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Par Renaud SOYER le 29 Mai 2013 à 20:00
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L' ARGENT DES AUTRES
27 SEPTEMBRE 1978
CESAR MEILLEUR FILM 1979
PRIX LOUIS-DELLUC 1978
Réalisation
Christian de CHALONGE
Scénario
Christian de CHALONGE
Pierre DUMAYET
Photographie
Jean-Louis PICAVET
Musique
Guy BOULANGER
Production
Adolphe VIEZZI
Michelle DE BROCA
Distribution
PLANFILM
Durée
105 minutes
Tournage
13/02/78- 09/04/78
Henri RAINIER
Jean-Louis TRINTIGNANT
MIREMONT
Michel SERRAULT
Chevalier d'AVEN
Claude BRASSEUR
Cécile RAINIER
Catherine DENEUVE
Vincent
François PERROT
Arlette RIVIERE
Juliet BERTO
Vidé, remercié, chassé. On ne plaisante pas avec l'erreur chez Miremant-De Nully- Heldorff. L'erreur de Henri Rainier aura sans doute son incroyable naïveté. C'est ce qu'il explique vainement à la commission auprès de laquelle il quémande une place et qui l'interroge, qui fouille à vif son passé... Oui, Henri Rainier a présenté Chevalier d'Aven à Miremant, curieusement indulgent envers les projets du fringant affairiste. Mais il n'a rien fait d'autre qu'obéir aux ordres: si la Banque colmatait les déficits constants des multiples sociétés que Chevalier d'Aven semait sur sa route, qu'y pouvait-il, lui, modeste fondé de pouvoir... Et si le gouvernement avait mis fin brutalement à l'Héritage Foncier, qui allait renflouer Chevalier d'Aven, est-ce de sa faute à lui, Henri Rainier? Peu avant son arrestation, Chevalier d'Aven révèle à Rainier l'existence d'un chèque en blanc qui donnait le droit à Miremant de puiser dans les comptes des contribuables de l'"Héritage Foncier". Droit dont celui-ci a usé sans vergognes... Alors, poussé par son épouse, Cécile, Rainier se lance dans la bagarre. Grâce à une syndicaliste, Arlette Rivière, il fait appel en commission paritaire dans l'espoir d'attaquer aux prud'hommes. Puis, il s'enferme dans la salle des archives de la banque, dans la ferme résolution de retrouver une trace du fameux "chèque en blanc". Grâce à Bignon, le préposé aux archives, c'est bientôt chose faite. Le scandale éclate. Et un procès s'ensuit. Mais qui poursuivrait la société Miremant-De Nully-Heldorff ?... Rainier demeure encore suspect aux yeux de la profession. Il ne lui reste plus qu'à rejoindre les rangs et accepter la proposition de Vincent, l'ami qui l'a trahi : éduquer les autres à devenir des escrocs.
Cet "Argent des autres" reprend un des thèmes privilégiés par Pierre DUMAYET déjà développé dans "Il n y a pas de fumée sans feu" réalisé par André CAYATTE: celle de l'individu qui doit se défendre d'un environnement hostile qui l'écrase. La lutte du faible contre les institutions et les puissants.
C'est Christian de CHALONGE qui met en scène se scénario qui décrit les manipulations et les magouilles qui existent dans une banque réputée.
Le réalisateur possède une patte intéressante et apporte sa pierre à l'édifice en teintant son film d'instants angoissants et en décrivant un monde déshumanisé.
Henri RAINIER passe des entretiens en compagnie d'autres cadres dans un environnement blanc et aseptisé. Il ne voit pas le visage des recruteurs cachés derrière une vitre. Les questions fusent via des hauts parleurs et le climat est angoissant. Il y a 30 ans déjà, les conditions des entretiens d'embauche et la petitesse de l'être humain face à sa détresse d'avoir perdu son emploi sont décrits avec précision et sont hélas encore d'actualité.
RAINIER qui passe plus loin ses entretiens, va expliquer pourquoi il se retrouve dans cette situation et la manière dont il a perdu son emploi.
Cadre supérieur dans une banque qui a pignon sur rue, il gère quelques portefeuilles importants. Il a l'oreille du Président, MIREMONT, ce qui le rend fier évidemment et indispensable, croit-il.
Il est l'intermédiaire entre MIREMONT et Chevalier d'Aven un aventurier. Celui-ci cherche des financements pour des projets farfelus. Il plait à MIREMONT qui le finance. un jour d'AVEN trouve une idée géniale, la création de "L'héritage Foncier" qui obtient un énorme succès. Des milliers de souscripteurs confient leur économie. Tout va bien et tout le monde profite des retombées économiques, mais la machine s'enraye et la banque doit rendre des comptes. RAINIER est licencié sans ménagement lors d'un jugement sommaire du Directoire. il découvre le chômage, les angoisses, la perte de son existence, la perte de ses amis. Mais sa femme ne s'en fait pas et va littéralement le porter. Fort de ce soutien, il va en savoir plus et retrouver Chevalier d'Aven. La vérité était encore plus cruelle. Il était un véritable dindon de la farce, et à été un parfait fusible. En fait, la banque a escroqué les épargnants pour se rembourser des dettes de Chevalier d'Aven sans oublier de s'octroyer un joli bénéfice.
Grâce à sa femme, il établit un contact avec la section syndicale de la banque. Il s'enferme dans les archives et trouve la preuve de la culpabilité de la banque. Mais la déception est grande. dans le monde des puissants, l'argent rend invincible et MIREMONT s'en tire sans dommage contrairement aux épargnants. Paradoxalement celui qui l'avait fait entrer à la banque et qui l'a trahi lui trouve un job. Formant les jeunes diplômés à entrer dans le monde de la finance, il ronge son frein avec nostalgie....
DE CHALONGE réalise somme toutes un film assez prenant. Dans le monde qu'il décrit, chacun rejette la faute sur les autres. La hiérarchie y est décrite sans concessions, la notion de clans, de petits chefs, le tout sous la coupe omnipotente du grand chef.... Comme d'habitude Jean-Louis TRINTIGNANT est superbe dans le rôle d'un homme "normal" qui devra se battre contre un adversaire trop fort pour lui. Dans cette banque dirigée par la même famille depuis des lustres, il est difficile de se faire une place au soleil. Ainsi RAINIER est-il ravi d'avoir l'oreille du grand patron, mais sans doute oublie-t-il de signaler le peu de sérieux de Chevalier d'Aven. Ensuite "La Curée" va le mettre à terre sans qu'il comprenne réellement que la Direction l'utilise pur escroquer les épargnants. Le retour sur terre sera dur. L'acteur montre bien le désarroi d'un homme brisé par le système et qui semble éprouver bien du mal à vivre sans son précieux travail. Pour donner de la substance à son personnage, l'acteur porte continuellement un costume étriqué, serré sur lui qui démontre sa petitesse dans un monde trop grand pour lui.
Michel SERRAULT est de plus en plus en vue dans des rôles dramatiques. MIREMONT est une ordure certes. Malgré sa position sociale, celui-ci ne possède pas de talents particuliers pour détecter les bonnes affaires, ni les mauvaises d'ailleurs. Dès lors que sa responsabilité pourrait être mise en cause, il n'hésite pas à retourner la faute vers les autres en les virant, en les cassant, en les humiliants. Un rôle tout en cynisme, qui va le mener vers la nomination du César du meilleur second rôle 79. Il obtient en fait celui du meilleur acteur pour "La cage aux folles". Un acteur capable de faire le grand écart entre deux rôles diamétralement opposés.
Catherine DENEUVE est le grand souffle d'air frais du film. Pas du tout abattue par la chute de son mari et la baisse du train de vie, elle décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur. C'est la merde ? Et alors. Elle va totalement remotiver son mari pour se battre et va lui faire rencontrer la bonne personne pour l'aider. Une femme syndicaliste à la banque qui va jouer la carte de la solidarité féminine. Un rôle court, mais bien mené avec professionnalisme par la grande Catherine.
Claude BRASSEUR est bon lui aussi dans le rôle de Chevalier d'Aven. Etre original, il sait capter l'attention de MIREMONT par son charisme, sa gouaille. Pas vraiment escroc, plutôt "artiste", il parvient à faire financer ses projets les plus incongrus, car il fascine MIREMONT. Très malin, il trouve pour une fois une bonne idée avant de se faire spolier par la banque. Sans illusion sur son futur, il critique RAINIER amicalement et le force à se réveiller. L'acteur sera lui aussi nommé aux Césars.
Ce très bon film prend un bon départ à Paris dans un contexte de forte concurrence, ce qui est habituel à la rentrée cinématographique. Il reste 3 semaines dans le top 3 avant de ralentir logiquement sa course. Sur Paris Banlieue il stoppe sa carrière proche des 500 000 entrées. En France le résultat est plus mitigé car le film double à peine son score parisien pour atteindre le million de spectateurs.
Le film obtient le César du meilleur film 1979.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 008 010
ENTREES PARIS
367 415
ENTREES BANLIEUE
100 871
TOTAL PARIS BANLIEUE
468 286
1ère semaine
4
75 602
28
2ème semaine
3
63 052
3ème semaine
3
51 386
4ème semaine
6
39 449
5ème semaine
13
31 026
6ème semaine
14
24 509
Nombre de semaines Paris
27
Moyenne salles Paris 1ère sem
2 700
1er jour Paris
Budget
Box office annuel Espagne
82 715
Box office annuel Allemagne
Box office annuel Italie
Cote du succès
* *
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