-
Par Renaud SOYER le 15 Février 2008 à 11:07
LE DÉSORDRE ET LA NUIT
22 MAI 1958
Réalisation
Gilles GRANGIER
Scénario
Gilles GRANGIER
Michel AUDIARD
Jacques ROBERT
Photographie
Louis PAGE
Musique
Jean YATOVE
Production
Lucien VIARD
OREX FILMS
Distribution
LES FILMS CORONA
Durée
90 minutes
Tournage
20/01/58-15/03/58
Inspecteur VALOIS
Jean GABIN
Lucky FRIEDEL
Nadja TILLER
Thérèse MARKEN
Danielle DARRIEUX
Albert SIMONI
Roher HANIN
Inspecteur CHAVILLE
Paul FRANKEUR
Patron de "L'Oeuf", une boîte de nuit, Albert Simoni fournit en drogue certains de ses clients, comme le jovial Blasco ou Lucky Fridel qui, malgré l'opposition de son père, un riche industriel bavarois, s'est installée à Paris dans le vain espoir de faire carrière dans la chanson. Un soir, Simoni, accompagné de Lucky, se rend à un rendez-vous clandestin afin de prendre livraison de drogue. A peine arrivé, il est abattu de plusieurs coups de revolver, tandis que Lucky réussit à s'enfuir. Le commissaire Janin met sur l'affaire deux inspecteurs qui se détestent cordialement : Chaville et Vallois. Ce dernier se laisse séduire par Lucky et découvre qu'elle est à la fois morphinomane et profondément masochiste. Au cours d'une soirée chez Valentine Horse, la danseuse de "L'‘il", Blasco se bagarre avec Peter, un autre invité. Vallois et Lucky l'emmènent soigner ses blessures dans une pharmacie voisine dont la propriétaire, Thérèse Marken, semble fort bien connaître la jeune Allemande. Vallois, de plus en plus amoureux de Lucky, lui propose de s'installer dans son petit pavillon de banlieue, mais il se rend compte qu'elle continue de se droguer et il la laisse tomber. Plus tard, apprenant que Janin veut la mettre sous les verrous, il vole à son secours. Mais ils sont victimes d'un accident de voiture. Vallois se retrouve à l'hôpital et Lucky disparaît dans la nature. Grâce à son fidèle adjoint Michou, Vallois sort de l'hôpital et se rend à Boulogne, au domicile de Thérèse Marken, où il découvre Lucky, droguée et séquestrée. La pharmacienne avoue qu'elle était la maîtresse de Simoni et qu'elle l'a tué parce qu'il l'obligeait à le fournir en morphine, menaçant de révéler leur liaison à son mari. Après l'arrestation de Thérèse, Vallois place Lucky en cure de désintoxication. La jeune fille, confiante, sait qu'à sa sortie, elle a sa place dans le petit pavillon de banlieue.
******************************************
Voici un film un peu oublié dans la filmographie de Jean GABIN. Situé durant la période où l'acteur tourne à plein régime, il sort entre "Les misérables" et "en cas de malheur" deux triomphes du box office. C'est également un film qui n'est pas produit par son producteur habituel de l'époque. Et pourtant c'est bien l'équipe habituelle, la "bande à Gabin" qui met en forme le film. Soit Gilles GRANGIER bien sûr, mais aussi Michel AUDIARD et Louis PAGE entre autres. Le film est un polar bon ton qui semble avoir été tourné uniquement en studio ce qui se voit à l'écran. Le souci du film, si souci il y a, c'est que l'intrigue est loin d'être passionnante et que le film manque de rythme. Jean GABIN n'est pas présent dans le premier quart d'heure du film, ce qui est assez rare pour un film où il est la tête d'affiche. Cette première partie se passe dans un club à la mode et nous faisons connaissance de Lucky, une vamp jouée par la très belle Nadja TILLER. Je le précise à chaque fois, mais cette femme fut réellement superbe avec son accent à la Romy SCHNEIDER. C'est bien elle qui tient l'affiche et c'est son premier film français dans son assez courte carrière. Elle tient à se faire remarquer, et ça marche. Elle retrouvera GABIN 8 ans plus tard ans "Du rififi à Paname". L'intrigue est simple : GABIN va devoir trouver le meurtrier d' Albert SIMONI le patron du night club. C'est Roger HANIN qui une fois de plus joue le rôle de l'antipathique de Simoni, un rôle court, ce qui n'est pas pour notre déplaisir.
François CHAUMETTE n'est pas tellement plus sympathique. C'est une période où il joue souvent le même type de rôles. On le verra un peu plus tard dans "Le Gorille vous salue bien" avec Lino VENTURA. VALOIS aura fort à faire avec son supérieur hiérarchique et son collègue joué par l'inévitable Paul FRANKEUR qui fait partie de sa "famille".
VALOIS sait que Lucky est témoin du meurtre et va la cuisiner au cas où. Une idylle nait entre eux, c'est très inhabituel de voir GABIN amoureux d'une prostituée, qui plus est complètement junkie. Nadja TILLER n'hésite pas à se mettre assez minable dans ses crises de manque. VALOIS va-t-il la quitter ? Non, car il découvre que l'état de Lucky est maintenu par le véritable cerveau de l'intrigue. A la surprise générale la coupable n'est autre que la sympathique pharmacienne jouée par Danielle DARRIEUX toujours impeccable et inimitable malgré un rôle assez court.
Pas énormément d'action ni de suspense dans un film assez lent qui se termine avec Valois qui emporte Lucky avec lui. Après tout ce n'est de sa faute si elle se droguait. Quelques curiosités émaillent le film : Nadja TILLER chante un morceau avec une voix rappelant Marlène DIETRICH et Jean GABIN émaille ses dialogues de "négresses" en parlant des femmes de couleur. Détail tout à fait normal en 1958...
Sur ce coup, Gilles GRANGIER n'apporte pas au film la touche supplémentaire que des réalisateurs comme BECKER ou DECOIN ont apportés aux fils qu'ils ont fait avec GABIN... Bref un GABIN mineur certes, mais plaisant en particulier grâce à ses deux principales actrices.
Le film est un succès avec 2 millions de spectateurs, mais sans l'ampleur des GABIN précédents.
LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 05/04/2014| Genre : polar crépusculaire.
Simoni, propriétaire d'un cabaret, est assassiné au bois de Boulogne, où il devait recevoir une livraison de drogue. Vallois, un vieux flic fatigué, interroge Lucky, l'ex-maîtresse de Simoni. Ils deviennent amants...
Longtemps méprisé, Gilles Grangier mérite de retrouver sa place dans le cinéma français : celle d'un artisan qui a enchaîné les films avec plus ou moins de bonheur, mais qui a réussi, avec quelques fidèles (Audiard aux dialogues, Gabin au premier plan...), à ciseler des joyaux de l'après-guerre. Gas-oil et Le Sang à la tête y figurent en bonne place.
Ce film est le chef-d'oeuvre du cinéaste. Polar en noir et gris teinté de désespoir, Le Désordre et la Nuit est une peinture sans esbroufe du milieu de la pègre. Le caïd se fait dessouder, la jolie môme perd ses moyens dès qu'elle est en manque, et le flic aspire à une retraite dans son jardin.
Ce monde-là court à sa fin, et le personnage interprété (superbement) par Jean Gabin dépense ses dernières forces à sauver non pas les apparences ni la morale, mais la vie d'une jeune droguée dont l'amour pour lui n'est sans doute pas éternel. « A chacun ses pauvres », lui fait dire Audiard, qui nous offre une belle définition du crime passionnel : « 95 % des jurés trouvent que ça part d'un bon sentiment. » Gilles Grangier prend le parti de la simplicité, observant les visages au plus près pour y saisir la part d'ombre. Et de lumière. — Isabelle Danel
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
2 171 400
ENTREES PARIS
460 837
ENTREES PARIS EXCLUSIVITE
144 225
1ère semaine
1
66 344
3
2ème semaine
3
49 740
3ème semaine
4
28 091
Nombre de semaines Paris
3
Moyenne salles Paris 1ère sem
22 114
Cote du succès
* *
EXTRAIT
.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique