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Par Renaud SOYER le 13 Juillet 2007 à 10:45
LES REVOLTES DU BOUNTY
(MUTINY ON THE BOUNTY)
21 DECEMBRE 1962
Réalisation Lewis MILESTONE Scénario Charles LEDERER Photographie Robert SURTEES Musique Bronislau KAPER Production Aaron ROSENBERG Tournage 10/60 - 07/61 Distribution M.G.M Durée 178 minutes Fletcher Christian Marlon BRANDO Capitaine Bligh Trevor HOWARD John MILLS Richard HARRIS Le botaniste Richard HAYDN Maimiti TARITA Le Bounty a pour mission de ramener de Tahiti des plants d'arbres à pain et de les transporter jusqu'à la Jamaïque. Le navire est commandé par le Capitaine Bligh, homme cruel, ambitieux qui impose une discipline des plus strictes. Son second Fletcher Christian s'oppose à cet homme violent. Durant le voyage vers Tahiti, John Mills est accusé d'avoir volé deux fromages. Il accuse imprudemment son capitaine et reçoit 24 coups de fouets. L'aspirant Young est laissé en haut du mat toute une nuit pour s'être moqué de la démarche du capitaine. Pour gagner cinq mois, Bligh refuse la route vers le cap de Bonespérance et dirige le Bounty vers le cap Horn. Un homme meurt écrasé sous une barrique car Blight revient sur un ordre de Christian essayant d'ammarer les tonneaux dans la cale en faisant ralentir le bateau. Finalement, après trois semaines de sur place, Blight renonce au cap Horn et fait route vers le cap de Bonaventure accusant ses hommes du retard pris et les affamant pour ne pas faire escale. A tihiti, ils sont bien accueills par la population locale. L'arbre à pain est en période de sommeil et ne peut être transporté. L'équipage est ravi de rester cinq mois sur l'ïle et chacun, sauf Bligh, profite des moeurs très libres des jeunes femmes. Trois hommes tentent de déserter mais sont repris par Christian. Lorsque le retour commence, Blight a doublé le nombre d'arbres à pain transportés pour amadourr l'amirauté. Il n'a toutefois pas prévu les quantités d'eau en conséquence. Il assoiffe ses hommes en rationnat l'eau qui ne peut être avlé quen allant chercherune louche tout en haut du mat. Un homme meurt écrasé et un autre, Williams, délire pour avoir avalé de l'eau de mer.L'équipage se révolte et le lieutenant Christian prend la tète de la mutinerie. Vaincu, Bligh est abandonné avec ses fidèles dans un canot de sauvetage qui dérive jusqu'à la Jamaïque. Après avoir trouvé refuge sur une île, Christian décide de regagner l'Angleterre pour défendre la cause des mutins et faire mettre en accusation Bligh. Mais l'un des hommes met le feu au Bounty et le lieutenant Christian meurt brùlé en essayant de sauver le navire.
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En ce début des années 60 un certain type de cinéma hollywoodien vit ses dernières heures. Dirigés par des patrons centenaires à la recherche du film à grand spectacle ultime, les budgets des films enflent dangereusement au gré des caprices des réalisateurs et des stars. Des projets grandioses voient le jour tels "Cléopatre", "Lawrence d'Arabie" ou ce "Révoltés du Bounty". En 1960, le projet de réaliser un remake du « Bounty » de 1935 avec Clark GABLE est proposé à Marlon BRANDO. Ce film lui semble être un potentiel succès au BO, ce qui redorera un peu son étoile pâlissante à la suite du demi succès de sa première réalisation, mais il désire que le scénario soit remanié afin que l’aspect social sur les conditions de la mutinerie soit plus exploré. Le producteur engage de nouveaux scénaristes pour contenter la star. Le contrat sera juteux pour BRANDO surtout s’il y a des dépassements de délais de tournage. Aaron ROSENBERG le producteur décide de construire le « Bounty » grandeur nature, le tout avec des bois rares et tout le bataclan. Avant même le tournage le budget flambe, près de 1 million de dollars de l’époque pour le navire…. On adjoint deux bons acteurs à BRANDO et en route pour Tahiti en attendant l’arrivée du bateau. Le premier réalisateur Carol REED (le 3ème homme) est froid et s’entend guère avec la star. Qu’importe, à Tahiti BRANDO est fou de joie, il adore l’île, se sent enfin à l’aise. Des scènes sans « Bounty » sont tournées, malgré l’absence de scénario. Un nouveau scénariste est embauché pour le réécrire selon les désirs de l’acteur, qui s’attire l’antipathie définitive de Richard HARRIS. Le réalisateur décrète qu’il ne peut y avoir deux réalisateurs et s’en va contre un dédommagement de 200 000 dollars. Pendant ce temps le Bounty arrive non sans qu’un de ses moteurs diesel ait brûlé entre autres. Lewis MILESTONE réalisateur de « A l’Ouest, rien de nouveau » prend les rênes, qu’il devra lâcher devant les exigences de BRANDO. Le réalisateur, vétéran, est clairement venu chercher le cacheton, il s’endort durant le tournage et se fait vanner par l’équipe technique. Les conditions de tournage sont difficiles, il pleut à cordes régulièrement et BRANDO ne s’entend pas avec ses collègues. MILESTONE est le « yes man » de BRANDO qui impose tous ses choix. Le tournage s’éternise, et BRANDO engraisse dangereusement tant il mange et fait la fête avec les tahitiennes. Il épousera d’ailleurs TARITA l'actrice tahitienne du film. A la vision du premier montage, il est décidé de tourner deux semaines supplémentaires par George SEATON. Au final une note immense de 19 millions de dollars.
Alors que reste-t-il de ce film après la polémique. Boursouflure mineure ou film sous estimé ? Soyons cash de suite, ce "Bounty" est un grand film d'aventure. En dehors de son aspect carte postale indéniable en ce qui concerne la partie célébrant l'arrivée du "Bounty" à Tahiti, le film vaut pour l'aspect pour lequel BRANDO s'est battu : les conditions extrêmes dans lesquelles vivaient les marins de Sa Majesté à l'époque. Le film décrit donc le lent cheminement de la conscience morale de Fletcher Christian envers les maltraitances sadiques subies par l'équipage du Bounty sous l'emprise de Bligh. Malgré tout ce qui a été raconté sur le film BRANDO campe un Fletcher Christian excentrique des plus réjouissants. Aristocrate, officier de bonne famille, il est bien mis et semble très futile et aimer la bagatelle, tout ce qui faut pour le faire haïr de cette vieille baderne du Capitaine BLIGH joué tout en justesse par Trévor HOWARD. Durant la première partie du film Fletcher représente donc tout ce que déteste Bligh et BRANDO compose un personnage précieux qui fume la pipe en bonnet de nuit ou dessine durant ses loisirs. Un homme cultivé bien loin de Bligh obsédé par sa mission qui semble d'entrée vouée à l'échec. Les morts violentes s'enchaînent sur le Bounty. Fletcher semble écœuré, mais il ne sait que trop bien que dans la marine anglaise, se révolter contre un ordre hiérarchique, c'est la pendaison assurée. Sur le Bounty un marin, sorte de syndicaliste avant l'heure, manque de mourir sous les coups de fouets du Capitaine. Il s'agit de John MILLS joué par l'énergique Richard HARRIS. L'étape à Tahiti semble avoir calmé le Capitaine, et Fletcher y découvre l'amour. Hélas il doit repartir et il est évident que la tristesse du départ va jouer beaucoup lors d'une nouvelle cruauté du Capitaine. Il craque, jouant le jeu de Bligh qui voit enfin la possibilité de l'envoyer à la potence. La mutinerie devient inévitable et Fletcher et une partie de l'équipage rallié à sa cause doivent se cacher. Bligh, tenace, fait l'impossible dans son canot et parcours des milliers de miles pour rallier l'Angleterre. Il gagne la partie, mais c'est une victoire à la Pyrrhus car il perdra vraisemblablement de futurs commandements. Pour Fletcher la fuite se soldera par une mort idiote.
Marlon BRANDO est superbe et s'est investit totalement pour livrer un film intéressant et polémique. Cette implication donne une saveur au film qui n'aurait pu être qu'une publicité pour Tahiti. Si la réalisation est académique, le film propose cependant des images grandioses de Tahiti et bien sûr du "Bounty". Si des tensions ont existé entre BRANDO et HOWARD elles servent le film et ajoutent au duel psychologique entre les deux personnages.
Les frasques de BRANDO attirent la foudre des critiques qui éreintent le film le comparant sans cesse à la version de 1935. Les résultats au box office sont pourtant corrects, les spectateurs semblant plus enclins à aimer le film que la critique. Dans le monde le film rapporte 10 millions de dollars en rentals. En France le film sort dans deux salles à Paris mais doit supporter une concurrence très importante et le film ne profite pas réellement des fêtes de fin d'année. Le film récolte sur la durée un honorable score de 1.7 millions de spectateurs France et plus de 400 000 sur Paris banlieue. Hélas les recettes mondiales ne couvrent pas le coût du film assez hallucinant à l'époque. Il garde donc une réputation de flop, malgré des recettes honorables.
La sanction sera impitoyable pour BRANDO jugé responsable de cet échec financier. Les portes des grosses productions vont se fermer, et il va passer d technicolor flamboyant au film moyen budget en noir et blanc. Un chemin de croix pour BRANDO et une traversée du désert qui va durer 10 ans.
Aujourd'hui le film est à redécouvrir à sa juste valeur: un beau film d'aventures maritime et un grand Marlon BRANDO
RANG ENTREES SALLES Entrées FRANCE 1 767 612 Entrées Paris 241 774 Entrées Paris banlieue 401 283 Détail Paris 1 ère semaine 7 28 104 2 2 ème semaine 9 32 050 3 ème semaine 10 21 470 4 ème semaine 10 15 095 Nombre de semaines Paris 9 Moyenne salles Paris 1ère sem 14 052 Budget 19 M$ Cote du succès * * .
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