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Par Renaud SOYER le 9 Octobre 2014 à 20:28
SOIS BELLE ET TAIS TOI
7 MAI 1958
- Réalisation : Marc Allégret
- Scénario : Marc Allégret, William Benjamin
- Adaptation : Marc Allégret, Gabriel Arout, William Benjamin, Odette Joyeux, Jean Marsan et Roger Vadim
- Dialogues : Jean Marsan
- Assistants-réalisateur : Pierre Boursans, Pascal Jardin, Claude Vital
- Musique : Jean Wiener
- Photographie : Armand Thirard
- Tournage : 9 décembre 1957 au 22 février 1958
- Studios : Paris-Studios-Cinéma de Boulogne-Billancourt
- Producteur : Raymond Eger
- Société de production : Films EGE (Paris)
- Distribution : Les Films Corona
- Format : noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — son monophonique (Western-Electric)
- Mylène Demongeot : Virginie Dumayet
- Henri Vidal : l'inspecteur Jean Morel
- Béatrice Altariba : Olga Babitcheff
- Roger Hanin : Charlemagne, le voleur de bijoux
- Darry Cowl : l'inspecteur Jérôme, adjoint de Morel
- Jean-Paul Belmondo : Pierrot, un jeune de la bande d'Olga
- Alain Delon : Loulou, le petit ami d'Olga
Virginie a 20 ans. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d'une Maison d'Education. Jean est un jeune inspecteur à la recherche des gangsters qui viennent de dérober des émeraudes d'une bijouterie de la place Vendôme. Au cours de son enquête, Jean rencontre Virginie qu'il prend pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du « milieu ». Ecoeurée et furieuse quand elle apprend qu'elle est en réalité tombée amoureuse d'un policier, Virginie refoule ses sentiments et décide de se venger en criant à la tentative de viol. Sur quoi, le policier la demande en mariage. Virginie accepte, bien décidée à se refuser. Cependant, si elle déteste le « policier », elle est toujours amoureuse de l'homme et ses décisions tombent vite. Mais c'est alors que les ennuis commencent. Virginie, qui a pris certains engagements à l'égard d'une petite bande d'apprentis gangsters, est prisonnière de son « passé ». Ne pouvant abandonner ceux qui l'ont aidée dans les jours difficiles, elle va les aider à passer la frontière avec de vieux appareils photographiques qui, au retour, seront remplacés par des neufs. Mais il s'agit plus que jamais de se cacher du « flic » à présent bien aimé. D'autant plus que, le hasard aidant, les émeraudes de la place Vendôme se trouvent dans l'un des appareils ! Les jeunes gens, qui ignorent ce détail, s'apprêtent donc à faire leur petit trafic de contrebande. Jean, de son côté, a découvert que les émeraudes se trouvent dans un Rolleyflex que sa femme cherche à récupérer. La croyant au courant de ce que renferme l'appareil, il la soupçonne de faire à la loi des entorses beaucoup plus graves que la contrebande d'appareils photographiques. Pour la démasquer, il lui tend un piège cruel, mais la vérité se fait jour in extremis. Les véritables gangsters sont arrêtés grâce au concours des jeunes complices de Virginie.
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En 1957, le sympathique Henri VIDAL (disparu trop tôt) a connu un succès probant avec "Une parisienne" dont il patageait la vedette avec la star Brigitte BARDOT. Marc ALLEGRET va donc mettre en scène un film inspiré par ce succès. Pour "Sois belle et tais toi" il concocte une comédie policière avec Odette JOYEUX et Roger VADIM à l'écriture . On reconnait la patte d'Odette JOYEUX pour la partie se déroulant dans un cirque et Roger VADIM pour son habitude de broder sur des sujets féminins et distiller une petite dose d'érotisme léger.
Pour remplacer Brigitte BARDOT, il fait appel à la merveilleuse et douce Mylène DEMONGEOT dont le physique n'a pas grand chose à lui envier. Peut être un peu moins piquante et arriviste que Brigitte, elle possède la jeunesse et la blondeur ainsi que la gentillesse qui attire le public dans les salles. La belle a explosé dans le film "Les sorcières de Salem" sorti l'année précédente. Un rôle important dans cette histoire tirée d'un fait réel qui s'est passé en Amérique en 1692 où un groupe de jeunes filles accusèrent de nombreuses familles de la ville d'être coupables de sorcellerie. Partageant l'affiche avec Yves MONTAND et Simone SIGNORET elle a cependant supporté les quolibets de Simone SIGNORET (pas connue pour être la plus aimable des personnes) en public durant l'avant première du film. Une humiliation sans doute due à la beauté florissante de Mylène face à la rose SIGNORET qui se fânait sensiblement. Pas de quoi stopper la carrière de la jeune actrice qui va connaître un bon succès quelques temps après dans un film d'Henri VERNEUIL, "Une manche et la belle" avec ...Henri VIDAL dans le rôle principal. Recomposer le couple DEMONGEOT / VIDAL semble être une garantie de succès.
Le sujet est bien léger et le réalisateur doit parfois compter sur le talent de remplissage de certains acteurs. C'est pourquoi Darry COWL est incontournable. Il tourne dans tant de films qu'on a l'impression qu'il va de studios en studios vêtu de la même façon et jouant toujours de la même manière. Encore une fois il joue un inspecteur farfelu, la clope au bec. Un rôle qui lui assure quelques jours de tournage avant de passer à la production suivante.
Mylène DEMONGEOT monopolise l'écran dans ce rôle innofensif, le temps passe vite dès lors que la vedette féminine est agréable à regarder. Henri VIDAL impose sa bonne humeur et sa décontraction dans le film. Il est triste de savoir que cet acteur a sombré dans l'addiction et que malgré l'amitié des gens de la profession qui l'appréciait, l'acteur ne s'en sortira pas.
Roger HANIN qui joue encore une fois un truand antipathique (mais que peut-il jouer d'autre).
Alain DELON et Jean-Paul BELMONDO jouent donc ensemble pour la première fois. Alain DELON est passé de son premier film avec Yves ALLEGRET à une production réalisée par son frère, Marc.Toujours en tant que jeune premier romantique, il parvient à obtenir un temps de présence intéressant à l'écran. Largement de quoi se faire remarquer par d'autres réalisateurs et d'apprendre le métier, il est encore un peu "tendre" à l'écran.
Son compère Jean-Paul BELMONDO obtient un rôle moins important et joue le jeune gars un peu gouailleur et farfelu, un rôle moins romantique, celui du bon copain, similaire a celui qu'il jouera avec BOURVIL dans "Un drôle de dimanche".
Les deux compères s'amusent bien ensemble et bien malin celui qui pouvait se douter que les deux seront les superstars du box office quelques années après.
Il s'agit donc d'une charmante comédie policière sans prétention mais qui permet de retrouver une distribution des plus sympathique.
Du reste le film se comporte bien au Box Office en prenant la tête des exclusivités parisiennes au Biarritz, au Madeleine, au Richelieu et au Gaumont Palace ( 26 587 entrées), quatre belles salles fort bien remplies. Le film confime son succès parisien et en banlieue avec un final qui dépasse allègrement les 500 000 spectateurs. En France le succès est bon avec près de 2 millions de spectateurs ce qui propulse le film dans le top 50 de l'année (la concurrence était rude à l'époque).
C'est encore un succès pour Henri VIDAL qui va poursuivre son bon parcours au Box Office en alternant les films d'action et les comédies. Il retrouvera Brigitte BARDOT l'année suivante.
Mylène DEMONGEOT prouve qu'elle possède tous les charmes pour effectuer une belle carrière.
Alain DELON et Jean-Paul BELMONDO continuent leur marche en avant.
CRITIQUES DU FILM A SA SORTIE (merci à Didier NOISY)
« Quelle est donc la recette de cette gentille réussite ? A vrai dire, elle ne comprend aucun élément original en soi-même. On a déjà vu une bonne quantité de pastiches de films policiers ou de films sur les moins de vingt ans : le burlesque et la comédie procèdent des modèles habituels. Mais ce pastiche a su éviter le grossier clin d’œil au public, les dialogues sont souvent drôles, quelques gags sont irrésistibles, le rythme excellent. L’interprétation contribue au plaisir que l’on prend à cette pochade. » (Michel Legris, ‘’Le Monde’’).
« Une comédie policière dans la lignée habituelle et la découverte de jeunes talents fort prometteurs : Mylène Demongeot, mais aussi les jeunes Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans des emplois plus modestes. » (‘’Ciné-Revue’’).
« Cette comédie évolue entre le genre mi-noir et mi-comique. Darry Cowl manie gaffes et maladresses avec bonheur et révèle de grandes qualités comiques. » (‘’La Revue du cinéma, image et son’’).
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 904 380
ENTREES PARIS
381 762
ENTREES BANLIEUE
179 985
ENTREES PARIS BANLIEUE
(source CNC)
561 747
1ère semaine
1
57 593
4
2ème semaine
2
40 647
Cote du succès
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