son mieux de cette séparation. Il a pour maîtresse Hélène, accaparante, follement amoureuse de lui. Mais Pierre se demande justement si cet amour si passionné et si exclusif ne commence pas à le lasser. D'autre part, ayant vu son fils chez sa femme, ce dernier lui a demandé de passer quinze jours de vacances avec lui. Et Pierre sent qu'il doit accepter, ne serait-ce que pour mieux le connaître. Quand Hélène apprend que le séjour qu'elle comptait faire à Tunis avec Pierre est remis, elle lui fait une scène. Pierre lui demande de descendre de sa voiture et c'est presque la rupture. Il décide d'aller directement à Rennes où il a un rendez-vous d'affaire. Sur le chemin, il écrit une lettre de rupture à Hélène, puis change d'avis et ne la poste pas ; il lui téléphone de venir la rejoindre à Rennes. Folle de joie, elle s'apprête à le retrouver. Mais, pour Pierre qui est sur la route à quelques kilomètres de Rennes, le destin insidieusement va frapper. C'est l'accident ! Dans le coma, transporté en ambulance, Pierre revoit les principaux moments de sa vie. Il mourra à l'hôpital peu après l'intervention chirurgicale, sans avoir repris connaissance. Parmi les objets personnels remis à sa femme par l'infirmière, se trouve la lettre de rupture à Hélène. Elle la lit puis assiste par la fenêtre à l'arrivée d'Hélène. Alors, lentement, elle déchire la lettre. Les deux femmes, isolées dans leur douleur, croient chacune que Pierre leur était revenu.
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Tant de choses dans un film aussi court. Exemple parfait de l’importance du montage dans la conception d’un film, « Les choses de la vie » va propulser Claude SAUTET en tête de la hiérarchie des réalisateurs français des années 70.
Alors que les films français des années 60 étaient dominés par des films d’aventure ou des polars, le réalisateur va suivre la trace des CHABROL ou des LELOUCH en apportant un ton et un style des plus personnels. On peut parler de néoréalisme à la française avec Claude SAUTET.
SAUTET n’est pas un inconnu dans les années 60. Malgré l’échec commercial de son premier film, il est un assistant réalisateur reconnu et également un scénariste précieux, mais l’envie de poursuivre la réalisation est la plus forte. Il va frapper un grand coup en préparant très minutieusement durant des mois la célèbre scène choc qui sera le fil rouge du film : un accident de voiture incroyablement réaliste, dont chaque étape est détaillée et découpée en plusieurs segments. Au cours de cet accident, le conducteur va revivre les derniers mois de sa vie, selon l’adage bien connu que l’on revoit sa vie en accéléré les instants précédent notre mort (ce dont je ne suis pas très pressé de vérifier).
La cause de cet incroyable accident est, d’une part, l’amour immodéré de Bernard pour la vitesse et d’autre part son attention détournée par ses soucis d’ordre personnels en particulier sa réflexion envers la poursuite ou non de sa relation amoureuse avec sa maîtresse Hélène. Claude SAUTET va donc s’attarder sur ce couple représentatif de la fin des années 60. Lui, bourgeois, a quitté sa femme un peu par lassitude sans doute. Leur fils devenu adulte, se cherche et avec des copains tente de monter une boîte d’électronique, un secteur d’avenir. Il est architecte et tente de conserver une intégrité professionnelle pour contester les programmes immobiliers des promoteurs peu scrupuleux. En chinant dans une boutique sur la côte bretonne il a rencontré Hélène et celle-ci va l’aimer passionnément. Lui se pose des questions à la quarantaine passée. Il (se) trouve des excuses pour ne pas s’installer avec Hélène à l’étranger en invoquant des vacances avec sa femme et son fils « pour mieux le connaître ». Pire, alors qu’il recueille un couple en panne sur une départementale, il constate devant leur dispute qu’il ne veut pas devenir comme eux, un vieux couple aigri. Tenté de revenir avec sa femme, il rédige une lettre de rupture, qu’il renonce à poster au dernier moment. Ironie du sort, alors qu’il est décédé, c’est à sa femme qu’incombera la responsabilité de laisser Hélène dans l’illusion ou de lui faire prendre connaissance de la lettre. Catherine décide de déchirer la lettre. Elle ne sait pas qu’elle ne fait que respecter la dernière volonté de son mari qui avait décidé avant sa mort de ne pas rompre avec Hélène.
Bien aidé par un Jean Loup Dabadie dont le talent, en particuliers pour les dialogues, éclate au grand jour, SAUTET compose un film remarquable, truffé de petites anecdotes, de portraits de groupes, sa spécialité. Après l’accident de Bernard, la foule d’automobilistes qui se sont arrêté fourmille de commentaires souvent entendus, de petites remarques, de petites mesquineries. Le réalisme semble être le leitmotiv du réalisateur. On peut découvrir les tics ou la patte du réalisateur : scènes de foules, de groupes, d’amis, photographies d’instants volés, joyeux… Il intègre aussi la notion de réalisme dans les décors, les paysages avec son inévitable scène de pluie qui dissémine les groupes dans de joyeux cris.
SAUTET fera également appel au même directeur de la photographie, aux mêmes seconds rôles, tels Jean BOUISE, Bobby LAPOINTE ou Dominique ZARDI et naturellement au même compositeur, Philippe SARDE.
Le couple PICCOLI / SCHNEIDER explose à l’écran. Ce n’est pas la première fois que le couple tourne ensemble, on les avait déjà vus en 1966 dans « La voleuse ». Pour Romy SCHNEIDER, c’est une confirmation après le succès de « La piscine ». Claude SAUTET saisit comme personne l’extrême sensualité dégagée par l’actrice et l’alchimie du couple. Sublimement photographiée dans l’appartement de BERNARD de dos avec des lunettes, elle dévoile un corps superbe et sa moue ferait fondre le morceau le plus froid de la banquise. Elle transmet sa passion amoureuse et sa fougue dans ce rôle pourtant assez banal de maîtresse d’un homme marié. Elle donne beaucoup d’épaisseur au rôle.
Michel PICCOLI était une vedette dans les années 60 mais n’avait pas encore connu la gloire des premiers rôles, ni les succès d’ampleur. Il explose avec le film confirmant qu’il sera une des stars du cinéma français des années 70, un incontournable comme NOIRET, MONTAND ou ROCHEFORT. Totalement impliqué dans le rôle, il est véritablement son personnage et n’’hésite pas à donner de sa personne dans la reconstitution de l’accident où il est secoué et trimbalé dans tous les sens. Dans un sale état, il gît tel un pantin désarticulé au milieu des herbes hautes. En voix off nous entendons ses pensées, nous vivons son agonie. Dans un délire qui fait froid dans le dos nous vivons ses souvenirs, un banquet, entouré de ses amis, puis des visages inconnus sont présents, les ambulanciers et les routiers présents lors de l’accident. Puis sous une musique pastorale, nous le voyons enjoué avec sa famille dans son bateau, il tombe à la mer, et voit le voilier s’éloigner petit à petit, puis la voix off s’épuise, il coule, il meurt au propre comme au figuré. Une fin angoissante pour un film qui a du faire réfléchir quelques conducteurs du dimanche.
Un coup de maître magistral pour SAUTET qui signe une pièce maîtresse des années 70.
La critique est unanime et le film sort en mars 70 et effectue une belle entrée à la troisième place des entrées parisiennes. Le bouche à oreille s’emballe et le film monte à la seconde place la semaine suivante alors que « Borsalino » écrase le box office. Le film devient LE film à la mode et reste quatre semaines vissé à la seconde place, toujours barré par « Borsalino ». Le film reste remarquablement stable et demeure six mois dans les classements. Plébiscité par le public, il obtient le prix Louis LEDUC 1970. Le public s’entiche de ce couple très romantique et devant ce succès énorme, avec près de 3 millions de spectateurs, le réalisateur va remettre aussitôt le couvert et reconstituer le duo devenu désormais célèbre.
Le film reste aujourd’hui un must du cinéma français des années 70 et est une des pierres angulaires d’un cinéma français qui va dominer la production mondiale avec le cinéma américain.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
2 959 682
ENTREES PARIS BANLIEUE
920 254
ENTREES PARIS
710 300
1ère semaine
3
39 977
5
2ème semaine
2
45 788
3ème semaine
2
46 967
4ème semaine
2
42 064
5ème semaine
2
38 895
6ème semaine
4
32 845
7ème semaine
4
34 055
8ème semaine
5
36 076
9ème semaine
4
28 005
10ème semaine
4
27 754
11ème semaine
10
17 022
12ème semaine
10
15 469
Nombre de semaines Paris
28
Moyenne salles Paris 1ère sem
7 995
Cote du succès
* * * *
LES CHOSES DE LA VIE BANDE ANNONCE
L'INOUBLIABLE THEME DE PHILIPPE SARDE
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