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Par Renaud SOYER le 20 Juillet 2012 à 01:49
FLIC STORY
1er OCTOBRE 1975
Réalisation Jacques DERAY Scénario Alphonse BOUDARD
Jacques DERAYPhotographie Jean Jacques TARBES Musique Claude BOLLING Production Alain DELON Distribution FOX
LIRA FILMSDurée 110 minutes Tournage Roger BORNICHE Alain DELON Emile BUISSON Jean Louis TRINTIGNANT Catherine Claudine AUGER Le Rital Renato SALVATORI Paulo Paul CRAUCHET JP BUISSON André POUSSE Patron de l'hôtel Maurice BIRAUD L'après-guerre. En ce jour de 1947, l'inspecteur Borniche de la Sécurité Nationale est chargé par son supérieur, le commissaire Vieuxchêne, de retrouver Emile Buisson, à l'impressionnant palmarès criminel, qui vient de s'évader de l'asile psychiatrique de Villejuif. Lequel Buisson ne reste pas longtemps inactif: le meurtre de Fredo l'Accordéoniste qui l'avait "donné" autrefois, un hold-up dans un restaurant huppé qui se termine par une poursuite meurtrière dans Paris remettent le bandit au premier plan de l'actualité. Par un "indic" vite assassiné, Borniche repère Buisson, mais celui-ci échappe au piège tendu. Ses complices (son frère, Jean-Baptiste, sa petite amie, Suzanne) se taisent obstinément. Une seconde souricière échoue. Excédé, Vieuxchêne retire l'affaire à Borniche. Mais l'assassinat d'un certain Mario le Rital, soupçonné par Buisson de mouchardage, oblige le policier à poursuivre de nouveau l'ennemi public N° 1 qui continue ses exploits. En lui promettant des médicaments susceptibles de guérir sa femme, Borniche s'assure le concours de Paulo le Bombé. Par son entremise, Borniche fait installer Buisson dans une petite auberge des environs de Paris. Faisant fi des autorisations officielles, il s'y rend avec deux de ses hommes et avec son amie, Catherine. Au terme d'une mise en scène à laquelle le bandit se laisse prendre, Borniche arrête Buisson... Au cours des longs mois d'interrogatoire, une sorte d'estime mutuelle naîtra entre les deux hommes jusqu'à l'exécution d'Emile Buisson, des années plus tard, le 23 février 1956.
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Après un "Zorro" de triste mémoire, il ne faudra pas longtemps pour revoir Alain DELON qui ne cesse de tourner. Un an après "Borsalino and Co" revoici le duo DELON/DERAY qui se reforme pour adapter d'un célèbre roman de Roger Borniche, le flic français numéro un de l'après guerre, "Flic story". Un tel rythme peut être inquiétant, surtout que la suite de Borsalino a montré un Jacques DERAY un peu poussif devant l'omniprésence de sa star.
Mais contre toute attente, nous avons affaire à un sacré morceau de cinéma. Les deux retrouvent toute leur inspiration. Il faut dire que le sujet se prête à faire un bon film. Emile Buisson fut l'ennemi public n°1 en France. C''était un furieux client avec un CV a faire pâlir le moindre dealer de La Courneuve. Il fut également un complice de l'occupant en France, il a travaillé dans la Gestapo française en plus de ses activités criminelles. Un homme sans scrupules qui tuait plus vite que son ombre.
Alain DELON campe donc Roger Borniche, le jeune flic qui va traquer Buisson. Assez taiseux, il montre une personnalité bien accrochée, et un certain détachement envers le milieu de la police. En fait ses méthodes sont assez "modernes" pour la police de l'époque. C'est un pragmatique qui utilise la psychologie plutôt que les coups de bottin sur le crâne. Pour lui, un policier ne peut se mettre au niveau d'une crapule pour mener une enquête. Il emploie d'autres méthodes que la violence: les indics, les interrogatoires, la négociation. Il peut compter sur sa femme, interprétée par l' ex James Bond girl Claudine AUGER toujours magnifique, pour le soutenir et même l'aider à capturer buisson dans une scène finale mémorable. Ses méthodes déconcertent la hiérarchie et elles agacent même ses collègues, mais qu'importe, il est efficace. Il bouscule les conventions en proposant à sa hiérarchie de prendre du temps pour capturer Buisson alors même que sa planque est parfaitement connue. Mieux, la police devra tout faire pour aider son indic à transmettre une arme à Buisson. La police d'avant c'était foncer et arroser le truand à coup de sulfateuse. Avec Borniche c'est jouer de tactique, isoler la cible, maîtriser l'environnement avant de capturer le truand sans effusion de sang. De plus, Borniche est maître de ses nerfs, pas question de céder aux provocations du frère de Buisson joué par le toujours pittoresque André POUSSE. Cette maîtrise attire le respect du milieu et aide à l'obtention de précieux renseignements.
Alain DELON s'applique beaucoup dans les détails pour camper l'inspecteur Borniche. Cigarette en permanence à la main, il joue beaucoup sur les expressions et sur sa voix pour rendre sa personnalité complexe. Il observe beaucoup avant d'agir, c'est un homme qui réfléchit. Une grande performance de DELON faussement minimaliste dans son jeu.
Et pourtant ce n'est pas lui la vedette. Le grand rôle c'est celui d'Emile Buisson. A priori le choix de Jean-Louis TRINTIGNANT peut surprendre. Séduisant, plutôt gentil, on ne l'imagine pas en tueur impitoyable. Et pourtant. On s'extasie souvent devant le jeu d'un Robert DE NIRO ou d'un Joe PESCI lorsqu'ils interprètent les truands, mais un coup d'œil à la prestation de TRINTIGNANT leur imposerait le respect. Avec un jeu minimaliste, TRINTIGNANT livre une prestation d'anthologie tout simplement. Emile BUISSON fait peur, car il est totalement déterminé et sans doute un peu barge. Emile Buisson tue de sang froid et parfois avec plaisir. Le jeu de TRINTIGNANT est parfaitement paranoïaque, ses yeux bougent, observent, scrutent...il inspire LA PEUR à ses sbires. Lorsqu'il s'assoit à la table où dîne le Rital, il lui suffit de sourire et de faire un sous entendu, pour que Le Rital perde tous ses moyens.... De même, lorsque Paulo lui apporte un flingue et qu'Emile le met en joue, on ressent bien la folie d'Emile... Séduisant, inquiétant, la prestation éblouissante de TRINTIGNANT aurait mérité un César haut la main, au moins du meilleur second rôle. Mais les César 1976 ont récompensé "Le vieux fusil". Belle époque où les plus grands acteurs portaient haut les couleurs françaises: NOIRET, TRINTIGNANT, ROCHEFORT, MAREILLE, DELON, BELMONDO, c'était du massif. J'espère en tout cas que cet article fera redécouvrir la prestation haut de gamme de l'acteur.
Le reste du casting est de haute volée : l'inévitable Renato SALVATORI le grand ami de DELON, l'inquiétant Denis MANUEL dans le rôle du flic aux méthodes abruptes, Henri GUYBET en inspecteur, Maurice BIRAUD en gérant d'hôtel louche, un petit rôle en souvenir de "Mélodie en sous-sol", Paul CRAUCHET déjà vu avec la star dans "La piscine" et toujours remarquable, mais aussi Marco PERRIN, Mario DAVID, Jacques MARIN, Catherine LACHENS, Christine BOISSON, etc... du lourd...
La reconstitution de Paris d'après guerre est bien réalisée, Jacques DERAY est très en forme et motivé, cela se sent. Les scènes inhérentes au genre sont bien présentes: holdup up, filatures, règlements de compte, poursuites entre gendarmes et voleurs, le tout pour livrer un des meilleurs polars des années 70.
Le film se termine sur l'interrogatoire de BUISSON par BORNICHE, ils se verront pendant un an dans son bureau, ce qui laisse tout loisir aux deux pour se connaître. Menottes au poignet, BUISSON redevient un petit homme calme, poli. A la longue, un certain respect va se nouer entre eux. Une belle scène.
Une grande réussite qui séduit le public. A Paris le film démarre sur les chapeaux de roues, et prend la suite du "Vieux fusil" en haut du box office. DELON retrouve les cimes du box office avec 650 000 entrées à Paris, cela faisait un petit moment qu'il n'était pas monté aussi haut. En France, le film frôle avec la barre des 2 millions d'entrées et marche bien en Europe. DELON producteur prend des risques, et ça paye.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 970 875
ENTREES PARIS
547 243
ENTREES PARIS BANLIEUE
649 719
1ère semaine
1
147 893
27
2ème semaine
1
101 868
3ème semaine
3
70 698
4ème semaine
4
50 453
5ème semaine
5
53 377
6ème semaine
6
49 231
Nombre de semaines Paris
18
Moyenne salles Paris 1ère sem
5 478
Box office annuel Espagne
525 535
Box office annuel Italien
35
Cote du succès
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