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    PIERROT LE FOU

     

    5 NOVEMBRE 1965

     

     

    PIERROT LE FOU - BOX OFFICE JEAN-PAUL BELMONDO 1965

     

     

    • Réalisation : Jean-Luc Godard
    • Scénario : Jean-Luc Godard, d'après Obsession de Lionel White
    • Producteur : Georges de Beauregard
    • Production : Dino De Laurentiis Cinematografica
    • Budget : ~ 300 000 $ US
    • Musique : Antoine Duhamel et Cyrus Bassiak (alias Serge Rezvani)
    • Photographie : Raoul Coutard
    • Durée : 115 minutes
    • Tournage: 30/05/65-31/07/65
    • Jean-Paul Belmondo : Ferdinand Griffon, dit « Pierrot »
    • Anna Karina : Marianne Renoir
    • Graziella Galvani : Maria, la femme de Ferdinand
    • Dirk Sanders : Fred
    • Jimmy Karoubi : le nain chef des gangsters
    • Roger Dutoit et Hans Meyer : les gangsters
    • Samuel Fuller : lui-même

    Ferdinand, qui vient de perdre son travail, renoue avec une jeune étudiante, Marianne, qu'il a jadis aimée. Ils décident de partir ensemble mais celle-ci lui déclare qu'il faut d'abord se débarrasser d'un cadavre qui se trouve dans la pièce voisine. Marianne lui confie que son frère Fred l'a placée dans une bande rivale de la sienne pour l'espionner. Mais Ferdinand (que son amie appelle Pierrot le Fou) démêle difficilement le vrai du faux dans les propos de la jeune femme. Le couple est poursuivi par la police. Ils vivent quelques jours comme des naufragés sur une île déserte. Un nain, membre de la bande, emmène Marianne. Ferdinand le découvre assassiné et se fait matraquer par deux complices. Ferdinand retrouve enfin Marianne. Elle le présente à Fred qui lui propose de participer à un hold-up. Le coup réussit mais Ferdinand comprend qu'on l'a joué lorsqu'il voit Marianne embrasser l'homme qu'elle prétendait être son frère. Il abat son rival puis la jeune femme et téléphone ensuite à la police. Puis, le visage peint en bleu, il se barde d'explosifs auxquels il met le feu.

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    Aborder Pierrot Le Fou c'est s'attaquer à une œuvre devenue culte avec le temps. Elle célèbre les retrouvailles entre Jean-Paul BELMONDO et Jean-Luc GODARD, le célèbre duo du non moins célèbre "A bout de souffle". Le film est toujours produit par Georges De BEAUREGARD. Sitôt le tournage des "Tribulations d'un chinois en Chine" terminé, BELMONDO rejoint le tournage de "Pierrot le Fou". C'est une aubaine pour GODARD car depuis le magnifique "Mépris" avec Brigitte BARDOT ses réalisations suivantes n'ont pas connu de grand succès et il a bien besoin de la présence d'une star à l'affiche. BELMONDO rejoindra Anna KARINA femme de GODARD et actrice fétiche.

    Malgré le titre, le film ne conte pas la vie du gangster Pierrot Le Fou. S'il y a bien un fond d'histoire de gangsters, l'histoire est plutôt romantique.

    Si nous comparons "Le Mépris" film plutôt classique avec "Pierrot Le Fou", force est de constater que GODARD expérimente de plus en plus et cherche à sortir des sentiers battus. BELMONDO n'est pas surpris de ne pas avoir eu de script en sa possession. Il connait le réalisateur et sait que tout est clair dans son esprit, et que si les acteurs font encore une part belle à l'improvisation, celle-ci est contrôlée par GODARD.

    Il n'empêche, le film peut perdre rapidement les fans habituels de l'acteur. L'intrigue est décousue et le film est truffé de références qui peuvent parfois décontenancer les spectateurs. BELMONDO se ballade avec un exemplaire des "Pieds Nickelés" sous le bras, se bariole le visage à la peinture bleue avant de se faire sauter avec une ceinture de dynamite très bande dessinée... Des références à la musique classique sont présentes, ainsi que des références à la littérature avec Rimbaud et surtout "Voyage au bout de la nuit", le héros s'appelant Ferdinand. Et bien sûr des références au cinéma dont "Pépé le Moko". GODARD utilise de plus des filtres rouges ou bleus pour filmer certaines scènes. Il bénéficie cependant de la magnifique photographie de Raoul COUTARD.

    BELMONDO s'amuse à innover, improviser. Il ne semble pas plus que cela perturbé par la direction utilisée par GODARD. Bine sûr Anna KARINA est toujours aussi jolie et sait se plier aux exigences de son mari de réalisateur. Au final, nous avons deux acteurs au service du réalisateur, mais peut être pas au service de l'ensemble des spectateurs. On prend ou on laisse.

    Présenté au festival de Venise fin août 1965, le film ne laisse pas indifférent suscitant l'indignation, mais aussi des critiques passionnées qui saluent le meilleur GODARD, signalant la grande poésie dégagée par le film et saluant l'audace de GODARD.

    Le film va sortir avant "Les tribulations d'un Chinois en Chine" dans un petit circuit de salles parisiennes hors des grands Boulevards. L'accueil est bon bien que les résultats soient relativement modestes. Mais le film suscite un intérêt très parisien et poursuit une joli carrière les semaines suivantes, sans bien sûr connaitre un succès à "La Belmondo". En France, le résultat est également modeste, même si surement, des spectateurs ont cru voir un nouveau polar avec BELMONDO. Mais le film va devenir culte et susciter bien des articles où il sera décortiqué, analysé, scruté. Pour certains il demeure le meilleur GODARD et un des meilleurs BELMONDO. Pour d'autres c'est une œuvre déconcertante à éviter. Au fur et à mesure de ses rééditions parisiennes, le film atteint au final un score très honnête de 600 000 spectateurs parisiens et 1.3 millions de spectateurs en France. C'est donc un des meilleurs scores pour un GODARD, mais on sait que l'auteur ne s'intéressait pas au Box Office, mais à l'impact de son œuvre, et de ce coté là, c'est très réussi. Pour ma part, je considère que le "Mépris" est le chef d'œuvre de GODARD, mais j'ai un peu plus de mal avec "Pierrot le Fou" je l'admet.

    Mine de rien les  deux derniers films de BELMONDO n'ont pas été de grands succès, mais il peut espérer un bel accueil de son film suivant "Les tribulations d'un Chinois en film" réalisé par l'équipe de "L'Homme de Rio" qui a été produit pour casser la baraque pour les films de fin d'année. Car si l'acteur peut se permettre un ou deux résultats décevants au Box Office, il convient d'offrir régulièrement un succès.

    Jean Luc GODARD va poursuivre dans sa voie d'improvisation mais les succès au box office deviendront de plus en plus modestes, surtout lorsque son égérie Anna KARINA ne tournera plus avec lui.            

     

    Critiques du film ( Merci à didier NOISY )

     

     

    « Vous me dites : parlons de ‘’Pierrot le fou’’. Je vous dis : quoi en dire ? Vous répondez : c’est exact, parlons donc d’autre chose puisque que l’on y reviendra forcément… La critique ne serait-ce pas, tout simplement, de rendre compte de l’organisation d’un film, bref, d’une pensée, de réussir à dégager cette pensée comme objet, de regarder si oui ou non cet objet est vivant et d’éliminer les morts ». (Jean-Luc Godard in ‘’Les cahiers du cinéma’’).

    « On ne saurait porter un film de ce genre qu’un jugement intuitif. On aime ou on n’aime pas. D’instinct, d’emblée. Si on se raidit, si on se butte, si on refuse à l’auteur un minimum de sympathie, si l’on ne se sent pas de connivence, tout est perdu et l’on ne sera même pas reconnaissant à Godard de ses efforts pour rendre ou enrichir notre pauvre langage cinématographique ».  (Jean de Baroncelli ‘’Le Monde’’).

    « Qu’est-ce que l’art ? Je suis aux prises avec ses passions depuis ‘’Pierrot le fou’’ où le sphinx Belmondo pose à un producteur Américain la question : « Qu’est-ce que le cinéma ? ». L’art aujourd’hui, c’est Godard. Pendant que j’assistais à la projection du film, j’avais oublié ce qu’il faut, paraît-il, dire de Godard. Qu’il a des tics, qu’il cite celui-ci ou celui-là, qu’il nous fait la leçon, qu’il se croit ceci ou cela. Enfin, qu’il est insupportable, bavard et moralisateur. Pendant la projection de ce film, donc, je ne voyais qu’une chose, et une seule, c’est que c’était beau, d’une beauté surhumaine, physique, dans l’âme et dans l’imagination. Il faudrait dire de ce défilé d’images que le film est, qu’elles sont simplement sublimes. C’est un mot que l’on n’emploi que pour les actrices, et encore dans le langage des coulisses. La couleur va nous montrer une sorte de voix qui ne peut retentir que dans le muet des couleurs. Personne ne peut mieux que Godard prendre l’ordre du désordre ».  (Aragon ‘’Les lettres françaises’’, novembre 1965).

    « Film laborieux qui tombe constamment à plat en versant parfois dans l’odieux (évocation, en pantomime amusée, de la guerre du Vietnam). Il ne reste que ce mélange de masochisme et de mépris qui révèle les faiblesses d’un cinéaste dont l’invention tourne à vide ».  (Michel Ciment, ‘’Image et son’’, novembre 1965).

     « … Et puis, il y a Belmondo. ‘’Pierrot le fou’’, c’est lui. Ce qui tout à l’heure sans queue ni tête devient plausible à travers lui. Nous avons l’impression de suivre un ami bohème et farfelu qui réalise sur-le-champs tout ce qui lui passe par la tête : voler une voiture superbe, avant de la jeter à la mer en disant ‘’chiche’’ ».  (François Dhellemme, ‘’La voix du Nord’’).

    « ‘’Pierrot le fou’’ n’est pas le chef-d’œuvre de Godard, dont on préfèrera, selon l’heure et l’humeur, ‘’Alphaville’’, ‘’Bande à part’’ ou ‘’Une femme est une femme’’ ; mais un film-somme, un lexique à recommander à ceux, s’il en reste, qui voudrait prendre en marche l’univers de Godard et se familiariser deux heures avec lui, grâce à cette sélection du ‘’Godard’s Digest’’ ».  (Gilles Jacob, ‘’Cinéma 65’’, décembre 1965).

    « ‘’Pierrot le fou’’ est une des œuvres les plus lyriques et les plus passionnantes de Godard. C’est un monologue lucide et douloureux dans lequel le cinéaste met en évidence le fossé qui sépare la réalité de la fiction : un puzzle de scènes qui fait écho à la dissociation de Ferdinand-Pierrot. Poème visuel sur l’amour fou et la soif absolue, le film de Godard ne sombre pourtant jamais dans le mélodrame. L’élan qui pourrait porter le spectateur vers ce couple romantique à force d’être maudit, est sans cesse brisé par le décollage que le metteur en scène a imposé entre les images et les dialogues par tout un jeu de citations littéraires et esthétiques où l’on retrouve, pèle-mèle, Renoir, Picasso, les Pieds-Nickelés de Forton, Conrad, Stevenson, Lorca, Céline et Rimbaud ».  (‘’Le cinéma’’, éditions Atlas).

    « Qu’est-ce que le cinéma aux yeux de Godard ? Certainement pas une intrigue bien charpentée. Le support policier n’est ici qu’un prétexte. Assez confus et bien vite délaissé. ‘’Pierrot le fou est bien un film d’émotions et de sentiments. « Nous sommes faits de rêves et les rêves sont faits de nous ». Dès lors, c’est un cinéma qui ignore la logique et qui procède par intuitions au hasard d’une pensée créatrice. Le film utilise des ruptures de rythme, les faux  raccords, les citations, les collages, et donne ainsi une impression de totale liberté. Nullement provocateur, c’est le film sincère d’un cinéaste au sommet de son art, admirablement servi par la caméra de Raoul Coutard, par le choix des couleurs (bleu/liberté, blanc/pureté, rouge/violence), par l’originalité d’un montage heurté, par la parfaite adéquation de la bande-son aux images. Poème cinématographique, ‘’Pierrot le fou’’ est aussi un cri de révolte contre la ‘’civilisation du cul’’ (sa pub, ses néons), un cri pour la liberté enfin retrouvée face à l’éternité.  (Claude Boouniq-Mercier, ‘’Le dictionnaire du cinéma’’, éditions Bouquins).

     

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    1 310 579

     

    ENTREES PARIS

     

    598 550

     

     

     

     

     

    EXCLUSIVITES

     

     

     

    1ère semaine

    9

    17 342

    3

    2ème semaine

    9

    24 933

     

    3ème semaine

    7

    21 383

     

    4ème semaine

    7

    18 605

     

    5ème semaine

    8

    16 500

     

    6ème semaine

    10

    14 178

     

    7ème semaine

    12

    12 345

     

     

     

     

     

    Nombre de semaines Paris

     

    21

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    5 781

     

    Cote du succès

     

    * *

     

     

     

     

     

    PIERROT LE FOU - JEAN PAUL BELMONDO

     

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    PIERROT LE FOU - ANNA KARINA

     

    PIERROT LE FOU - JEAN PAUL BELMONDO ET ANNA KARINA

     

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    JEAN PAUL BELMONDO - PIERROT LE FOU

     

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    PIERROT LE FOU - JEAN PAUL BELMONDO

     

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