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Par Renaud SOYER le 9 Octobre 2014 à 19:38
CARTOUCHE
9 MARS 1962
- Réalisation : Philippe de Broca
- Scénario : Daniel Boulanger, Philippe de Broca, Charles Spaak
- Dialogues : Daniel Boulanger
- Photographie : Christian Matras
- Affiche : Yves Thos
- Musique : Georges Delerue
- Production ; Les films Ariane - Filmsonor
- Distribution : AAA
- Format : Couleur (Eastmancolor) - 35 mm — 2,35:1 (Dyaliscope) - Son monophonique
- Genre : film d'aventure, film de cape et d'épée
- Visa de contrôle cinématographique : no 24994
- Durée : 114 minutes
- Tournage : 17 juillet 1961 - 6 octobre 1961
- Jean-Paul Belmondo : Louis-Dominique Bourguignon dit Cartouche
- Claudia Cardinale : Vénus, la compagne de Cartouche
- Odile Versois : Isabelle de Ferrussac, la femme du lieutenant général
- Jess Hahn: La Douceur, un lieutenant de Cartouche
- Jean Rochefort : La Taupe, un lieutenant de Cartouche
- Philippe Lemaire : Lieutenant général Gaston de Ferrussac
- Marcel Dalio : Malichot, le chef de la Cour des Miracles
- Noël Roquevert : Le sergent recruteur
- Alain Decock : Louison Bourguignon, petit frère de Cartouche
- Jacques Balutin : Capucine (frère capucin)
- Lucien Raimbourg : Le maréchal gâteux
- Jacques Charon : Le colonel
- Pierre Repp : Le marquis de Griffe, le naïf adjoint de Ferrussac
- Madeleine Clervanne : Pierrette, la chaperonne d'Isabelle
- René Marlic : Petit Oncle, le tavernier
- Philippe Castelli : Le commissaire
- Paul Préboist : 1er gendarme qui a arrêté Vénus
- Sim : La Belette
- Jacques Hilling : Un aubergiste
SYNOPSIS
Fils d'un marchand de vin de la Courtille, Dominique est devenu, à vingt ans, un des plus habiles voleurs à la tire de la bande de Malichot, le roi des vide-goussets. Risquant de se faire arrêter par la maréchaussée dans son quartier de la Courtille, Dominique, qui prendra bientôt le nom de Cartouche, trouve refuge dans l'armée. Il y fait la rencontre de deux coquins, La Taupe et La Douceur, qui seront ses futurs lieutenants et ses plus fidèles amis. Volant la caisse du régiment, il est rattrapé et enfermé. Il s'évade et rencontre dans un cabaret une charmante jeune bohémienne, Vénus, que tourmentent deux gendarmes. Il la délivre et désormais, Vénus sera sa compagne. Elle l'aide à cacher le trésor volé à l'armée. Cartouche revient à Paris et supplante Malichot, à la tête de ses voleurs. D'une poignée d'hommes sans foi ni loi, Cartouche fera la première organisation criminelle, pillant et volant sans vergogne, faisant régner la terreur à travers Paris et ses environs, rançonnant et achetant les consciences, bref, une des plus redoutables bandes de hors-la-loi qui ait jamais existé. Au cours de ses aventures forcenées, bien qu'aimant tendrement sa fidèle Vénus, Cartouche est tenté par l'amour d'une dame inaccessible, Isabelle de Ferrussac, la femme du premier policier du royaume. Pour elle, il volera les diamants du Grand Turc, mais il veut qu'elle se donne à lui et ne s'aurait s'imposer dans la violence. Malichot, qui n'a pas pardonné à son jeune émule de l'avoir supplanté, le trahira auprès de la police ; et c'est ainsi que Cartouche sera cerné par les lieutenants du roi, dans ce vieux moulin où il avait donné rendez-vous à la belle Isabelle. Accourue à son secours, Vénus trouvera la mort. Cartouche, portant sa femme dans ses bras, ira, au bal donné par les Ferrussac, arracher aux danseurs et aux dames leur joyaux pour en couvrir la dépouille de Vénus. Avec La Douceur et La Taupe, quelques brèves années restent à Cartouche pour venger Vénus, piller tout ce qui passe, avilir les consciences, mépriser les riches et les puissants.
ANALYSE BOX OFFICE
Philippe DE BROCA et son fidèle scénariste et dialoguiste Daniel BOULANGER sont dans le métier depuis quelques années et ils ont déjà sortis trois films ensemble et les trois ont été interprétés par Jean Pierre CASSEL très bon acteur s'il en est mais pas vraiment une grande tête d'affiche. Résultat les entrées ont été comprises entre 400 000 et 600 000 entrées. Il convient peut être de passer à la vitesse supérieure en réalisant un film un peu plus commercial. Au début des années 60 les films de cape et d'épées ont le vent en poupe grâce à en partie à Jean MARAIS et André HUNEBELLE, mais aussi pléthore de films italiens qui reprennent les exploits de figures de la littérature ou de l'imagerie populaire, qu'ils soient brigands, justicier, pirates, flibustiers, etc... Alexandre Mnouchkine le producteur des films Ariane et Philippe DE BROCA sont bien d'accord sur un point: la prestation de Jean-Paul BELMONDO à la télévision dans le rôle de D'Artagnan a été triomphale et l'idée d' adapter une nouvelle version avec l'acteur germe rapidement. Il faut dire que la version américaine de George Sydney avec Gene KELLY ou celle d'André HUNEBELLE avec Georges MARCHAL et BOURVIL ont été de grand succès au box office, sans compter des versions italiennes. Et puis avoir Jean-Paul BELMONDO c'est monter d'un cran dans le potentiel d'obtenir un bon succès commercial. Pour Jean-Paul BELMONDO qui tourne à un rythme effréné ce sera peut être l'occasion d'un marché gagnant / gagnant. Car si ses derniers films ont été intéressants par les réalisateurs de qualité qu'il a rencontré, il n'a pas connu de succès incontestables depuis "A bout de souffle", même avec un réalisateur comme Jean-Pierre MELVILLE.
Cette version des " 3 mousquetaires" devait être somptueuse et comprendre une très belle distribution, mais finalement c'est Bernard BORDERIE qui va réaliser une nouvelle version avec Gérard BARRAY. Afin de conserver la possibilité d'avoir BELMONDO, un nouveau projet est mis en route rapidement. "Cartouche" va donc bénéficier de la présence de l'acteur qui touche au passage 250 000 francs ainsi que de Claudia CARDINALE qui n'a jamais été plus belle. Les deux acteurs se retrouvent depuis "La Viaccia" en 1961. Ils s'apprécient et cette complicité se voit à l'écran. Jean-Pierre MARIELLE, un ami de Conservatoire devait intégrer le casting, mais c'est Jean ROCHEFORT qui prend la place. Il accède ainsi à un second rôle dans une production d'envergure. Jess HAHN figure bien connue des spectateurs interprète le second fidèle compagnon de "Cartouche". La belle Odile VERSOIS sera de la partie ainsi que Marcel DALIO qui joue encore une fois un personnage pas très reluisant.
DE BROCA et BOULANGER livrent une histoire qui prend quelques risques avec le spectateur. En effet si la première partie est joyeuse et rythmée à la "fanfan la Tulipe", la seconde partie est plus sombre.
La Paris du 18ème Siècle est reconstitué à Pézenas et le repaire de Malichot fut reconstitué en studios à Paris. Le film bénéficie de ces reconstitutions minutieuses qui donnent un cachet d'authenticité qui démontre également le budget consacré au film. Le tournage s'effectue dans une très bonne humeur grâce à un BELMONDO virevoltant. Vif, athlétique, il est totalement crédible en roi de l'épée et sa prestation donne un petit coup de vieux à notre jean Marais national. Oui, ce "Cartouche" est charmant, spectaculaire, drôle, mais aussi fier. Car pour une fois dans un film de cape et d'épée, le héros démontre aussi de bien des défauts. Et c'est tout l'intérêt du film.
La première partie est fort joyeuse et correspond aux stéréotypes du genre. Dominique est un voleur à la tire qui se réfugie dans l'armée car il est recherché par la maréchaussée, se fait deux idèles amis là bas qui sont aussi du métier Il s'agit du sage "La Taupe" joué par un Jean ROCHEFORT assez intriguant et "La Douceur" qui porte mal son nom, car c'est un Hercule sympathique joué par le costaud Jess HAHN. Ils font les 400 coups, et bien sûr dérobent la caisse de l'armée. Dans une taverne ils vont libérer Venus, une jolie bohémienne menottée par deux gendarmes qui font escale. Elle va devenir la compagne de Dominique qui va bientôt devenir le chef de la plus fameuse bande de brigands de Paris entouré de ses fidèles lieutenants et de Venus. L'ancien chef destitué, joué fourbement par Marcel DALIO cherchera à se venger. "L'ascension" de "Cartouche" est rapide et sa bande terrorise les aristocrates. Il est recherché par toutes les polices, et Cartouche sait bien que son avenir est sombre, mais il profite de tous les bienfaits de cette existence. La seconde partie sera consacrée à l'aspect sombre de Cartouche. Par péché d'orgueil il désire conquérir le cœur d' Isabelle de FERUSSAC, femme du premier policier de France. Très belle, mais aussi taciturne, voire glaciale elle sera petit à petit conquise par cette homme charismatique et beaucoup plus séduisant que son mari. Elle va céder "au mauvais garçon". Bien sûr ce projet ne plait pas à Vénus très jalouse. Mais Cartouche essaie de la convaincre qu'ils sont un couple "libre" qui ne va pas se formaliser de cette broutille. Imprudent, l'étau se resserre autour de Cartouche. Après la capture de "La douceur" qui va être torturé, lui aussi se fera arrêté trahi par Malichot. Alors que la bande pense qu'il n'a que ce qu'il mérite, Vénus prend tous les risques pour libérer Cartouche? Au cours de cette libération elle est mortellement blessée et meurt dans les bras de cartouche. Dévasté, celui-ci se rend au bal donné au bal des Ferrussac et va couvrir le cadavre de Vénus des bijoux les plus chers. Dans une scène magnifique il coule un carrosse dorée qui contient le cadavre couvert de bijoux de vénus. Le "cercueil" s'enfonce dans une rivière. Avec ses hommes, Cartouche, va poursuivre son destin qui risque d'être funeste.
BELMONDO est comme un poisson dans l'eau et démontre des qualités physiques peu exploitées avant le film qui laissent augurer de futurs films d'aventures. DE BROCA livre une copie de haut niveau, très propre, et appliquée. Le film connait une brillante exclusivité, et ce succès sera conforté par les salles des quartiers parisiens qui démontrent qu'il est populaire. Au final plus de 3.5 millions de spectateurs vont dans les salles, ce qui en fait un très beau succès. Et encore, DE BROCA regrette au final la mort de "Vénus" qui en fait un film négatif et lui coûte sans doute quelques centaines de milliers de spectateurs.
Avec ce premier grand succès populaire BELMONDO entrevoit les possibilités ouvertes par des sujets plus commerciaux, plus grand public. Philippe DE BROCA et Ariane MNOUCHKINE ne comptent pas laisser leur poule aux œufs d'or longtemps sans projets commun. Dans l'attente d'un nouveau projet, BELMONDO est toujours très demandé et va retrouver les polars de Jean-Pierre MELVILLE pour deux films en 1963.
"Cartouche" a aussi bien profité à Claudia CARDINALE qui s'affirme comme une concurrente sérieuse à briser l'hégémonie de Brigitte BARDOT avec d'autres actrices comme Mylène DEMONGEOT par exemple.
Jean ROCHEFORT, bien exposé, va enfin trouver des seconds rôles pour lentement s'imposer dans le paysage cinématographique français. Avec Jess HAHN il va bientôt retrouver DE BROCA et BELMONDO pour de nouvelles aventures. "Cartouche" demeure un de meilleurs films d'aventures de 1962 et à fait la joie de nos chères têtes blondes à la télévision à de nombreuses reprises.
CRITIQUES DU FILM A SA SORTIE ( merci à Didier NOISY)
« Philippe de Broca confirme la sûreté de son métier et qu’il sait nous amuser chaque fois qu’il tourne un film qui l’amuse. Quand à Jean-Paul Belmondo, il trouve là son meilleur emploi et son rôle le plus séduisant ». (Pierre Billard, ‘’Cinéma 62, n°65’’).
« Si le début est, dans l’anodin, assez alerte, le film s’enlise rapidement dans les pires conventions de scénario, de dialogue et de mise en scène. L’image est constamment plate, la couleur laide ; la fin, dans ses prétentions abusives, consternantes ». (‘’Les cahiers du cinéma’’, n°131. mai 1962).
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
4
3 610 402
ENTREES PARIS BANLIEUE
828 557
Exclusivité
1ère semaine
2
51 761
3
2ème semaine
2
42 602
3
3ème semaine
3
32 214
3
4ème semaine
4
28 102
3
5ème semaine
4
25 632
3
Nombre de semaines Paris
5
Moyenne salles Paris 1ère sem
17 254
Budget
Box office annuel Italien
85
Cote du succès
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CARTOUCHE AFFICHE TCHEQUE
CARTOUCHE AFFICHE ESPAGNOLE
CARTOUCHE AFFICHE ITALIENNE
CARTOUCHE AFFICHE SUEDOISE
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