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MODERATO CANTABILE - JEAN PAUL BELMONDO BOX OFFICE 1960
MODERATO CANTABILE
25 MAI 1960
- Réalisation : Peter Brook
- D’après le roman éponyme de Marguerite Duras, aux éditions de Minuit
- Adaptation et dialogues : Marguerite Duras et Gérard Jarlot
- Photographie : Armand Thirard
- Production : production Iena (Paris), Documento Films (Rome)
- Producteur : Raoul Lévy
- Distribution : Bayard films
- Pellicule 35mm, noir et blanc CinémascopeDistribution
- Jean-Paul Belmondo : Chauvin
- Pascale de Boysson : La propriétaire du bar de La Gironde
- Jean Deschamps : Desbarèdes
- Jeanne Moreau : Anne Desbarèdes
Il ne se passe pas grand chose dans cette petite ville bourgeoise des bords de la Gironde où vit Anne Desbaredes, femme d'un riche industriel. Anne s'ennuie à mourir et son fils Pierre est à la fois son seul amour et sa seule occupation. Pierre étudie le piano et, en ce moment, une sonatine qu'il doit jouer " moderato cantabile". C'est au cours d'une de ses leçons en présence de sa mère, que retentit un cri affreux: une femme vient d'être assassinée dans le café en face de chez le professeur de piano. Voilà de quoi rompre la monotonie de l'existence d'Anne qui, en parlant du drame, lie connaissance avec Chauvin, un jeune ouvrier. Anne et Chauvin se revoient. Le jeune homme imagine les péripéties du drame, le mobile du meurtrier, sa psychologie et celle de la victime. Anne est captivée. Les jeunes gens s'éprennent l'un de l'autre et Anne perd la tête. Elle quitte son domicile un soir de réception pour rejoindre celui qu'elle aime. Mais ce dernier a compris qu'une liaison entre une bourgeoise et un ouvrier est sans espoir. Il est parti et dans le café où fut assassinée une inconnue, où elle a connu et aimé Chauvin, Anne, seule, désespérée, pousse à son tour un cri affreux.
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Lorsque Jean-Paul BELMONDO achève le tournage du sketch de "La française et l'amour", le montage d' " A bout de souffle" n'est pas encore achevé. Et pourtant Jeanne MOREAU très bien introduite dans le milieu du cinéma en a déjà vu un pré montage. Favorablement impressionnée par BELMONDO elle le contacte pour jouer avec elle l'adaptation de "Moderato cantabile" un roman de Marguerite DURAS écrit en 1958. L'acteur est en train de se préparer à jouer "Château en Suède" au théâtre et se trouve pris entre deux feux. BELMONDO choisit finalement le film. Sa carrière au théâtre va s'achever sans qu'il s'en doute. Le réalisateur Peter BROOK cherche sans doute à bénéficier de l'étiquette "nouvelle vague" en adaptant le roman de Marguerite DURAS, qualifié lui même de "nouveau roman". L'écrivain récompensée, participe à l'adaptation de son propre roman. Peter Brook, né en 1925, est surtout connu comme un prestigieux homme de théâtre britannique. Avant de tourner MODERATO CANTABILE, Brook n'avait réalisé qu'un seul film, L'OPÉRA DES GUEUX (The beggar's opera, 1953) avec Laurence Olivier.
Le réalisateur prend sa tâche très au sérieux, et la lourdeur du tournage ennuie profondément BELMONDO qui ne rêve que d'une chose, rentrer le plus souvent à Paris. Il faut dire que sur ce tournage, les bonnes blagues de potaches dont il a l'habitude sont interdites. L'acteur se plaint de l'accent de BROOK qui rend ses directives impossibles à comprendre. De plus, le réalisateur cherche à intellectualiser chaque jeu d'acteur, et BELMONDO perd beaucoup de sa spontanéité. Il est peu de dire que l'acteur semble s'ennuyer très fermement durant le tournage et cela se traduit à l'écran par un de ses plus mauvais rôles. En fait il est plus transparent qu'autre chose, se contentant d'être présent à l'image dans son rôle romantique. Un BELMONDO bridé n'est pas un bon BELMONDO.
Si l'acteur trouve le réalisateur plombant, il s'entend à merveille avec Jeanne MOREAU. Il découvre une actrice qui aime rire, s'amuser et possède un esprit très masculin. Malheureusement un fait divers va intervenir. Chaque fois qu'il le peut, BELMONDO rentre à Paris en voiture. Au retour dune de ses nombreuses escapades, il prend à son bord Jérôme. le jeune fils de dix ans de Jeanne Moreau Un terrible accident survient dont Belmondo sort indemne; mais Jérôme semble très gravement blessé. L'enfant tiré d'affaire, le comédien dut néanmoins faire face à une violente campagne d'une certaine presse qui l'accusait d'imprudence et d'immaturité. Fort heureusement, Jeanne MOREAU n'en voudra pas à l'acteur. Reconnaissant qu'il n'a pas été formidable sur le tournage, l'acteur promet qu'ils retourneront ensemble dans de meilleures conditions, ce qui sera fait en 1963 dans le très sympathique "Peau de banane".
Le film en lui même est totalement dominé de la tête et des épaules par Jeanne MOREAU qui se révèle toujours une actrice de choix pour une certaine élite des réalisateurs du cinéma. Il est évident de constater que Peter BROOK tente de s'accrocher à un cinéma dit de "nouvelle vague". Malgré un beau travail sur la photographie en noir et blanc, le film peut en déconcerter plus d'un. Focalisé sur quelques personnages: Anne, son enfant, Chauvin et la professeur de musique, il ne faut pas s'attendre à un sujet des plus passionnants malgré qu'un meurtre soit le déclencheur de l'histoire. Nous assistons donc aux efforts un peu vain de Pierre de réaliser une partie de piano réussie ( d'où le titre du film) malgré l'insistance de sa professeur un peu rêche sur les bords. Le meurtre d'une femme dans le bar d'à coté va émoustiller le coté un peu sec d' Anne la femme d'un riche industriel du coin. Telle une Lady Chaterley elle va s'encanailler avec les habitués du bar et débuter une liaison avec un ouvrier Chauvin, joué par BELMONDO. Comble de la déchéance, elle assistera à un diner avec tous les notables du coin, avinée (voilà qui est bien spectaculaire). Elle sera éconduite par Chauvin dans la scène finale, alors qu'on croit qu'elle va revivre le drame du bar.
Bon, et bien c'est du DURAS quoi, sans être péjoratif. Peter BROOK présente le film au festival de Cannes alors que "A bout de souffle" et "classes tous risques" viennent de sortir sur les écrans, de quoi profiter de l'exposition médiatique de BELMONDO. mais c'est bien Jeanne MOREAU qui obtient le prix d'interprétation ce qui est mérité. C'est cependant "La dolce vita" qui remporte la palme d'Or sans contestation. Le film sort dans la foulée à Paris dans des salles réservées au beaux films telles Le Marbeuf, Le Vendôme ou le Studio Publicis ce qui en limite son impact au box office. Le film se classe cinquième au top hebdomadaire des exclusivités alors que "Meurtre en 45 tours" avec Danielle Darrieux est en tête du classement. "La dolce vita" sorti deux semaines auparavant rempli les deux salles qui lui sont allouées et entame une exclusivité triomphale.
Le succès de "Moderato cantabile" reste donc modeste en bout de course il n'atteint pas le million d'entrées. Un résultat correct cependant en considérant le coté "art et d'essai" du film. Jeanne MOREAU poursuit un parcours cinématographique exigeant. Pour BELMONDO les films s'enchaînent sur les écrans, c'est déjà son troisième de l'année et le résultat du film n'entache pas sa côte devenue très haute depuis la sortie de "A bout de souffle".
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
978 020
ENTREES PARIS
359 702
EXCLUSIVITES
1ère semaine
5
22 080
3
2ème semaine
7
15 180
Nombre de semaines Paris
Moyenne salles Paris 1ère sem
7 360
Cote du succès
* *
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Tags : MODERATO CANTABILE, JEAN PAUL BELMONDO BOX OFFICE, JEANNE MOREAU, MARGUERITE DURAS
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